Anecdotique ou pas, les votants de l’Académie des César ont cette année plébiscité un documentaire animalier. Océans, le film de Jacques Perrin, a donc été primé lors de cette 36ème cérémonie. Il était notamment en compétition avec Cleveland vs Wall Street (Jean-Stéphane Bron), Entre nos mains (Marianne Otero) ou encore Benda Bilili (Florent de La Tullaye).

Si ce choix peut surprendre, reconnaissons lui tout de même qu’il couronne une forme de documentaire innovante du point de vue technique. Après Microcosmos et Le peuple migrateur, les équipes de Jacques Perrin (associé ici à Jacques Cluzaud) ont déployé une ingéniosité certaine pour filmer, comme des poissons dans l’eau, plus de 80 espèces sous-marines.
Bouteilles de plongée à circuit fermé pour que les cameramen ne produisent ni bulles ni bruit, rails de travelling deposés au fond des océans, petits hélicoptères télécommandés pour des plans au ras de l’eau… Le film a bénéficié d’un budget abyssal de 50 millions d’euros, nécessité 3 ans de préparation et un tournage dans 54 endroits du monde réparti sur 4 années.

(bande annonce)

Avec ce monde du silence ainsi revisité, Jacques Perrin voulait « toucher le cœur des gens pour imprimer leur conscience« . Nul discours alarmiste, donc. Le documentaire a été pensé comme un « hymne à la mer« , peut-être lisse mais accessible.

Si, à la sortie du film, la plupart des critiques se sont confondues en propos plus dithyrambiques les uns que les autres (« somptueux opéra sous-marin« , « magnifique et fascinante odyssée« , ballet aquatique de toute beauté« … etc.), on pouvait quand même lire, sous la plume de Vincent Ostria, dans les Inrocks:

« On a envie de clamer comme Renaud : “La mer, c’est dégueulasse, les poissons baisent dedans.” En fait, on aimerait bien le voir ce côté dégueulasse, mais ici pas question d’écœurer le chaland. On égrène les clichés comme des perles, sans se demander si ça ne frise pas le poster, ces dauphins bondissant hors des vagues et ces baleines fouettant les airs avec leurs nageoires ».

(extrait)

Océans a connu un succès certain en salles, et dans le monde entier. Près de 20 millions de dollars glanés au box-office américain, 2 millions d’entrées et 16 millions d’euros de recettes au Japon… Force est de constater que le consensuel film de Jacques Perrin a rivalisé avec les meilleures fictions internationales.

Les précisions du Blog documentaire

1. Il est assez jubilatoire de constater que l’Oscar 2010 du meilleur documentaire avait été attribué à The Cove – la baie de la honte (Louis Psihoyos). Ce film, tourné secrètement au large du Japon, s’intéressait aussi au monde sous-marin mais pour dénoncer vertement la chasse aux dauphins. Il y a 23.000 mammifères marins tués chaque année sur les côtes de l’archipel nippon: les delphinariums sont aussi gourmands que les consommateurs des grands restaurants japonais.

Ce documentaire signé par un ancien photographe de National Geographic appuyé par Richard O’Barry (le dresseur de « Flipper le dauphin« ) a connu un succès populaire nettement moins important que celui d’Océans. Moins d’un million de recettes aux Etats-Unis par exemple, mais des prix dans de nombreux festivals – Sundance y compris. Le film a été distribué en France par Luc Besson en septembre 2009.

(bande annonce)

2. La cérémonie des Oscars 2011 se tient dans la nuit de dimanche 27 février. Sont en course dans la catégorie du meilleur documentaire:

Faites le mur!, de Banksy (sorti en France en décembre 2010).
GasLand, de Josh Fox.
Inside Job, de Charles Ferguson (sorti en France en novembre 2010).
Restrepo, de Tim Hetherington et Sebastian Junger.
Waste Land, de Lucy Walker (le grand favori).

Leave a Comment

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *