En salles, ce mois-ci… Saso-masochisme, cinéma en Afrique, déchets nucléaires, « pornographie mémorielle » et une légende de Formule 1. Mais avant de vous y ruer, n’hésitez pas à jeter un œil sur le palmarès du festival Visions du Réel 2011 de Nyon. Songez aussi que le film de Jean-Sébastien Bron, Cleveland contre Wallstreet, sera disponible dès le 4 mai sur Universciné.
N’oubliez pas, surtout, la très belle rétrospective organisée par le Centre Pompidou à Paris autour de Cinéastes, de notre temps. Du 27 avril au 9 juillet 2011, 40 invités, 30 séances. De Buñuel à Michel Gondry, c’est toute « l’histoire du cinéma filmée par les cinéastes » qui est proposée. Un ouvrage exceptionnel d’André S. Labarthe paraît également à cette occasion. Il est édité par Capricci.

En salles le 4 mai :

D/s, de Jacques Richard et Maîtresse Leïla

D/s (deux lettres pour désigner le rapport « Dominateurs/soumis ») risque de « déranger les âmes romantiques« . Le cinéaste iconoclaste Jacques Richard propose, avec ce nouveau film tourné en 2008, une incursion dans l’univers du sado-masochisme où les « maîtresses » se plaisent à dominer les hommes. Dans une ancienne boucherie belge transformée en Donjon, les invités se livrent à des jeux sexuels dans une convivialité certaine. On y découvrira des personnages étonnants, et inévitablement complices.
D’aucuns y verront une esthétique très « Striptease« , ce dont se défend Jacques Richard. L’ancien assistant d’Henri Langlois à la Cinémathèque explique avoir construit un film sans intention voyeuriste et sans non plus vouloir stimuler la sexualité des spectateurs.


Lieux Saints
, de Jean-Marie Teno.

Voici un film qui pense au cinéma, et qui se soucie de sa place en Afrique. Le réalisateur camerounais Jean-Marie Teno (Le Malentendu colonial, Afrique je te plumerai) revient au Burkina Faso, loin des sites du Fespaco, pour interroger l’accès aux films et à la culture populaire dans un quartier défavorisé de Ouagadougou. Le réalisateur suit trois personnages : Bouba, qui tient un vidéo-club, Julio Cesar, qui fabrique et joue du djembé, et Abbo, qui orne les murs de la ville de ses créations. JeanMarie Teno dit, à propos de ce dernier : « Il est comme le cinéaste africain dont les films ne sont vus que par ceux qui ont la patience et l’obstination de s’approcher du mur pour lire ce qui y est écrit ».
Les mises en récits de ces trois personnages consacrent l’art de la narration parlée des griots africains et permettent au cinéaste d’interroger le rôle et la diffusion de la culture populaire en Afrique.

Après la bande annonce, voici un extrait de Lieux Saints.


Le 18 mai
:

Into Eternity, de Michael Madsen.

Ce film a décroché le grand prix du festival Vision du Réel de Nyon en 2010. Into Eternity aborde la délicate et très actuelle question des déchets nucléaires, et de leur conservation. Michael Madsen s’intéresse à Onkalo, la « grotte » ou la « cachette » creusée pour renfermer des milliers de tonnes de déchets radioactifs à 500 mètres sous terre au nord de la Finlande. Le projet, vertigineux, a été pensé pour durer 100 000 ans. C’est, de fait, la plus longue entreprise humaine jamais imaginée.
Le cinéaste danois nous plonge dans cet utopique sanctuaire en même temps que dans les abîmes du temps pour un film qui flirte logiquement avec la science-fiction. Les questions que pose la réalisation finlandaise sont nombreuses, de la plus pratique (comment prévenir les générations futures de cet enfouissement ?) aux plus philosophiques. L’ensemble, troublant, bouscule l’entendement.

Pornographie mémorielle : des pièges de la loi Gayssot, de Béatrice Pignède.

Béatrice Pignède aborde ici les conséquences de la loi dite « Gayssot » qui qualifie de délit toute négation de crimes contre l’Humanité. 20 ans après le vote des députés, la réalisatrice dresse le bilan « désastreux« , selon elle, d’une disposition législative dont elle souligne les dérives : « atteintes aux libertés, concurrence génocidaire, surenchère victimaire, renouveaux identitaires et racistes, gigantesques détournements financiers« . Ci-dessous, un premier montage faisant état du projet de film.

Le 25 mai :

Senna, de Asif Kapadia.

Retour sur la carrière d’un pilote de Formule 1 dont la mort tragique, le 1er mais 1994 lors du grand prix de Saint-Marin, acheva de construire le mythe. Asif Kapadia revient sur la vie d’Ayrton Senna à grands renforts d’images inédites ou peu vues. Il dresse le portrait d’une légende du sport automobile qui avait un goût immodéré pour la vitesse , et la perfection. L’occasion, pour les amateurs, de revoir aussi quelques moments d’anthologie, notamment la féroce compétition entre le pilote brésilien et le Français Alain Prost. Ce film a reçu le prix du public du meilleur documentaire étranger au dernier festival de Sundance.

Le coin des festivals

Ce mois de mai sera, comme chaque année, dominé par le Festival de Cannes. La Semaine de la Critique et la Quinzaine des Réalisateurs présentent leurs programmations respectives dès le 12 mai.

La Discovery Zone luxembourgeoise, ouverte depuis le 28 avril, refermera ses portes le 5 mai.

A Lisbonne, le très prisé Indie Lisboa se tient du 5 au 15 mai. Un concert exceptionnel de Tindersticks aura lieu le 11 mai, autour des musiques composées pour les films de Claire Denis.

A Madrid, la Documenta offrira son intéressante sélection du 5 au 15 mai.

A Munich, le Dokfest, festival international de documentaires, se tiendra du 4 au 11 mai.

A Paris et Saint Denis, du 4 au 14 mai se déroulera le premier festival organisé par Francedoc, Expériences documentaires.

Du 24 au 27 mai à Chartres, le festival Ciné-Clap est consacré au film scolaire et universitaire.

Le 13ème festival Caméras des champs débutera le 25 mai à Ville-sur-Yron pour s’achever le 29 mai.

A Paris, la Sudestada, quinzaine du cinéma argentin, s’étalera du 9 au 20 mai.

Enfin, le festival de l’imaginaire de la Maison des Cultures du Monde se poursuit jusqu’au 15 juin 2011 dans plusieurs endroits de Paris.


Une précision du Blog documentaire

La photo de Une d’André S. Labarthe est signée Dominique Jullian. Elle est précédemment parue dans Sud-Ouest.

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