C’est un joli – et très salvateur – festival de cinéma que Le Blog documentaire accompagne ici. « Pointdoc » est la seule manifestation francophone de promotion gratuite de nouvelles œuvres documentaires sur Internet.

La troisième édition, disons-le, a rencontré un franc succès. Et les films primés seront projetés gratuitement ce vendredi 15 mars dès 18h45 à la Salle Jean Dame à Paris. Réservations par ici. Une autre soirée par ailleurs se tiendra le 21 mars dès 19h30 à La Casa Consolat de Marseille.

Juste avant, Sibel Ceylan s’est entretenue avec les organisatrices de la manifestation, que vous pouvez aussi aider ici.

pointdoc Image 2Le Blog documentaire : Qu’avez-vous modifié ou conservé des éditions précédentes, en 2011 et 2012 ?

Clémentine & Mahalia : La nouveauté pour l’édition 2013 du festival Pointdoc, c’est la durée. Le festival dure désormais un mois alors qu’il ne durait que 15 jours les deux années précédentes. Nous avons fait ce choix pour laisser plus le temps au public d’apprécier notre sélection de 20 films. C’était aussi une vraie demande de notre public qui voulait plus de temps pour s’approprier le festival et c’est réussi !

Avez-vous eu plus de films proposés à sélectionner ?

Nous avons reçu 220 films cette année à l’issue de l’appel à contributions. C’est un tout petit peu plus que l’année précédente, où nous en avions reçu 200.
En revanche, nous constatons que les réalisateurs ont compris la ligne éditoriale de Pointdoc qui est de sélectionner des films documentaires d’auteurs avec un regard sensible et une vraie démarche cinématographique. Nous recevons donc beaucoup moins de productions télévisuelles.

Comment s’est déroulée la sélection des films en amont ?

Nous sommes 8 fervents amateurs du genre documentaire dans le comité de visionnage. Nous nous sommes attachés à sélectionner des films qui puissent mettre en lumière la diversité du genre documentaire, que ce soit dans les dispositifs de réalisation, la narration, le cadre, etc. Par ailleurs, nous avons cherché à mettre en avant des thèmes sensibles et hétéroclites. Enfin, nous avons tenté à chaque fois de sélectionner des films avec un vrai regard d’auteur sur le réel, sans fioritures mais avec un point de vue affirmé.

Le monde est derrière nous - © Marc Picavez
Le monde est derrière nous – © Marc Picavez

Le festival Pointdoc compte-t-il plus de visiteurs et de votants au fil des éditions ? Quelle est l’audience que vous avez pu repérer ? Quelle est aussi la durée d’écoute en moyenne ?

De 5.855 visiteurs uniques, environ 700 visiteurs/jour dans 90 pays en 2011, 6.251 visiteurs uniques, environ 800 visiteurs/jour dans 88 pays en 2012, à 11.338 visiteurs uniques, environ 650 visiteurs par jour dans 105 pays, 904 inscrits en plus, 394 commentaires, 12.900 visionnages sur 1 mois en 2013. Les pages de « tchat » sont visités par 100 personnes et entre 20 et 40 personnes suivent un « tchat » en direct.

D’après nos chiffres, Pointdoc a un public fidèle qui s’accroît petit à petit chaque année par le bouche à oreille, les quelques médias qui nous suivent, et les réseaux sociaux. Certains films, cette année ont été vus 1.300 fois. Cela donne quand même à ces films une vraie visibilité.

Plus globalement, j’aurais souhaité aborder avec vous la problématique de la diffusion des films documentaires sur Internet. Votre initiative permet de donner une visibilité à des documentaires qui ne trouvent pas toujours leur place en salles. Pensez-vous que la diffusion sur le web soit une passerelle pour que ces films trouvent leur place en salle, ou en tout cas en festival ?

Oui, le but de notre festival est bel et bien de donner une vie à des films peu diffusés ou pas diffusés du tout. Nous souhaitons valoriser la diversité du genre documentaire et la mettre en avant. La télévision diffuse souvent des films répondant à des codes précis et à un cahier des charges laissant parfois peu de place à la créativité et au regard d’auteur.

Nous savons que les réalisateurs apprécient notre démarche par les retours qu’ils nous en font. Cela leur permet d’avancer et d’être reconnus dans leur travail, d’avoir un contact plus « direct » avec les spectateurs par le biais de « tchat » et de commentaires.

Avec Pointdoc, nous espérons que les films trouvent un public, et soient repérés par d’autres diffuseurs (associations de diffusion de films documentaires, festivals, etc.) afin de faire connaître ce genre méconnu du grand public, et que des diffuseurs plus importants se mettent à le programmer. Il se trouve que l’année dernière le film « Natpwe, le festin des esprits » a été repéré par un de nos membres du jury et diffusé au festival Coté court de Bobigny. Il a ensuite obtenu le prix scribe. Et, cette année, quelques associations de diffusion nous ont contacté afin de diffuser des films de la sélection (avec l’accord des réalisateurs).

La diffusion sur le web n’est pas juste une passerelle, mais un véritable espace de diffusion. Les différents supports ne doivent pas s’opposer. Un bon film saura s’apprécier sur n’importe quel support.

Natpwen le chemin des esprits
Natpwen, le chemin des esprits – © Tiane Doan na
Champassak et Jean Dubrel

Le festival se termine par une projection en salle des 4 coups de cœur du jury et des internautes… Quels liens faites-vous entre la diffusion en salle et la diffusion web ?

Nous pensons que la diffusion sur le web et en salle sont complémentaires. Diffuser sur le net une sélection de 20 films permet de toucher un public large partout dans le monde et gratuitement. Cela répond à une démarche de démocratisation du genre qui n’est pas forcément présente dans les festivals dits classiques.

En diffusant sur le net, nous souhaitons aussi donner l’envie à notre public de visionner des œuvres en salle. Il s’agit de multiplier les moyens de diffusion. Nous pensons en effet qu’un film peut tout à fait s’apprécier chez soi, chez un ami, en salle ou ailleurs. Le grand écran demeure un bel outil de visionnage que nous ne souhaitons pas occulter. Diffuser les films primés sur grand écran lors d’une soirée de clôture apporte également une touche humaine à notre festival. C’est important pour nous.

Pour finir, quel regard portez-vous sur le modèle économique de la diffusion des documentaires sur le web ?

Nous ne sommes pas expert en la matière, mais notre sentiment est que tout est à inventer. A l’heure actuelle, que ce soit sur le net, à la télévision ou au cinéma, ce n’est pas sur la diffusion que se base le financement du documentaire. Diffuser gratuitement ne veut pas dire brader ces documentaires, mais les faire découvrir à un plus grand nombre.  De plus en plus de gens vont chercher l’information sur internet, regarder des films en VOD, et n’ont pas envie qu’on leur impose un programme. Ils font en fonction de leur temps et de leurs envies. Que ce soit pour des fictions ou des documentaires, les spectateurs ont envie de s’impliquer financièrement dans la création, les plateformes de crowdfunding en sont la preuve.

Propos recueillis par Sibel Ceylan

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  2. étant de passage a Marseille pour ce 21 mars je vais surement y aller.
    mistergoodmovies.net

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