Le Blog documentaire vient souligner ici une belle initiative : StoryCode qui, depuis avril dernier, rassemble les acteurs du documentaire interactif et du transmédia autour de conférences et d’ateliers de création à Paris. Certains d’entre eux participent à la Transmédia week, organisée du 1er au 5 octobre, toujours à Paris.

storycodeTous ceux qui s’intéressent de près ou de loin aux « nouvelles écritures » disposent désormais d’un nouveau lieu pour échanger à Paris : les sessions mensuelles de StoryCode France. StoryCode ? L’appellation est heureuse : que sont en effet les nouvelles écritures si ce n’est le pari de raconter des histoires avec des lignes de code ? Le label StoryCode a été lancé à New York en 2012 par un groupe de professionnels qui se sentaient à l’étroit derrière le label « transmédia » et qui voulaient promouvoir plus librement l’émergence des nouvelles narrations. Le tout dans un esprit résolument collaboratif. Un même esprit inspire le petit groupe d’acteurs parisiens du documentaire interactif qui anime la version française de StoryCode. On y retrouve Louis Villiers (webdocu.fr), Gerald Holubowitz (Moneyocracy), Florent Maurin (« architecte narratif » de plusieurs webdocumentaires récents) ou encore Benjamin Hoguet (du logiciel de narration interactive Djéhouti). Après trois premiers rendez-vous globalement réussis, StoryCode France passe un cap en participant à la Transmédia Week, du 1er au 5 octobre 2013.

Le pari de l’initiative est clairement de mettre en chantier les nouvelles écritures. A chaque session, un auteur ou un producteur vient exposer une œuvre récemment mise en ligne. La consigne est claire : il devra aborder autant les réussites du projet que tous les ratages et les bugs qu’il a rencontré. C’est ainsi que, lors de la première édition, en avril dernier, le producteur Mathieu Détaint (Kids Up Hill) est venu relater par le menu l’aventure de The Brussel Business, le volet wed du long métrage éponyme diffusé sur Arte l’hiver dernier. Du plantage du site, le soir de la diffusion du film, au nombre de visiteurs en passant par le déroulement inégal d’un community management franco-allemand, Mathieu Détaint s’est plié de bonne grâce à un exercice fort éclairant pour qui s’intéresse aux coulisses d’un projet de narration web. Pour la deuxième édition en mai, deux figures indépendantes de la création transmédia ont été mises à l’honneur, en la personne de Balek, auteur de la fiction collaborative Yummington, et du game designer FibreTigre, auteur notamment du tout récent newsgame Crise au quai d’Orsay.

TransmediaweekvisualAvec le recul, c’est cependant lors du troisième rendez-vous de StoryCode que l’initiative a semblé prendre son envol. Précédent la présentation du Quatre Heures, stimulant projet de « slow journalism » tout récemment  lancé par un groupe d’étudiants du CFJ, ce sont Julien Goetz et Jean-Marc Manach, auteurs de La contre-histoire des Internets, qui ont littéralement passionné l’auditoire. Les deux anciens d’OWNI ont longuement raconté la genèse de leur diptyque (un film documentaire et une plateforme collaborative), évoquant notamment les réticences d’Arte et du CNC à accepter l’idée que l’on pouvait composer un webdocumentaire foisonnant en invitant les internautes à raconter en ligne LEUR histoire d’Internet. Pas moins de 600 personnes ont finalement posté un bout de récit personnel, abondant une plateforme littéralement inépuisable pour le visiteur. Réitérant une vision résolument optimiste d’Internet, défendant mordicus l’open-source et les potentialités collaboratives du réseau, les auteurs ont également confié que les internautes les ont acculés à revoir entièrement leur architecture narrative, quelques jours après la mise en ligne de la plateforme. Ils avaient concocté une série de vidéos à publier en feuilleton pendant les six semaines précédant la diffusion du documentaire TV. Les internautes l’entendaient d’une autre oreille. Pourquoi devaient-ils attendre la semaine 5 pour parler de « hack culture » ? Julien Goetz et Jean-Marc Manach ont dû tout revoir en urgence…

Les rendez-vous de StoryCode, ce sont aussi des sessions de pitch : un auteur, un producteur dispose de 5 minutes pour défendre un projet. Objectif : faire appel à la communauté pour trouver un graphiste, un producteur, un développeur, etc. Ce volet est cependant encore en phase de rodage. De l’aveu même des organisateurs, ils peinent encore à faire venir les professionnels du web, designers et développeurs en particulier, qui pourraient s’associer à la réalisation des projets défendus par les auteurs. Reste également à savoir si les animateurs de StoryCode ont raison d’ouvrir leur session de pitch tous azimuts, accueillant autant des créateurs exigeants que des projets de web-séries aussi clinquants que dépourvus de toute ambition narrative.

L’affaire est en tout cas à suivre de près. Prochaine échénace : StoryCode France participe cette année à la Transmedia Week, en organisant avec la TIU (Transmedia Immersive University), un Hackaton transmédia : 24 heures non-stop pour concevoir un projet. Nuit blanche collaborative en perspective…

Xavier de la Vega
(@xdvega)

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