Qu’est-ce que fabriquent les producteurs d’œuvres documentaires pour le web ? Quelles seront les prochaines expériences à vivre sur Internet ?Pour le savoir, Le Blog documentaire est allé les rencontrer : Upian, Small Bang, Camera Lucida, Cinétévé, Les Films d’Ici 2, Agat Films & Cie, narrative, Once Upon, Darjeeling, Honkytonk, Red Corner, Kids Up Hill… Ils sont douze à détailler en exclusivité pour nous les projets sur lesquels ils travaillent actuellement.
Parmi les faits saillants : l’émergence massive de la question de la réalité virtuelle, l’essor d’une réflexion sur les données, l’écriture ludique qui gagne en maturité, et la percée du logiciel Unity…
Preuve, s’il en fallait encore, de la vitalité de la création française en la matière.

Camera Lucida – Chloé Jarry

Chez Camera Lucida, où le pôle interactif fonctionne en duo avec Chloé Jarry aux manettes et Hélène Adamo en tant que chargée de production, deux importants projets occupent le devant de la scène.

Lune, d’abord, qui constitue un « gros projet » . En marge de trois documentaires (un 90 minutes et 2 x 52 minutes pour Planète, avant une deuxième diffusion sur France 5 fin 2015 ou début 2016), une application tablette est sortie peu avant le 20 mars, date de la dernière éclipse visible à 85% en France (la prochaine se déroulera dans 70 ans, donc pour beaucoup, c’était l’occasion où jamais !). Le programme disponible gratuitement sur iPad propose aux « chasseurs de lunes » (du nom d’une communauté déjà présente sur les réseaux sociaux) un ensemble d’informations en lien avec l’astre céleste : les contenus des films, les dates importantes liées à la lune, etc… le tout dans le but de « se reconnecter avec l’influence de la lune sur la Terre, avec des thèmes aussi divers que les religions, la culture, les grandes marées, les animaux… ». Le projet est également développé avec la Cité des Sciences qui a organisé l’événement Destination Lune du 13 au 15 mars. Il fait enfin l’objet d’un livre publié aux éditions de La Martinière.

Lune
Lune

La réalité virtuelle est dans toutes les discussions, mais chez Camera Lucida, elle est déjà en développement. Avec France Télévisions, et depuis un an, The Enemy, de Karim Ben Khelifa, s’interroge « sur la notion d’ennemi et sur la guerre, en proposant un face-à-face entre deux combattants de conflits ». En tout, huit confits différents seront abordés. La technique développée pour le casque Oculus est assurée par la structure Emissive. Le cœur du projet repose sur « une installation et une application », mais un film devrait également voir le jour. Le tout ne devrait pas aboutir en 2015, mais l’année suivante. Un prototype a déjà été présenté à Paris, et le sera plus officiellement au festival de Tribeca, à New York, entre le 15 et le 26 avril prochain.

Enfin, Camera Lucida entend « poursuivre le développement d’applications multilingues pour les enfants » et travaille sur une « comédie musicale pour tablette avec le chanteur Mathieu Persan », qui pourrait accompagner un spectacle. Mais Chloé Jarry précise que ce projet « n’en est qu’au début du développement ».

Small Bang – Pierre Cattan

Comme d’autres producteurs, Small Bang assume un « rythme de publication de projets très lent », à la fois pour bien les penser et bien les financer. Pierre Cattan indique ainsi qu’il n’y aura pas de sortie au cours du premier semestre 2015. En revanche, l’exploitation des programmes déjà existants se poursuit, notamment avec BirdLab, application de science participative développée avec le Muséum d’Histoire Naturelle qui propose de construire des mangeoires et d’observer les oiseaux pour ensuite envoyer des données en temps réel aux chercheurs. L’application développée sous Unity fait « sortir dehors », selon le producteur qui souhaite mettre l’accent sur les expériences physiques (à l’instar de Cinemacity). Le programme va faire l’objet d’installations (de mangeoires) jusqu’à mi-mars chez certains partenaires (comme ce fut notamment le cas au dernier Forum Blanc), ce qui correspond à la période de « stress alimentaire » des animaux.

Le pilote de L’Emission Dessinée, l’adaptation live de La Revue Dessinée a été également tourné et la deuxième émission en direct s’est déroulée depuis le festival de la BD d’Angoulême le 29 janvier dernier. Le principe est « un peu similaire aux live de Mediapart [que Small Bang réalise, NDLR] mais avec de la musique et des dessins réalisés en direct à l’intérieur ». La référence à l’émission Du tac au tac de Jean Frappat du temps de l’ORTF est revendiquée, avec par exemple « des batailles de dessins » sur le plateau. L’émission sera trimestrielle et a reçu l’aide du CNC. On attend déjà impatiemment le prochain rendez-vous.

Small Bang développe aussi Phallaina, un « récit de transformation personnelle qui mêle les sciences cognitives et la mythologie-fiction ». La fiction raconte la vie d’Audrey, qui pense être atteinte d’épilepsie. Elle a en fait un physeter, une glande qui lui permet de rester longtemps en apnée, ce qui fait d’elle une descendante des Phallaina, un peuple issu d’un mélange entre la baleine et l’homme. On reste ici dans la bande dessinée digitale, sous la forme d’une BD de 320 mètres le long – et d’un seul tenant – à partir de laquelle on scrolle avec les désormais célèbres effets de parallaxe. L’œuvre est issue de l’univers de Marietta Ren, auteure qui travaille depuis 15 ans dans le cinéma d’animation et elle sera conçue pour le web et les tablettes avec les Nouvelles Ecritures de France Télévisions. La sortie est prévue aux alentours du festival d’Angoulême 2016 avec, là encore, une dimension in situ : une fresque physique réalisée par l’urbaniste Maria Concetta Sangrigoli accompagnera ainsi la BD.

Une websérie, Ball trap, est aussi en préparation autour de l’univers « loufoque et déjanté » des Puppetmastaz, groupe de hip-hop berlinois dont les membres se présentent sous la forme de marionnettes. Adam Traynor, qui a travaillé avec le groupe (ainsi qu’avec Chilly Gonzales, autre musicien fou), sera aux manettes de cette websérie de 5 épisodes remplis de « marionnettes animées de manière analogique » et peuplés « d’animaux morts, empaillés, de cadavres déglingos, sur l’autoroute de la vie à la mort ». Tout un programme ! Le tournage est prévu à la fin du printemps et la diffusion pour Halloween sur ARTE Creative.

Un important événement (nom de code : Place to B) est aussi en préparation en marge de la conférence de Paris sur les changements climatiques qui se tiendra fin novembre et début décembre dans la capitale. Avec notamment Anne-Sophie Novel, journaliste spécialisée dans l’écologie et les alternatives durables, Small Bang participe au collectif qui entend ouvrir une auberge de jeunesse pendant l’événement, en face de la Gare du Nord, pour réunir 600 activistes et blogueurs du monde entier. Au menu notamment : un club dataviz qui effectuera des comptes-rendus en temps réel des éventuelles décisions adoptées pendant la conférence, un « open bidouille camp permanent » avec « plein de traducteurs », une émission tournée en caméra 360°, des partenariats éditoriaux avec Nicolas Hulot, le journaliste Stéphane Paoli ou le réalisateur Emmanuel Gras, un FabLab transmédia qui imaginera des solutions et créera des contenus utiles permettant de passer à l’action… L’objectif résumé en une phrase : « sortir du scénario catastrophe et de l’attentisme ». Des groupes de travail sont déjà en place pour produire des contenus tout au long de l’année et occuper le terrain médiatique en novembre prochain.

Enfin, Small Bang travaille sur une « application narrative pour tablettes » en marge du film Les Saisons, produit par Galatée Films, réalisé par Jacques Perrin et en salles à la fin de cette année. Elle sortira en octobre 2015 et pourra constituer un support pédagogique pour découvrir l’histoire des écosystèmes depuis l’âge de glace jusqu’à aujourd’hui.

BirdLab
BirdLab

Les Films d’Ici 2 – Laurent Duret

Laurent Duret, figure des Films d’Ici 2, quitte la maison de production pour monter sa propre structure, baptisée Bachibouzouk. Il continuera à travailler avec Les Films d’Ici 2 et d’autres producteurs, et suivra notamment 4 projets qu’il a déjà initiés.

Le premier, J’irai chanter partout, est développé avec la chanteuse Camille et va bientôt passer en production. Pour cette initiative centrée autour de la pratique du chant choral amateur, Camille va inviter les internautes à chanter avec elle, à travers un dispositif qui finira par « une immense flashmob ; un événement collectif, jouissif et festif », selon les mots du producteur. Le programme, développé avec l’aide de Sandrine Girbal (fondatrice du studio Happy Fannie), se compose d’une série de vidéos, d’une application Facebook et d’un documentaire destiné à l’antenne. Il devrait sortir au printemps.

Inégal constituera un programme web « dans la même logique que 1914, dernières nouvelles« , en complément du docu-fiction Boix d’Ebène, réalisé pour France 2 par Moussa Touré et écrit par Jacques Dubuisson. Le développement est en cours, avec la même équipe que le projet sur la Grande guerre (Bruno Masi et Christophe Parre) et un même dispositif de consultation « au long cours ». Le projet entend en effet revenir sur le poids économique de l’esclavage et nourrir en chiffres le site web pendant toute la durée d’un voyage de commerce triangulaire.

INEGALPour Laurent Duret, « Inégal n’abordera pas le terrain moral mais parlera du point de vue économique de l’esclavage, avec des chiffres qui donnent parfois le vertige ». L’occasion de se rendre compte qu’au temps de l’esclavage, « tout a été justifié par l’économie, y compris le racisme et la traite négrière ». L’expérience web se doublera aussi d’expositions dans les ports français où a eu lieu le commerce triangulaire. Les visiteurs seront amenés, à l’intérieur de containers, « symboles de la marchandisation », à s’interroger sur leur « propre degré d’esclavage moderne ». Le projet ambitionne donc de « questionner le présent », en se demandant si certaines pratiques capitalistes actuelles ne constituent pas une forme d’esclavage. La production devrait démarrer bientôt, pour une livraison en 2016.

Laetitia Masson rempile : après The End, etc., elle a écrit une fiction, Dans tes rêves, qui donnera lieu à une application proposant à l’internaute de « partir à la rencontre de ses rêves ». De nouveau à la baguette du volet interactif, Bruno Masi épaulera la réalisatrice dans sa réflexion pour un projet qui a déjà obtenu une aide au développement du CNC. Laurent Duret parle cependant davantage de « phase de pré-développement, pendant laquelle on s’amuse beaucoup… Mais la route est longue ! ».

Un projet autour du handicap est également en développement en marge d’un documentaire de 52 minutes pour France 3 Île-de-France. Le but du dispositif web consistera à changer notre regard sur les handicapés à travers les mots doux qu’ils s’échangent. Les mots doux, le titre du projet, montrera que nous avons les mêmes questionnements (amour, sexualité, paternité/maternité, etc.) que l’on soit handicapé mental ou non. Cette wébsérie documentaire écrite par Djana Schmidt, Antoine Bonnin et Camille Duvelleroy, sera accompagnée d’un dispositif participatif « servant à créer la discussion entre les internautes et les héros de la série ». La livraison devrait intervenir au moment de la journée mondiale du handicap, fin 2015.

Parallèlement à ces projets, Laurent Duret continue de développer Déchiffrage, la série documentaire et bimédia d’ARTE, ainsi que des projets davantage axés sur la muséographie. Le producteur a également coordonné la production interactive du site 30ansdanse.fr qui a été mis en ligne le 19 février, en parallèle à une soirée événementielle au palais de Chaillot, retransmise sur ARTE, autour des 30 ans des Centres Chorégraphiques Nationaux français.

10Once Upon – Méline Engerbeau

Chez Once Upon, où Méline Engerbeau et Manon Harsigny officient, on planche actuellement sur une série, Il revient quand Bertrand ?, pour laquelle le développement a commencé il y a plus de deux ans. Cette websérie écrite par Hélène Lombard et Julien Sibony est basée sur un concept de Camille Duvelleroy, Helène Lombard et Méline Engerbeau. Elle devrait faire partie des premières à être diffusées par ARTE Creative, probablement en fin d’année 2015.

Le projet, de 10 épisodes de 6 à 7 minutes chacun, raconte l’histoire d’un jeune homme qui a décidé de devenir une star sur Internet en réalisant une vidéo atteignant une audience d’un million de personnes. Vu comme un « loser magnifique qui ne connaît pas Internet », Bertrand essaiera toutes les techniques pour faire le buzz, et notamment les fameuses vidéos de chats. Côté réseaux sociaux, une animation sera mise en place en parallèle d’un blog, un mois avant la mise en ligne simultanée de tous les épisodes.

Une autre websérie écrite par Pauline Fougère, M. et Mme Flash, cherche encore son diffuseur. Fruit d’une coproduction avec les Films du Tambour de Soie, le projet de 12 x 3 minutes a obtenu les soutiens de Pictanovo, de Wallimage, du CNC et de la région Aquitaine. La diffusion est prévue de manière hebdomadaire et reprend l’univers visuel des collections Marabout Flash sorties dans les années 60. Le crédo des deux personnages de la série, couple modèle des 30 Glorieuses : « Comment devenir expert de son quotidien ? ». L’accent est porté sur « le gag et le jeu d’acteurs dans une mise en scène très théâtrale ».

En parallèle, et selon désormais ses habitudes depuis Easy Coming Out, Once Upon assurera un community managemet actif « et impliqué dans le scénario » en proposant aux internautes de noter ce qui est « flash » et ce qui n »est pas flash » sur la toile ; une manière, selon la productrice, de « flasher l’Internet ». L’idée est donc de proposer une forme de « guide du quotidien d’aujourd’hui, en mettant en place une conversation avec les internautes ».

M. et Mme Flash
M. et Mme Flash

Un webdocumentaire est également en développement, Sea is my country, qui lève le voile sur l’univers confidentiel et clos de la marine marchande assurant le transport de la plupart des biens que nous utilisons. D’Anvers à Douala et de La Rochelle à Hambourg, le réalisateur Marc Picavez, également auteur d’un 52 minutes produit par Balibari pour ARTE et d’une exposition sur le même sujet, part à la rencontre des marins. L’expérience web a reçu le soutien du CNC, des régions Aquitaine et Poitou-Charentes. La réflexion sur la plateforme interactive est menée par Méline Engerbeau et Nicolas Bole. Pas de date de sortie ni de diffuseur annoncé pour le moment.

Enfin, un « probable accompagnement de programme antenne de 3 minutes » est au stade du pré-développement. Il s’agira d’une fiction sur le thème « des mères indignes », dans le but de « décomplexer les mamans ».

Darjeeling Production – Marc Lustigman

Dirigée par Noam Roubah et Marc Lustigman, Darjeeling travaille aussi avec une chargée de développement (Malika Lemzili) et des « producteurs externes qui peuvent développer des projets sous la houlette de Darjeeling ».

La structure s’est déjà distinguée en début d’année avec le jeu Speed Farming 2050, développé avec Charles Ayats, qui est sorti en janvier sur ARTE. La chaîne franco-allemande qui constitue, comme pour beaucoup d’autres producteurs, un partenaire essentiel si l’on en juge par les projets actuellement en chantier au sein de la société de production.

On pense notamment à une série documentaire autour du jeu vidéo indépendant, intitulée Let’s play, pour ARTE Creative. Pour le producteur, l’idée consiste à « montrer le foisonnement du milieu du jeu indépendant et faire un pas de côté par rapport à ce qu’on voit habituellement sur les jeux dans les médias. On souhaite montrer le jeu davantage comme un médium d’expression que comme un loisir ou un objet de fun ; un medium qui permet de faire une pluralité de choses, comme exprimer des émotions, défendre des causes ou se retrouver autour de dispositifs sociaux et physiques ». Dans la lignée des séries documentaires déjà produites par le duo (Keith Haring, the Message et Un été avec les kids de Larry Clark), ce programme est « un unitaire découpé en 5 épisodes ». La diffusion est prévue début avril.

Californium
Californium

Californium, jeu tiré de l’univers de Philip K.Dick, constitue indubitablement le plus important projet de Darjeeling. Peu d’informations filtrent sur cet « objet bimédia » (documentaire antenne + jeu vidéo 3D en ligne) qui sera a priori « disponible à la rentrée de septembre » et sur lequel Darjeeling travaille « depuis 3 ans », avec Nova Production, co-producteur. Le programme développé sous Unity accueillera ses premiers bêta-testeurs à partir du mois de mars.

Un pas de côté aussi vers la fiction chez Darjeeling, avec une série de 12 x 52 minutes écrite par Pierre Mezerette qui contient une « composante transmédia forte ». Pour ce programme qui plonge dans l’univers du football et ses coulisses, Darjeeling a attendu « que l’écriture soit suffisamment mature pour aller le proposer à des grosses sociétés qui font de la fiction ». Haut et Court a montré son intérêt pour un univers où l’influence de la série culte The Wire est revendiquée et qui souhaite « représenter le football comme notre monde, avec ses moments de joie, de cohésion, de politique, de magouilles et de trahison ». Même si « on pourra voir la série sans la partie web et inversement », certaines intrigues « pourront naître, rebondir ou se boucler sur le web ». Le projet cherche actuellement son diffuseur.

La réalité virtuelle, dont on parle beaucoup dans la création interactive, devrait devenir réalité chez Darjeeling avec une expérience documentaire prévue pour l’Occulus Rift à l’occasion de l’exposition Andy Warhol, en octobre prochain à Paris. Le projet, conçu en partenariat avec le Musée d’Art Moderne de la ville, sera également livré avec sa déclinaison à 360° pour le web.

Enfin, une discussion est en cours avec France Télévisions pour l’adaptation de Blop (éditions Phaidon), une des œuvres-phare d’Hervé Tullet, un auteur à la frontière entre la littérature jeunesse et l’art contemporain. Le projet prendrait la forme « de (très) nombreux courts-métrages animés diffusés sur les plateformes de diffusion web jeunesse  de France Télévisions ».

narrative – Laurence Bagot et Cécile Cros

Du temps pour les projets chez narrative et une volonté de faire perdurer ceux qui sont déjà sortis. Ainsi, le webdocumentaire Photos de classe, sorti en novembre 2013, va donner lieu à un film de 52 minutes pour TV5 en avril 2015. L’idée consiste à rendre le propos plus politique en revenant sur l’expérience du webdoc, tourné à hauteur d’enfants. Des analyses de Lilian Thuram (qui a participé au projet via sa fondation), de Marie-Rose Moro ou de la maîtresse de la classe filmée pendant le projet web seront distillées « comme des briques » dans le contenu re-monté du webdoc pour une parole plus politique. Un travail salutaire en ces temps troublés, qui devrait aussi se poursuivre avec Canopé, l’ex-Centre National de Documentation Pédagogique, qui souhaite utiliser le webdocumentaire comme un outil pédagogique dans les classes.

classe-entiere11

Sur le front de la création, narrative développe un projet autour de Jacques Prévert. Le travail est mené par Isabelle Fougère, la co-réalisatrice d’Alma, et Jérôme Pidoux, que l’on retrouve notamment aux commandes techniques de In Limbo. Le projet a été déposé fin janvier à la commission CNC en développement et devrait prendre la forme de « haïkus ou de formes courtes » qui racontent la diversité du monde de Prévert (autant fait d’images que de mots). Le travail est réalisé en collaboration avec Fatras, la société qui détient les droits de l’œuvre.

Autre piste de développement, déjà en germe depuis six mois, Mots d’ados imaginé par Irvin Anneix. L’enjeu de ce projet « artistico-documentaro-collaboratif » est de collecter les écrits intimes, les textos et les mots des adolescents d’aujourd’hui (c’est-à-dire depuis l’apparition des courriels). L’interface proposera des documents bruts et des vidéos et sera proposée à « un diffuseur nouveaux médias ainsi qu’à une institution muséale ».

Parmi les intentions qui ne sont pas encore des projets, narrative réfléchit autour de Gaza avec Aurélie Charon, l’une des deux auteures de Un été à Alger, et dit « s’intéresser à la thématique de l’agriculture durable », sans autre précision pour le moment.

Enfin, narrative a proposé au TVLab de France 4 Tea Time Club, une émission de Caroline Gillet, l’autre auteure de Un été à Alger. Bien leur en a pris puisque le projet a été retenu parmi les six finalistes. En cas de victoire, la diffusion interviendrait a priori en juin 2015.

Honkytonk Films – Arnaud Dressen

Chez Honkytonk, l’année sera chargée avec la sortie prévue en mai de Troubled Waters, ex-Marlisco, un projet sur les déchets plastiques et les détritus que nous rejetons dans l’océan, réalisé grâce à des financements européens. L’œuvre prend la forme d’un « film interactif choral, qui constitue un tour d’horizon de toutes les activités, dans toutes les couches sociales en Europe » et qui se penche sur « la manière dont la prise de conscience générale d’une catastrophe s’opère ».

Réalisé par Isabelle Sylvestre, le projet aborde la question des déchets autant sous l’angle sociologique (« quelles sont nos résistances au changement ? ») que sous celui du modèle de production. Aujourd’hui, Arnaud Dressen note que « la chaîne d’incinération des produits industriels ne valorise pas la réutilisation », ce qui en fait « une question lourde de conséquences, notamment en termes sanitaires ». La nécessité de la réduction des déchets est effectivement au programme des discussions de l’Union Européenne et l’œuvre, vue comme un « puzzle » et une « déambulation dans la représentation mentale de cette question chez différents acteurs (activistes, hommes politiques…) », entend sensibiliser le grand public à cet enjeu. Pas de diffuseur dédié mais « une diffusion éclatée, avec tous les partenaires du consortium » (qui développent d’autres projets, comme un serious game, des actions dans les écoles, des projets de recherche, etc.). Troubled Waters a été présenté en avant-première dans le cadre du FIFE le 5 février dernier, et fera l’objet d’une projection publique le 23 avril prochain aux ateliers Varan, dans le cadre des « rendez-vous du webdoc indépendant ».

Troubled Waters
Troubled Waters

En février, Honkytonk a également livré le programme d’accompagnement de trois documentaires de 52 minutes sur les classes moyennes pour ARTE. Le journaliste Julien Achard y proposait un fact-checking sur les idées reçues que l’on peut avoir sur ces classes moyennes.

Un autre développement, pour ARTE Creative cette fois, est en germe sur le « diktat du lisse ». Le programme portera un « regard inpertinent sur la société à travers notre relation à nos poils intimes ». Ecrit par Emmanuelle Julien et Olivier Dubois, réalisé par Adrien Pavillard, le projet de 5 épisodes de 10 minutes devrait entrer en production d’ici fin avril pour une diffusion avant la fin de l’année.

Autre projet à l’étude, celui de Benjamin Nuel, réalisateur et game designer notamment de Hotel pour ARTE, et de deux journalistes de France Info. Le dépôt du dossier de développement a eu lieu fin janvier au CNC. Arnaud Dressen reste discret sur la teneur de ce projet…

Les soirées Live Magazine, « revue vivante d’histoires vraies », seront reconduites et développées en 2015. Deux de ces soirées « éphémères » devraient être organisées, dont une en juin. La 2ème édition, qui a eu lieu en décembre à la Gaîté Lyrique, a fait salle comble. Le concept inspiré d’un format nord-américain repose sur un événement à la programmation surprise et unique, puisque non filmée.

Enfin, Honkytonk continue bien sûr de développer son logiciel Klynt, dont la V3 est sortie fin 2014. Dernièrement, deux productions notables ont été éditées avec cet outil : Profils 14-18 réalisé par Claude Vittiglio pour TV5 Monde, et Diplomates réalisé par Pierre Tringale, Judith Litvine et Thibault Soyer pour le Ministère des Affaires Etrangères. La société devrait, entre autres projets, assurer le suivi de la production interactive pour Chant Acier, un projet conçu autour de l’usine de Fos-sur-Mer, produit par Pages et Images et développé dans le giron de France Télévisions Nouvelles Ecritures.

Upian – Margaux Missika

Chez Upian, l’actualité est dominée par la sortie de Do Not Track, dont la diffusion s’étendra du 14 avril au mois de juin sur ARTE. La série documentaire réalisée par Brett Gaylor, ex-Mozilla (et surtout réalisateur de Rip the remix manifesto), invite l’internaute à réfléchir sur le tracking et l’économie du web. Participent également aux différents épisodes du projet : Vincent Glad, Zineb Dryef, Richard Gutjahr, Sandra Rodriguez et Virginie Raisson.

Do Not Track
Do Not Track

Le développement de la version européenne de Génération quoi ? avance. Comme l’indique Margaux Missika, à l’instar du projet initial pour France Télévisons, la partie antenne sera pilotée par Yami 2 et la partie web par Upian, avec des diffuseurs partenaires dans chacun des pays concernés. Si les questions seront en grande majorité les mêmes dans territoires pour « permettre à chaque pays de faire le portrait de sa génération des 18-34 ans » et d’établir une comparaison des résultats, certains sujets spécifiques, définis avec l’aide des sociologues locaux, seront abordés.

Le second trimestre 2015 verra donc la finalisation de la mise en place de la production, inédite puisque conçue avec l’Union Européenne de Radio-Télévision (UER), qui regroupe des diffuseurs dans pas moins de 56 pays. Le projet devrait voir le jour en Allemagne, au Luxembourg, en Belgique, au Pays de Galles, en Italie ou encore en Autriche et dans les pays nordiques. La liste n’est à ce jour pas exhaustive puisque des discussions sont encore en cours. Le projet web sera repensé pour pouvoir accueillir une base de données nécessairement plus importante que celle conçue pour l’expérience française. Rappelons que le programme avait recueilli plus de 240 000 réponses en France.

Avant l’été sortira Affaires Sensibles, avec Radio France. Le programme, pensé entièrement pour le mobile, mélange textes et dessins pour revisiter cinq faits divers célèbres ou emblématiques. Ecrite par Brigitte Vital Durand, cette série est dessinée par Hugues Micol (déjà présent sur Alma), Nadja, Gregory Mardon, Stéphane Trapier et Fanny Michaelis.

Upian planche aussi sur un développement avec ARTE et Sixteen Films (Rebecca O’Brien), sur un projet autour de la vie de Ken Loach. Margaux Missika livre peu d’informations, mais les combats de Ken Loach, sur le terrain social et politique, devraient être « mis en perspective avec sa vie et ses films ». La partie interactive utilisera un ensemble d’archives et devrait voir le jour début 2016. Le nom du réalisateur n’est pas encore connu mais « devrait se décider dans les semaines qui viennent ».

Enfin, c’est un secret de polichinelle dans le milieu de la création interactive : David Dufresne entame une phase de développement avec l’équipe d’Upian, en lien avec ARTE, pour un projet sur le football. Baptisé pour le moment Hors-jeu, le projet souhaite « raconter la perte d’innocence dans le football » et devrait voir le jour au moment de l’Euro 2016 qui se joue en France. Le projet en est pour le moment au tout début et rien ne filtre sur la trame narrative ou interactive.

Agat films & CIE – Ex nihilo – Arnaud Colinart

Actualité variée et très chargée pour l’année 2015 d’Arnaud Colinart à Agat films & Cie – Ex nihilo. Pas moins de huit infos à retenir, en marge d’une réflexion poussée sur l’évolution des technologies, et particulièrement l’arrivée de la réalité virtuelle…

Notes on Blindness
Notes on Blindness

En attendant, le producteur se charge de la production exécutive du volet interactif d’un important projet mené par la BBC et ARTE, Notes on Blindness. Autour d’un documentaire prenant pour base les journaux intimes de John Hull, éminent professeur devenu aveugle à l’âge de 45 ans, l’expérience interactive « qui n’est ni un jeu vidéo, ni un webdoc, mais plutôt un deep-game », propose « une logique de gameplay dans une expérience où il n’y a rien à gagner ». Le projet développé avec Creative England et produit en France avec la société Audiogaming (qui s’était notamment occupée du traitement audio de Type:Rider) vise à devenir une « expérience basée sur la spatialisation binaurale du son » pour « faire ressentir la perte de la vue et le sentiment de panique associé ». Le projet est conçu sous Unity, qui gère la spatialisation audio 3D, avec l’utilisation du WebGL pour l’intégration web. Le développement signé avec ARTE a permis de développer un prototype, de rencontrer et d’engager des partenariats anglophones (notamment avec le New York Times). Finalisation prévue pour octobre 2015 pour une diffusion en fin d’année ou début 2016.

Arnaud Colinart a également travaillé sur un accompagnement d’antenne pour ARTE, autour de l’univers de Peaky Blinders, une série que la chaîne franco-allemande a achetée. Autour de ce programme qui se déroule au début du 20ème siècle à Birmingham, Agat Films a noué contact avec Nigel Even Dennis, déjà auteur de deux sites de séries (Game of Thrones et True Detective) pour réaliser une « expérience narrative simple« , basée sur le « graphic storytelling, la data et la cartographie ». A l’instar de Real Humans et des Tudors, séries d’ARTE pour lesquelles Agat Films avait déjà planché sur des accompagnements web, le programme proposé autour de Peaky Blinders est conçu comme une véritable œuvre, et non comme un simple bonus. A voir sur le site web d’ARTE.

Autre développement autour du projet de Julie Stephen Chheng, La pluie à midi, déjà soutenu par le CNC en développement et par Orange. Cette application jeunesse est « très dure à produire car les programmes jeunesse ne sont plus la priorité de France Télévisions et ne rentrent pas dans la ligne d’ARTE », selon le producteur. La proposition mêle le print, le papier découpé et le numérique. Coproduit avec les éditions Volumique, La pluie à midi propose le récit initiatique (pour les enfants de 3 à 8 ans) d’un poisson rouge qui essaie de se faire accepter par un gang de requins en se fabriquant un aileron (et qui le perd). Le jeune internaute est amené à vivre un certain nombre d’aventures pour le retrouver. Le jeu, qui sera disponible en 6 langues à la fin de l’année, sera payant.

La pluie à midi
La pluie à midi

Depuis la deuxième saison, Agat films produit également Camweb, l’une des webséries humoristiques du studio 4 de France Télévisions Nouvelles Ecritures. Pour la quatrième saison, le budget avoisine 100.000 euros pour 12 épisodes.

En marge de La nuit du vivant, série documentaire scientifique de Geneviève Anhoury diffusée sur le site d’Universcience, Agat films va également produire une série de 22 x 3 minutes qui interroge le rapport au monde des chercheurs. A cette question : « pourquoi cherchez-vous ? », la série proposera des réponses, en interview et en animation, pour laquelle l’une des références serait le travail de Michel Gondry sur son film avec Noam Chomsky.

Agat Films participera également à l’adaptation du blog de Marion Montaigne, Tu mourras moins bête, dans le cadre de l’appel d’offre bimédia d’ARTE. En coproduction avec le studio d’animation Folimage, Agat films développe l’écriture de ce 30 x 3 minutes pour l’antenne, ainsi qu’un « dispositif d’accompagnement digital constitué notamment d’un quiz scientifique social sur Facebook ». Arnaud Colinart précise qu’il s’agit du « premier programme d’animation de cette ampleur » produit par la structure et que c’est « un axe qui va continuer à être développé car les passerelles sont plus simples entre le numérique et l’animation, qu’il s’agisse du mode de production et de l’audience ». Avis aux auteurs, donc…

Trois actualités, enfin, concernent Theo Le Du Fuentes, le réalisateur de Type:RiderLe jeu sur la typographie va faire l’objet « d’un portage sur Playstation », avec Audiogaming. Arnaud Colinart évoque un « long et douloureux combat pour obtenir les kits de développement » et la difficulté d’aborder ces questions pour un producteur cinéma. Ce portage technologique est soutenu par ARTE et correspond à l’envie d’Agat films « de se développer sur le jeu vidéo et d’envisager, à terme, de proposer des prestations similaires de portage ».

Le haïku interactif du même auteur, Le marcheur de saison, sélectionné lors de l’appel à projets ARTE/ONF, sera également en ligne à partir du 20 avril prochain.

Enfin, le même Theo Le Du Fuentes travaille à The Vandals, un « jeu d’infiltration et de stratégie dans l’univers du street-art », qui ambitionne de « faire découvrir le street-art comme Type:Rider faisait découvrir la typographie ».

Cinétévé – David Bigiaoui

David Bigiaoui continue de porter plusieurs projets interactifs, en lien ou non avec les programmes produits par Cinétévé pour l’antenne.

En production, on trouve Avides, de Thomas Bidegain, Benjamin Charbit, et Julien Goetz (pour la partie interactive, avec l’agence Stink Digital). Cette fiction transmédia, sur laquelle les auteurs planchent depuis plus de 2 ans, est un dispositif de 8 épisodes de 26 minutes pour l’antenne de France 4, autour duquel une expérience transmédia et une expérience interactive sont proposées. « La mécanique du jeu est basée sur le pari, et sera gamifiée », selon les rares informations que le producteur souhaite dévoiler sur ce projet sélectionné au Pixel Lab, pitché à Power To The Pixel, et auréolé de la bourse Beaumarchais pour la fiction et de l’aide du CNC en développement multisupports. Le tournage est prévu cet été et la diffusion est envisagée à la fin de l’année.

Opération Némésis
Opération Némésis

Un autre projet d’accompagnement d’antenne, « plus proche du transmédia », est en production sur le génocide arménien dont on commémorera le centenaire fin avril. Le documentaire antenne diffusé sur ARTE est réalisé par Bernard George (qui a déjà travaillé sur les projets interactifs Jaurès et Les Combattants de l’ombre pour Cinétévé). Il raconte le procès de Soghomon Tehlirian, jugé pour assassinat en 1921 et finalement acquitté par un tribunal berlinois.

Le programme web raconte de son côté l’opération « Nemesis », à laquelle Tehlirian a pris part, et qui consistait en un vaste commando d’agents secrets américains, téléguidé par un ancien ambassadeur arménien réfugié aux Etats-Unis ; et cela afin d’exécuter des responsables du génocide aux quatre coins de l’Europe. Le web révèle ici « une toute autre histoire que le documentaire », dixit David Bigiaoui. Le programme sera livré à ARTE fin mars.

Au stade du développement, David Bigiaoui cite la série Habiter, composée de 20 x 26 minutes pour l’antenne d’ARTE qui fera elle aussi l’objet d’un développement transmédia.

Un autre film pour ARTE sur les Courtisanes dans la peinture au 19ème siècle, prévu pour être livré au moment du lancement de l’exposition éponyme au musée d’Orsay à la rentrée de septembre 2015, va faire l’objet d’une demande de développement multisupports au CNC.

Gros dispositif com’ et marketing, ça n’a échappé à personne, autour de la série de 6 x 52 minutes, Les témoins, produite par France Télévisions (et achetée par Channel 4). En lien avec l’agence HKI, Cinétévé, producteur de la série, a proposé un contenu digital associé, comprenant un site teaser et une animation des réseaux sociaux. « On a raconté le début de la série sur les réseaux », explique David Bigiaoui, qui salue une enquête « hors-norme » disponible en français et en anglais.

Opération Némésis
Opération Némésis

Deux projets de longue date continuent également à mûrir au sein de l’équipe interactive de Cinétévé : Le meilleur des mondes (de David Duhamel, auteur principal, avec Yannick Kergoat et Julien Goetz) s’attarde sur les atouts de la France et Where is my underground, projet en fin de développement, qui trouvera sa place sur le site des Inrocks.

Un premier accompagnement web sur le sexisme en politique est également en chantier pour Canal +. Il est pensé avec Wedodata. Il s’agit d’un « questionnaire provocant qui donnera lieu à une restitution data du comportement des utilisateurs ».

Simon Bouisson, déjà attendu à France Télévisions pour Wei or Die, développe une nouvelle fiction interactive sur le registre horreur/frisson/épouvante. Premier dossier déposé fin janvier au CNC en développement.

Enfin, une fiction interactive, Ordesa, spécialement dédiée aux tablettes et développée avec l’atelier Calicot et Vivement l’Hiver, est en gestation. Le programme « positionne le spectateur dans le récit, et permet d’interagir sur la narration en temps réel » pour « une expérience sur notre propre folie ». Le projet est porté par Nicolas Peilleul, Fabien Monchatre et Ludovic Mazé.

Kids Up Hill – Mathieu Détaint

Tout juste sorti de la longue expérience sous Unity de Corto Maltese, Secrets de Venise, Kids Up Hill, alias Mathieu Détaint et Eléonore Lamothe, ne se reposent pas pour autant.

Ils ont notamment présenté le volet interactif de Planète Corps au Smart Fip@ fin janvier. Le projet sortira « à la fin du printemps ou au début de l’été » sur ARTE. Pour cette coproduction avec Mona Lisa, l’idée est de « développer une agence de voyage au ton délicieusement commercial, criard et rentre-dedans qui permet d’acheter des voyages à l’intérieur du corps humain ». Aucun paiement en vue, mais un système de « miles » qui peuvent être envoyés à des amis ou partagés sur les réseaux sociaux. Dans cet avatar de lastminute.com, l’environnement 3D « esthétique et coloré » propose des expériences « de quelques minutes en se baladant dans une capsule avec un guide ». Cinq voyages en tout, développés sous Unity, permettent de « comprendre notamment qu’il y a plus de bactéries que de cellules humaines dans le corps humain ». Innovation technologique aussi, avec la possibilité d’utiliser son Smartphone comme télécommande, ce qui constitue une forme nouvelle d’expérience second écran. Sur le web, Planète Corps proposera « un bestiaire et un ensemble de petites expériences virtuelles à faire chez soi, notamment avec des acariens ou des bactéries ».

Corto Maltese, Secrets de Venise
Corto Maltese, Secrets de Venise

Autre univers visuel, celui de l’animation inspiré des dessins de Jacques Tardi pour Un monde truqué, « œuvre originale interactive » développée en marge d’un film d’animation produit par Je suis bien content. Le film raconte l’histoire d’Avril, jeune fille (dont la voix sera portée à l’écran par Marion Cotillard) à la recherche de ses parents scientifiques disparus dans la France des années 30. Dans cet esprit « steampunk », Mathieu Détaint et Kids Up Hill s’occuperont du versant interactif, conçu comme « une histoire parallèle avec les mêmes personnages et dans l’esprit d’un conte interactif« . Si le film sortira certainement en fin d’année dans les salles, le programme web lui, pourrait voir le jour « à la fin du printemps » sur ARTE, en coproduction avec Studio Canal et en développement avec l’agence Soleil Noir.

Au printemps, une autre production, celle des Cavalières de l’apocalypse, devrait démarrer. Pour ce projet de Camille Dussolier, diplomée du Fresnoy, et « qui a eu du mal à trouver son équipe », le but est de « partir à la rencontre de 4 personnages, 4 cavalières ; prismes par lesquels l’internaute se questionne lui-même ». L’œuvre qui incite à s’interroger sur « notre propre transformation dans un monde qui change » est « à mi-chemin entre le documentaire et les arts divinatoires ». Formellement, le programme reproduira « l’équivalent d’un tirage de cartes de tarot qui permettra de découvrir des séquences vidéo ». Le projet, dont la diffusion est « en discussion », sera compatible ordinateur et tablette et accompagné de deux documentaires radio pour France Culture. Le CNC et Pictanovo ont soutenu l’initiative.

Enfin, un projet de magazine, baptisé provisoirement Le meilleur des mondes est à écrire arrive en fin de développement, pour une mise en production au printemps. Le magazine portera à la fois sur « le sens de l’innovation et les questions de société qu’elle soulève, ainsi que sur l’utopie qu’elle génère ». Porté par Guillaume Riffaud (en tant que directeur éditorial) et Nicolas Clément, « le projet abordera chaque mois, une grande question : les relations homme/machine, le transport, l’énergie, la sexualité et déroulera trois types de contenus : un état des lieux, un temps de réflexion propre à la prospective et à l’utopie et un truc un peu fou : la fabrication d’un objet du futur en s’appuyant sur un réseau de fablabs, de makers et de labos de recherche ».

Le programme est conçu pour la nouvelle version d’ARTE Future, en utilisant des médias « proches de l’univers de la chaîne, comme des animations, des GIFs animés ou des Vine ». Il bénéficiera de plusieurs partenaires éditoriaux, dont Radio France.

Un monde truqué
Un monde truqué

Plus largement, Mathieu Détaint dit vouloir développer des projets autour de la littérature, la musique, les sciences et les arts et, comme l’ensemble de ses collègues, s’intéresse et réalise au sein de Kids Up Hill des « prototypes internes » avec les dispositifs de réalité virtuelle.

Red Corner – Marie Blondiaux

Marie Blondiaux, chargée de développement du label Red Corner, qui associe les producteurs de Bellota Films et What’s Up Films, fait part des 3 projets interactifs qui vont débarquer sur les réseaux en 2015, marquant ainsi concrètement l’entrée de Red Corner dans le champ des producteurs interactifs.

Après Theo Le Du Fuentes (cf. Agat films), Charles Ayats, autre membre de l’équipe de Type:Rider, a lui aussi été sélectionné pour l’appel à projet ARTE/ONF sur les haïkus interactifs. Son œuvre se nomme Phi et consiste en « une contemplation interactive, constituée de séquences en time-lapse et slowmotion réaliséé aux quatre coins du monde ». Le but du jeu, développé avec Mathias Desloges à la technique, est de « faire défiler soi-même les images et être responsable de leur fréquence d’apparition ». Trois niveaux permettent de proposer trois modes de gameplay (les classiques débutant/medium/expert). Sortie le 30 avril sur haikusinteractifs.com.

Red Corner développe également un accompagnement d’antenne pour ARTE en marge d’un documentaire intitulé Les animaux ont-ils des droits ?, réalisé par Bernard Guerrini et écrit par Karine Lou Matignon. Le but est de s’interroger sur le droit animal, à l’heure où par exemple l’Inde a décrété les dauphins comme « personnes non humaines » et où le zoo de Buenos Aires a relâché un orang-outan pour les mêmes raisons. Le projet interactif propose d’explorer nos réactions face à l’intelligence animale « qui est un point essentiel dans ce débat » précise Marie Blondiaux. Le jeu propose ainsi « plusieurs face-à-face troublants avec l’intelligence animale ». L’originalité du dispositif, là aussi conçu avec Charles Ayats, est que l’internaute « ne connaît pas la règle du jeu, qui dépend de la capacité cognitive de l’animal en face de lui ». Le programme, antenne et web, est prévu pour une diffusion en fin d’année.

Red Corner
The Wanted 18

Le dernier trimestre 2015 verra aussi la sortie du volet interactif d’un film intitulé The Wanted 18 (Les 18 Fugitives en Français). L’œuvre d’Amer Shomali et Paul Cowan raconte l’histoire d’un village palestinien qui a décidé, pendant la première Intifada, de monter une coopérative laitière avec 18 vaches pour ne plus dépendre du lait israélien. Cet acte de « désobéissance civile » (comme l’indique la présentation des RIDM) les conduira à devoir cacher les bêtes alors qu’elles sont considérées comme « un danger pour l’Etat d’Israël ». Le documentaire part des témoignages des protagonistes, mais donne aussi accès au point de vue des vaches, en stop motion. L’application pousse plus loin ce principe en conduisant, sous la forme de BD interactives, à d’autres histoires racontées par les 4 vaches du film, avec leurs personnalités respectives. Formellement, l’interface d’accueil « prend la forme d’un hub dans lequel l’internaute peut chercher les vaches ». L’application réalisée par Akufen est l’œuvre d’une coproduction entre Dar Films, Intuitive Pictures et Red Corner. ARTE et Radio Canada sont les diffuseurs franco-allemands et canadiens et l’ONF est distributeur du film et de l’application.

Red Corner travaille également au développement d’un programme court de fiction en réalité virtuelle et d’une web-série sur le langage et la nourriture.

Nicolas Bole

One Comment

  1. Très bon boulot, je les invite aussi à découvrir le Web-Doc que nous produisons en Colombie : Pregoneros de Medellín:

    , qui sera dispo le 16 avril en ligne.

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