Cette année encore, Le Blog documentaire est partenaire du festival « Cinéma du Réel », qui se déroule du 19 au 29 mars à Paris. La collaboration est un peu plus discrète que l’an passé, mais nous accompagnons toujours avec plaisir ce havre de découvertes artistiques de premier plan. Le programme, on vous l’avait présenté, est riche. Avec notamment une prometteuse compétition internationale « Premiers Films », et une intéressante journée professionnelle ParisDoc. Tour d’horizon avec l’édito de Maria Bonsanti ;  et interview de la directrice artistique de la manifestation par Mina Rad.

banner_cinereelCes dernières années, le spectre des festivals de cinéma est devenu de plus en plus riche, tout comme le nombre de films que chaque festival reçoit, d’une édition à l’autre, pour ses sélections. C’est par une subtile recherche d’équilibre entre l’affirmation d’une identité forte, précise et la capacité d’être flexible, ouvert aux changements qui adviennent, que cette richesse peut incarner, pour chaque événement cinématographique, une plus-value et devenir une force, plutôt que de représenter pour tous le risque d’une dangereuse dispersion d’énergie, dans un milieu où des efforts importants sont déjà demandés à chacun.

Sur ce fil délicat, ténu, nous posons chaque année un pied après l’autre, traçant le chemin qui nous amène à la construction de la programmation. Ce qui nous inspire est tout d’abord la recherche d’une résonance entre sections compétitives et sections parallèles, tout aussi importantes et significatives que les premières – comme le confirme à chaque édition la forte présence de public à ces séances.

Au-delà de son attachement évident au cinéma documentaire de création, Cinéma du réel trouve à notre avis son identité actuelle dans sa volonté de faire le pont entre expériences passées, du présent et à venir. Dans ses sections non compétitives, les œuvres se présentent comme des bases artistiques sur lesquelles les films de la compétition ont pu se fonder, et mettent en évidence des moments de l’histoire du cinéma, des tentatives plus ou moins connues, qui continuent d’inspirer les réalisations aujourd’hui. Dans les rétrospectives, des œuvres de production récente sont également proposées, en un dialogue – pas nécessairement chronologique – avec ce qui les a précédées, dans le but de mettre en valeur des postérités et des récurrences, plutôt que des fractures esthétiques.

Austerlitz de Stan Neumann, notre magnifique et inclassable film d’ouverture, donne le ton de la 37e édition du festival Cinéma du réel, où des films polymorphes, toujours différents, parfois « impurs », refusent d’être harnachés dans les filets de la classification, décrits en un seul mot, qualifiés d’un seul adjectif. Des films où le réel est réécrit, imaginé et raconté à travers le prisme d’autres formes d’expression.

Le patrimoine est absorbé et retravaillé pour donner vie à quelque chose de nouveau, de singulier. La singularité est d’ailleurs le dénominateur commun des films présentés au programme cette année. Une singularité jamais éphémère, découlant toujours d’une nécessité, émanant de réalités sociales, politiques, culturelles. Et ancrée à un grand amour du cinéma.

Maria Bonsanti,
directrice artistique

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COMPÉTITION INTERNATIONALE

ÁFRICA 815 de Pilar Monsell (Espagne, 66’, 2014) / Première française
DAL RITORNO (DEPUIS LE RETOUR) de Giovanni Cioni (France, Italie, 92’, 2015) / Première mondiale
ET LE BAL CONTINUE de Gueorgui Balabanov (France, 90’, 2015) / Première mondiale
LES FORÊTS SOMBRES de Stéphane Breton (France, 52’, 2014) / Première mondiale
FUTABA KARA TOKU HANARETE DAINIBU (NUCLEAR NATION II) de Atsushi Funahashi (Japon, 114’, 2014) / Première française
IN THE UNDERGROUND de Zhantao Song (Chine, 90’, 2014) / Première mondiale
KILLING TIME – ENTRE DEUX FRONTS de Lydie Wisshaupt-Claudel (France, Belgique, 88’, 2015) / Première mondiale
NOCHE HERIDA (NUIT BLESSÉE) de Nicolás Rincón Gille (Belgique, Colombie, 86’, 2015) / Première mondiale
L’ŒUVRE DES JOURS de Bruno Baillargeon (Canada, 105’, 2014) / Première internationale
RABO DE PEIXE (FISH TAIL) de Joaquim Pinto, Nuno Leonel (Portugal, 103’, 2015) / Première française
UNE JEUNESSE ALLEMANDE de Jean-Gabriel Périot (France, Suisse, Allemagne, 93’, 2015) / Première internationale

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COMPÉTITION FRANÇAISE

C’EST QUOI CE TRAVAIL? de Sébastien Jousse, Luc Joulé (France, 110’, 2014) / Première mondiale
C’EST MA VIE QUI ME REGARDE de Damien Fritsch (France, 102’, 2015) / Première mondiale
LA CHAMBRE BLEUE de Paul Costes (France, 48’, 2015) / Première mondiale
ENCRÉ de Rachid Djaïdani (France, 73’, 2014) / Première mondiale
ET NOUS JETTERONS LA MER DERRIÈRE VOUS de Anouck Mangeat, Noémi Aubry, Jeanne Gomas, Clément Juillard (France, 72’, 2014) / Première mondiale
FOVEA CENTRALIS de Philippe Rouy (France, 50’, 2014) / Première française
GAM GAM de Natacha Samuel, Florent Klockenbring (France, 135’, 2015) / Première mondiale
NOCTURNES de Matthieu Bareyre (France, 48’, 2015) / Première mondiale
SEMPRE LE STESSE COSE de Chloé Inguenaud, Gaspar Zurita (France, 79’, 2015) / Première mondiale
SOUVENIRS DE LA GÉHENNE de Thomas Jenkoe (France, 56’, 2015) / Première mondiale

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COMPÉTITION INTERNATIONALE PREMIERS FILMS

THE COCKPIT de Sho Miyake (Japon, 64’, 2014) / Première mondiale
GYEONG-GYE (FLUID BOUNDARIES) de Jeong-hyun Mun, Daniel Rudi Haryanto, Vladimir Todorovic (Corée du Sud, Indonésie, Singapour, 87’, 2014) Première internationale
HIER SPRACH DER PREIS (THE PRICE WAS KEY) de Sabrina Jäger (Allemagne, 72’, 2014) / Première internationale
MARGINA de Ljupcho Temelkovski (Macédoine, Allemagne, 82’, 2015) / Première mondiale
STRANNYE CHASTICY (STRANGE PARTICLES) de Denis Klebleev (Russie, 51’, 2014) / Première internationale
UN ASUNTO DE TIERRAS (A MATTER OF LAND) de Patricia Ayala Ruiz (Colombie, Chili, 78’, 2014) / Première mondiale
UNE PARTIE DE NOUS S’EST ENDORMIE de Marie Moreau (France, 46’, 2015) / Première mondiale
VOGLIO DORMIRE CON TE de Mattia Colombo (Italie, France, 75’, 2015) / Première mondiale
WINTER BUOY de Frida Kempff (Suède, Danemark, France, 86’, 2014) / Première internationale

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COMPÉTITION INTERNATIONALE COURTS-MÉTRAGES

L’AMIE D’AMÉLIE de Clémence Diard (France, 40’, 2015) / Première mondiale
ARGUMENTY (ARGUMENTS) de Andran Abramjan (République Tchèque, 21’, 2014) / Première internationale
A FESTA E OS CÃES (THE PARTY AND THE BARKING) de Leonardo Mouramateus (Brésil, 25’, 2015) / Première mondiale
HELIKOPTER – HAUSARREST (HELICOPTER – HOUSE ARREST) de Constantin Hatz (Allemagne, 39’, 2014) / Première internationale
IEC LONG de João Pedro Rodrigues, João Rui Guerra da Mata (Portugal, 31’, 2014) / Première française
THE OLD JEWISH CEMETERY de Sergei Loznitsa (Pays-Bas, Lettonie, 20’, 2014) / Première internationale
LA RÉVOLUTION DE L’ALPHABET de Erik Bullot (France, 35’, 2014) / Première mondiale
SAN SIRO de Yuri Ancarani (Italie, 26’, 2014) / Première française
SCHASLIVYIA LIUDZI (LUCKY PEOPLE) de Victor Asliuk (Biélorussie, Pologne, 30’, 2014) / Première mondiale
TERRITORY (TERRITOIRE) de Eleanor Mortimer (Royaume-Uni, 17’, 2014) / Première mondiale
WAYWARD FRONDS de Fern Silva (Etats-Unis, 13’, 2014) / Première française

Cinreel2015-affiche

LES SECTIONS THÉMATIQUES

Keith Griffiths : Anxious visions

Carte blanche à Keith Griffiths, producteur britannique également réalisateur qui, par ses choix, a contribué à déplacer les frontières du cinéma (documentaire et au-delà). Elle inaugure une nouvelle section du festival visant à dresser un portrait à la fois intime et professionnel d’un producteur par un parcours libre dans son œuvre et ses inspirations. Keith Griffiths sera présent pour commenter les œuvres choisies et la place qu’elles occupent dans sa vie.

-> 13 films choisis par Keith Griffith

« London », Patrick Keiller, DR.

Shelly Silver – In Between

Pour cette nouvelle section du festival, consacrée à des artistes travaillant à la croisée du documentaire, de la fiction et de l’art contemporain, lumière sur Shelly Silver qui, depuis les années 1980, questionne la valeur des images à travers des formes sans cesse renouvelées. De cette œuvre éclectique, une ligne de force se dégage : le désir de dévoiler les arrière-fonds pulsionnels et idéologiques qui gouvernent nos représentations. Dans l’esprit de cette nouvelle section, Shelly Silver invitera des personnalités de son choix à dialoguer autour de son œuvre.

-> 18 films longs et courts
-> Artist Talk with Shelly Silver
-> Séance spéciale en collaboration avec le Jeu de Paume, en présence d’Avi Mograbi et Rasha Salti.
-> Installation « Hidden among the Leaves » au Forum -1

« Small Lies, Big Truth », Shelly Silver, DR.

Amit Dutta : de l’autre côté du miroir

Amit Dutta est désormais une figure importante du cinéma indien contemporain, dont les œuvres circulent dans les plus grands festivals et musées du monde. De film en film, qu’on les qualifie de documentaire, d’essai ou de fiction, Dutta explore les dimensions expressives du cinéma comme machine à voyager dans l’espace et le temps. Il propose au spectateur d’entrer dans un univers où la recherche nourrit l’imaginaire, ou les arts – peinture, musique, architecture, littérature – comme l’histoire ou la mythologie, s’inscrivent dans les paysages, éclairent les gestes et réenchantent la réalité.

-> 12 films longs et courts, dont 2 présentés en première mondiale Purna / Apurna (Finished/Unfinished, The Rock-Cut Temples of Masrur) et Even Red Can Be Sad
-> Table-ronde Amit Dutta : Le cinéma est recherche. Animée par Marie-Pierre Duhamel-Muller

Proposé par Marie-Pierre Duhamel-Muller

« Gita Govinda », Amit Dutta, DR.

Haskell Wexler : À l’œuvre

À lui seul, Haskell Wexler, né en 1922, nous offre toute l’orbe du cinéma. Célèbre directeur de la photographie, il reçoit plusieurs Oscars. Toute sa vie, Haskell Wexler a simultanément produit, tourné, photographié des documentaires et fictions anti-impérialistes, anti-capitalistes, anti-racistes, documentant l’énergie et le courage des peuples aux États-Unis, en Amérique centrale, en Amérique du Sud et au Vietnam.

-> 11 films
-> Master-Class sur Haskell Wexler, par Pamela Yates, avec la projection de Haskell Wexler Slideshow de Joan Churchill et de Rebel Citizen de Pamela Yates, un entretien filmé inédit spécialement conçu pour le festival.

Programmé par Nicole Brenez

« Four Days in Chicago », Haskell Wexler, DR

Vampires du cinéma

Le cinéma de fiction a depuis toujours intégré les pratiques du documentaire pour paraître plus vraisemblable. Cette rétrospective est une tentative à la fois sérieuse et réjouissante de renverser la perspective en montrant comment et à quel point le documentaire s’est lui-même très souvent infiltré dans la fiction pour la détrousser, vampirisant ses codes, ses styles, ses formes : la prise du Palais de la fiction par les vampires du cinéma !

-> 11 films

Programmé par Federico Rossin

« The Thin Blue Line », Errol Morris, DR.

Une histoire en images : Focus sur la Cinémathèque de Grèce

Cette sélection de films issus de la collection de la Cinémathèque de Grèce couvre une période allant de 1924 à 2012. Elle reflète le développement de cette archive, depuis les origines au sein d’un petit groupe de passionnés dans les années 1950 jusqu’à sa reconnaissance en tant qu’organe officiel de conservation du patrimoine cinématographique grec, poursuivant ses fonctions tant bien que mal, malgré l’inconstance de ses soutiens gouvernementaux.

-> 12 films
-> Les séances seront présentées par Maria Komninos, directrice de la programmation de la Cinémathèque de Grèce.

En partenariat avec la Cinémathèque de Grèce, l’Institut français et Phonie-Graphie

« Proti Ili », Christos Karakepelis, DR.

> ET AUSSI :

Séances spéciales

Ouverture du festival : Austerlitz, de Stan Neumann, première mondiale : « Déambulation à travers l’Europe dans le sillage de Jacques Austerlitz, personnage du roman de W.G. Sebald ici incarné par Denis Lavant ».
Clôture du festival : Zwischen zwei Kriegen d’Harun Farocki. En hommage à Harun Farocki, projection de son premier long métrage.
Séance
, de Yuri Ancarani, première internationale. En collaboration avec l’Istituto Italiano di Cultura di Parigi. Séance de spiritisme au Casa-Museo de Carlo Mollino.
How to Smell a Rose: a Visit with Ricky Leacock in Normandy
, de Les Blank et Gina Leibrecht. Portrait du pionnier du cinéma direct par l’un de ses disciples.
Wenn aus dem Himmel
, de Fabrizio Ferraro, première mondiale. + musique live. Les musiciens de jazz Paolo Fresu et Daniele Di Bonaventura enregistrent un disque avec le producteur Manfred Eicher. Suite à la projection du mercredi 25, Paolo Fresu et Daniele Di Bonaventura interprèteront quelques pièces tirées de leur nouvel album.

Arrested Cinema : La Chine

Pour la quatrième année, Cinéma du réel s’intéresse aux cinéastes engagés dans le monde. Après la Syrie, l’Iran et la Russie, nos réflexions se porteront cette année sur la Chine et en particulier sur les réalisateurs Zhao Liang et Hu Jie.

Screening Room : hommage à Robert Gardner

Cinéaste voyageur disparu en juin dernier, Robert Gardner a donné à l’anthropologie visuelle de nouvelles dimensions. Hommage organisé en collaboration avec le Musée national d’art moderne (Mnam) et la Bibliothèque nationale de France (BNF).
-> Projections des films Correspondence de Robert Fenz et Forest of Bliss de Robert Gardner
– Installation Screening room au Forum -1

« Austerlitz », Stan Neumann, DR.

 

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