Le syndicat des producteurs indépendants qui regroupe plus de 350 entreprises de production indépendantes a dressé depuis plusieurs mois déjà le constat d’une diminution des financements de la création audiovisuelle depuis le recentrage sur les œuvres patrimoniales opéré par la réforme des décrets dits “Tasca”. Depuis 2009, ce sont 116 millions d’euros en moins qui ont été injectés par les chaînes numériques dans la production audiovisuelle.

Quant au secteur documentaire, il se porte plutôt bien en volume, puisque la dernière étude publiée le 20 juin dernier par le CNC constate sur l’année 2010 une progression de 10 % en volume et une progression de 14 % des devis de production.

Cette bonne tendance est toutefois à relativiser car près de la moitié de ce volume est financé par des chaînes thématiques et locales (c’est à dire plus de 1200 heures). Cela signifie que la moitié du marché du documentaire français se finance au travers de micro apports et s’inscrit ainsi dans une économie très précaire. Dans cette production plus que sous-financée existe toute la diversité des formes documentaires et en particulier les documentaires à fort regard d’auteur qui trouvent aujourd’hui un espace de diffusion principalement sur les télévisions locales.

Si l’augmentation du volume de documentaire est attribué en partie à l’intérêt des chaînes de la TNT pour le genre, il faut toutefois rappeler qu’elles ne participent au financement de la production inédite qu’à hauteur de 1 % (ce qui représente la moitié de l’investissement des chaînes locales) bien qu’elles captent 25 % de l’audience de la TNT (même si ce constat est inégalement partagé entre les différentes chaînes ; certaines faisant le pari de l’investissement dans la production patrimoniale).

Il convient d’ajouter à ce constat la prédominance du documentaire de société (plus de 46 % de la production audiovisuelle aidée de documentaire) ; les autres genres représentant respectivement 8 % pour le genre géographie et voyage, plus de 6,5 % pour le genre ethnologie/sociologie et environnement/nature et 6,5 % pour le genre spectacle vivant.

Ceci confirme le phénomène de mimétisme et d’uniformisation des écritures ressenti par les producteurs et les auteurs. Les créateurs regrettent un manque de liberté pour proposer des écritures nouvelles et libres laissant une marge réduite à la prise de risque si essentielle au renouvellement de la création. Cette dernière est-elle vraiment incompatible avec les logiques de marque et d’audience ?

Le SPI a fait un certain nombre de propositions à la mission confiée par le Ministre de la Culture et de la Communication à Madame Lamour, Monsieur Gordet, Monsieur Pinsky et Monsieur Perrin :

–  un rendez-vous fortement identifié autour d’une offre documentaire “libre parcours” capable de surprendre le téléspectateur. Il s’agirait d’un espace de prestige pour des documentaires achetés et fortement labellisés “création” ;

–  un système d’aide après réalisation pour des films reconnus en festivals mais aux financements précaires ou incomplets ;

–  Des durées de droits proportionnelles aux investissements réalisés par les différents diffuseurs ;

–  Un assouplissement du seuil d’accès au crédit d’impôt qui pourrait être abaissé à 1 500 euros la minute au lieu de 2 333 euros.

Les producteurs du SPI veulent pouvoir continuer à prendre des risques artistiques et financiers, ont la volonté de faire vivre le patrimoine documentaire qu’ils produisent et de se placer en pleine responsabilité vis à vis de leurs ayant-droits dans le contexte de l’exploitation numérique des œuvres. C’est pourquoi le SPI soutient l’ARECOA, association fondée par des producteurs audiovisuels dont l’objet est le développement d’un outil facilitant la reddition des comptes aux ayants droits.

Les précisions du Blog documentaire

1. le SPI, Syndicat des Producteurs Indépendants, regroupe environ 360 producteurs de l’audiovisuel et du cinéma, indépendants de tout opérateur de diffusion et de télécommunication. Présent dans l’ensemble des organisations, institutions et commissions du secteur, il s’attache à défendre et à promouvoir la liberté de création des œuvres audiovisuelles et cinématographiques, la diversité des œuvres produites et l’indépendance des entreprises de production du secteur.

2. Vous pouvez télécharger ici le rapport du CNC sur le marché du documentaire en 2010.

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