Tous les mois, ou tous les deux mois, un curieux événement se tient dans un bar parisien. Aux Enfants Terribles, très exactement. Alertés sur les réseaux sociaux, différents acteurs de la scène webdocumentaire française se regroupent à la nuit tombée autour d’un verre, pour discuter de leurs projets en cours, mais pas seulement…

Pour savoir ce qui se trame dans ces rendez-vous, Le Blog documentaire a dépêché sur place la meilleure de ses « petites souris », sorte de reporter « embedded » qui nous en dit ici un peu plus sur cet événement finalement très couru…

Un jour, peut-être, nous parlerons de la « grande famille du webdocumentaire français». Un jour, peut-être, nous soutiendrons un collègue français nommé aux Oscars du webdocumentaire… En attendant ces heures de gloire, les acteurs du webdocumentaire se réunissent une fois par mois dans un bar chaleureux du 11e arrondissement de Paris pour échanger sur leurs projets, leurs envies, leurs doutes. Ce soir-là, je pars à la rencontre de ceux que je ne connais alors que virtuellement pour recueillir le plus d’informations possible sur l’actualité de ce secteur en pleine ébullition. Tous me diront combien il est agréable de se rencontrer « IRL » (in real life) !

L’expérience est en effet troublante. Aucun visage ne m’est familier lorsque je passe la porte du bar mais je connais une partie des projets de ceux qui, autour de moi, ne se doutent pas que je vais bientôt leur poser un tas de questions pour Le Blog documentaire. Mon verre commandé, je me tourne vers le seul visage familier de la salle, celui de Marianne Rigaux (@mariannerigaux, ce n’est pas parce que je préfère les rencontres « IRL » que je ne dois pas vous donner les informations essentielles pour suivre nos amis webdocumentaristes !). Commence alors une soirée pleine de rencontres et de discussions sur des sujets aussi variés que l’actualité politique, les voyages, l’histoire, la langue… À ce moment là, je ne sais pas encore que je ne rentrerai chez moi qu’à 2h du matin…

Mais revenons-en à Marianne. Heureuse de m’annoncer que son équipe vient de terminer le montage du webdocumentaire Paroles de Roumains, Marianne m’explique toutes les étapes que son équipe a réussi à franchir de la production jusqu’à la diffusion prévue courant mars. Webdocumentaire participatif sur l’intégration des immigrés roumains dans la société française financé par le CNC, l’Agence pour la cohésion sociale et l’égalité des chances, le programme européen Jeunesse en action, la fondation Soros et KissKissBankBank, Paroles de Roumains est produit par Mihai Zamfirescu (société de production multimédia Coogan), lui-même issu de l’immigration roumaine. Un projet qui mérite toute notre attention, à suivre @parole2roumains.

Marianne me présente ensuite Igal Kohen (@igalico), l’organisateur de ce quatrième apéro webdoc, et son projet « L’autre élection ». Petit retour sur un projet d’envergure très ambitieux et novateur. Igal et Marine de Saint Seine ont crée leur société de production PIW (@piw_S) fin 2009. Depuis, ils se consacrent exclusivement à la création de contenus documentaires interactifs. Alors que l’actualité politique internationale de l’année 2012 se verra monopolisée par les élections présidentielles en France, au Sénégal, aux Etats-Unis, en Russie, au Mali… L’Autre Élection s’intéressera à l’élection présidentielle en Papouasie Nouvelle-Guinée sous forme d’une web-série documentaire. Nous pouvons d’ores et déjà découvrir leur premier teaser sur Viméo qui donne envie d’en voir plus ! À suivre donc…

La soirée continue au hasard des gens que je croise et que j’interpelle avec mon carnet de notes et mon stylo bic ! « Tiens, une journaliste », se disent certains !

Alors que tous, ou presque, se connaissent déjà (le webdocumentaire reste un petit milieu !), je me laisse porter par les présentations et les rencontres dans une ambiance très agréable et conviviale. Igal me présente Sidonie Garnier (@sidoga). Juriste de formation, Sidonie ne regrette pas d’avoir quitté le métier d’avocate pour celui de productrice de documentaires au sein de la société La Maison du Directeur. Défense d’afficher (co-écrit avec François Le Gall et Jeanne Thibord) propose un parcours à travers les cinq continents, de New-York à Singapour aux côtés de 8 artistes filmés pas 8 réalisateurs, pour découvrir ce que la rue a à dire. Défense d’afficher donne la parole à ceux qui écrivent sur les murs pour rappeler qu’ils existent.
 Dans le regard de Sidonie se lit un mélange de stress et d’impatience. La sortie est prévue le 15 mars. 

De retour à l’intérieur du bar, j’essaye de repérer une cible pour « m’incruster » dans une conversation de manière tout à fait naturelle. Je rencontre alors Yolande Garcia (@yolandegarcia), une femme au parcours tout à fait atypique. Elle discute avec Hélène Marquer (@kalligraphia), étudiante venue représentée le master « documentaire de création » d’Angoulême. Toutes les deux débordent d’enthousiasme en parlant du futur projet de Yolande.  Historienne (spécialisée dans l’Histoire de l’Afrique), photographe, consultante web, Yolande est en pleine phase d’écriture d’un projet transmedia atypique (comme son parcours) et prometteur qui mélangera la fiction web, les réseaux sociaux et le documentaire télé à travers une thématique historique et sociétale. Nous suivrons la vie d’un couple des années 30 et imaginerons les liens avec la vie d’un couple aujourd’hui. Quand la petite histoire rencontre la grande grâce au transmedia ! Elle entame la phase de production et son projet pourrait voir le jour l’année prochaine. J’ai le sentiment d’être privilégiée tant je suis persuadée que l’on entendra beaucoup parler de ce projet dont Yolande ne m’a malheureusement pas dévoilé le nom… À suivre !

Quelques verres plus tard, je fais connaissance avec Anaïs Dombret (@anaisdombret) et Sylvain Pioutaz (@sylvainpioutaz) du collectif « Juste un peu flou » (@justeunpeuflou). Ces deux passionnés de voyages et de politique réalisent des webdocumentaires qui mettent en avant le rôle de l’action des hommes et des femmes dans la société. L’an dernier, Mon Faso, un webdocumentaire tourné au Burkina Faso donnait la parole à six burkinabés pour six visions différentes du pays. Cette année, en pleine campagne électorale, ils donnent la parole à six jeunes militants de six partis politiques. Pourquoi t’y crois interroge le militantisme politique des jeunes et leurs places dans la société française sans distinction partisane. Onze diaporamas sonores sont à découvrir. Le blog évoluera prochainement vers un format webdocumentaire. Un projet à suivre (@pourquoitycrois). Pourquoi pas un « pourquoi t’y crois » aux Etats-Unis, en Russie, au Mali…?

Mon Faso – © Anaïs Dombret/Sylvain Pioutaz

À côté d’eux, accoudé au zinc (vous comprendrez la référence un peu plus bas) et intrigué par mon petit carnet de notes, Florent Bouchardeau (@FloBouchardeau), journaliste formé à l’EJDG (École de Journalisme de Grenoble), m’explique son parcours et ses projets. Après la diffusion sur lemonde.fr de son projet de fin d’études intitulé « Villeneuve 5/5 », il gère, entre autres choses, la coordination des projets des nouveaux étudiants de l’EJDG. Parmi les projets qu’il coordonne : Si j’étais président 2012 (@sijetais2012), un site d’actualité politique sur la présidentielle qui invite l’internaute à partager sa vision de la campagne présidentielle. Reportages, analyses, interviews, concours photo… Le tout réalisé avec un mélange de légèreté et de sérieux tant sur la forme (graphisme digne des BD politiques) que sur le fond. L’intérêt de ce site repose dans ce mélange audacieux qui incite l’internaute à partager ses idées, ses photos, ou ses vidéos.

Toujours en lien avec l’actualité politique, Florent Bouchardeau travaille aussi sur le projet Zinc (cf. la référence de tout à l’heure, si vous l’aviez oubliée !) qui dresse le portrait de la France politique du point de vue de ses bars. L’intimité politique des français questionnée dans ce lieu de vie et de sociabilité qu’est le bistrot : un projet qui sortira juste avant le premier tour des présidentielles. Décidément, la soirée met la politique à l’honneur !

Puis, c’est au tour de Louis Villers (@LouisVillers) de me raconter ses projets. Fondateur du site webdocu.fr avec Alexis Sarini (@AlexisSarini), Louis me raconte son voyage en Irak à la rencontre des populations chrétiennes pour le projet Chrétiens en Irak, sorti le 25 décembre 2011, en partenariat avec Paris Match. Il prépare actuellement un webdocumentaire sur le rôle thérapeutique de la musique chez les personnes autistes. Tout ce que je peux vous dire, c’est que sa sortie est prévue le 2 avril, pour la journée mondiale de l’autisme. Un beau projet qui mérite un « mémo » dans vos agendas.

Les heures ne s’arrêtent plus de défiler. J’ai réussi à recueillir quelques informations mais j’ai surtout découvert des projets prometteurs et ambitieux. Pourtant, je n’ai pas encore fait le tour des personnes ayant répondu à l’appel de l’apéro. Je me tourne alors vers cette joyeuse bande assise en terrasse. Elodie Raitière (@Eol_Tair), Hélaï Hosseini (@Lai_Ho) et leurs producteurs Olivier Malaponti (@_olivier_m) et Grégoire Beaumont, (@GregCornerProd) de la société Corner Prod me présentent leur projet : La vie de château (@Laviedechateau). Le Château, c’est le nom qu’ont donné les habitants au squat de 5.000 m² qu’ils occupent dans le quartier République au cœur de Paris. Hackers, artistes, précaires, bienvenue au Château ! Comment cohabitent-ils ? Que partagent-ils ? Que revendiquent-ils ? La sortie est prévue en septembre 2012. Le teaser est d’ores et déjà disponible sur Dailymotion.

Alors qu’Hélaï me racontent ses histoires de tournage, Charles Ayats (@n_Aya) passe discrètement pour dire au revoir à tout le monde. Il ne pensait quand même pas s’en aller sans me raconter son actualité ! Je ressors le carnet de notes pour une dernière conversation. Charles se prête au jeu. Étudiant dans le master spécialisé « Interactive Digital Experiences » de l’école des Gobelins, il co-réalise Type:Rider, un jeu de plateforme typographique. Ce projet aux frontières du jeux vidéo et du documentaire est à suivre (@Typer:Rider) et sortira en 2013.

Il est 1h30, je me décide finalement à reprendre le métro même si je regrette de n’avoir pas pu parler avec tous ceux qui étaient présents. Heureusement que les apéros webdoc ont lieu une fois par mois ! J’espère au moins avoir pu satisfaire votre soif d’actualité et contenter votre veille #webdocumentaire !

Sibel Ceylan

« Type:Rider », projet en développement (Agat Films/Arte).

Les précisions du Blog documentaire

1. Un autre rendez-vous d’un genre similaire se tient aussi régulièrement à Paris. Le dernier « apéro pigiste » s’est tenu le 15 février : découvrez-en ici un compte-rendu.

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