Comment rédiger un dossier « gagnant-marrant » pour les commissions d’aide à la création ? C’est LA question qui taraude bon nombre d’auteur-e-s de webcréations… Et si les présentations les plus courantes s’inspirent encore trop fortement des habitudes ancrées dans l’audiovisuel – sujet sur lequel nous reviendrons prochainement, il existe un exemple récent de belle réussite. « Kestuf’« , la websérie d’animation documentaire qui répond à toutes sortes de questions, futiles comme fondamentales, a d’abord été un dossier de production drôle et brillant. Ses auteurs, Jeff Le Bars et François Dufour, ont en effet eu l’intelligence de montrer que la création commence au moment de l’écriture… Illustration.

kestuf-UneLire plusieurs dossiers de production à la suite peut procurer, à la longue, un effet de saturation. En cause : les tics de langage qui peuplent souvent ces documents de présentation. Exercice délicat, entre la présentation factuelle et l’intention, le dossier envoyé aux diffuseurs (et aux producteurs) constitue un premier filtre, dans notre société française beaucoup plus portée sur l’écrit que sur l’oral.

Autant de raisons pour soigner non seulement la présentation graphique, mais aussi l’adresse au lecteur : comment faire en sorte que le dossier ne le plonge dans une forme de torpeur ? Que le contexte même dans lequel il lit le dossier puisse devenir un élément du « ton » adopté dans la narration ? Avec Kestuf’, François Dufour et Jeff Le Bars ont réussi ce tour de force : décrire leur projet de websérie tout en donnant une idée immédiate de l’univers. Où comment faire rire fonctionne dix fois mieux que d’écrire : « la websérie adoptera un ton décalé et irrévérencieux »

Kestuf2Le Blog documentaire : Comment avez-vous décidé de rédiger ce dossier sous cette forme ? Vous aviez écrit une première version plus classique ?

François Dufour : En fait, nous avions commencé à écrire le dossier avec un discours plus classique. La mise en page et l’utilisation des visuels étaient déjà présentes, mais nous n’utilisions pas ce ton. La production, Kawanimation, qui a plutôt l’habitude de proposer des dossiers assez personnels, et elle nous a demandé de retravailler l’écriture, avec quelque chose de plus surprenant, qui sortirait du lot. De notre côté, nous étions assez marqués par les différents tons et types de langage recueillis dans les quelques 70 interviews que nous avions réalisées. Alors, on a décidé de s’en servir pour réécrire les textes. Au départ, nous avions d’ailleurs davantage utilisé le langage texto, en étant presque dans la caricature. On a donc allégé l’ensemble tout en gardant cette richesse de langage. On a su que le dossier était approuvé quand, à la production, ils ont ri en le lisant !

Et vous n’avez pas hésité à l’envoyer à ARTE ?

Un petit peu, si ! Mais on s’est aussi dit que ce sont les dossiers les plus audacieux qui réussissent, donc nous l’avons fait !

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