Nouveau bond de l’autre côté de l’Atlantique pour Le Blog documentaire, précisément chez nos amis québécois où se déroulent, du 7 au 18 novembre 2012, les Rencontres internationales du documentaire de Montréal.

15ème édition du festival marquée cette année par l’apparition d’une nouvelle section. Docs 2.0, c’est son nom, regroupe des oeuvres interactives qui seront présentées en salles par leurs auteurs. Les explications ici de la programmatrice de cette belle initiative, Patricia Bergeron (que vous pouvez aussi retrouver sur son blog personnel).

Lorsque l’équipe des RIDM m’a approchée pour programmer cette nouvelle section, je me suis rapidement attelée à la tâche. Et quelle tâche agréable ! Mon répertoire de webdocs est déjà bien fourni mais j’ai pris le temps nécessaire de me mettre à jour, de joindre des producteurs, des programmateurs de festivals, afin de trouver les  projets les plus pertinents, récents et dignes d’intérêt pour les présenter au public montréalais. Pour cette première édition, je désirais inscrire les projets à l’intérieur du contenant qui les accueille, c’est-à-dire les Rencontres internationales du documentaire de Montréal. Un festival de cinéma documentaire, qui célèbre son quinzième anniversaire cette année.

Cinéma. Documentaire. Ces deux mots-phares ont guidé mes choix. J’ai tenté de ne pas me laisser influencer par des projets où le dispositif interactif fait de l’ombre au contenu et l’approche. J’ai donc valorisé des projets où la démarche documentaire dévoile un contenu riche, où le traitement audio-visuel est travaillé avec minutie, tout en explorant le médium qui les porte, c’est-à-dire le web, et pour certains projets, d’autres plateformes qui sont intrinsèquement liées au projet.

En février dernier, lors de la conclusion des Journées transmédia aux RVCQ, je questionnais l’intégration des projets interactifs à des festivals de cinéma. Quelques fois, ça se passe bien ; d’autres fois, le public, les projets, les dispositifs, ne s’enlignent pas du tout, créant un obscur décalage entre le monde cinématographique et l’autre monde…

Créateurs, producteurs, programmateurs se questionnent sur la manière de présenter ces projets. Visite guidée, navigation assistée, étude de cas, installations interactives, projets sur écrans tactiles, les tentatives sont nombreuses et pas toujours pour le bien-être du projet et du public. Lorsque Katerina Cizek présente le projet Out My Window sur grand écran, avec musiciens, l’expérience collective et individuelle fusionne et ça fonctionne. Le grand écran rend hommage au design, la navigation s’efface, le contenu prend vie, la musique « live » enrichit le tout. Bear 71 m’a  arraché des larmes, lors d’une présentation avec le même dispositif.

Je n’ai pas la solution idéale, ce qui est à a fois inquiétant et passionnant ! Avec le public, dans une salle, nous allons tester en temps réel la réception/projection du projet. Le passage de l’œuvre au public. Stressant mais stimulant !

Voici donc la sélection. Et au grand plaisir du public à Montréal, une discussion suivra avec les concepteurs.

1ère projection : 8 novembre 2012

Pour la première projection, deux projets à découvrir. Des explorations aux frontières : frontières réelles, frontières d’immersion, frontières géopolitiques, frontières psychologiques.

Ici, Chez soi, produit par l’ONF, aborde de plein fouet la question de la maladie mentale et de l’itinérance. Comment aider une population vulnérable à sortir de la rue ? Cinq réalisateurs (Manfred Becker, Sarah Fortin, Darryl Nepinak, Louiselle Noël, Lynne Stopkewich) pointent leurs caméras, avec rigueur et respect, sur les participants, intervenants et partenaires du projet. De Vancouver à Winnipeg en passant par Toronto, Montréal et Moncton, l’expérience révèle des parcours sinueux, humains et troublants.

Réalisateurs et producteurs seront présents.

Le projet franco-allemand Portraits de frontières (Tawan Arun et Joris Rühl) invite à une immersion dans l’univers singulier des zones frontalières européennes. Non plus lieu de transit, la frontière devient la destination, entre échange et rupture. Le webdoc présente une série de portraits de riverains et de travailleurs frontaliers qui nous révèlent des activités singulières, inquiétantes et fascinantes : la vie quotidienne aux portes de l’Union européenne.

Les concepteurs seront présents.

2ème projection : 10 novembre 2012

J’ai découvert le collectif Raspouteam il y a déjà quelques années avec le projet Désordres publics. Ils récidivent plus tard avec La commune. Pour les RIDM, ils viennent nous présenter leur dernier projet, très réussi, 17.10.61. La guerre d’Algérie fait rage. À Paris, des milliers d’Algériens manifestent contre un couvre-feu imposé par les autorités. La réponse policière ne tarde pas. Entre 150 et 200 Algériens sont exécutés. Certains corps sont retrouvés dans la Seine. C’est le massacre du 17 octobre 1961. Le projet invite à revivre cette journée occultée par la mémoire collective. Les internautes découvrent Paris, des personnages inspirés de témoignages authentiques, des documents historiques et grâce à des QR codes disséminés dans la ville, ils se retrouvent sur les lieux du massacre. Expérience web et sites réels sont intrinsèquement reliés. Raspouteam est un collectif d’artistes créé en 2005 qui détourne les nouvelles technologies à des fins politiques et artistiques, et sévit dans la rue comme à l’écran.

Deux membres du collectif seront présents.

3ème projection : 14 novembre 2012

Pour clore l’expérience DOCS 2.0 aux RIDM, deux projets où l’autochtonie est au cœur. Une visite du Sud vers le Nord du Canada et un quartier méconnu à Sydney.

Mes États*nordiques nous plonge dans l’expérience de Marie-Christine, une enseignante qui a choisi de s’envoler dans le Grand Nord québécois pour y travailler. Un voyage vers l’inconnu, la différence et la rencontre de l’autre dans le village reculé de Kangirsuk. Là où le sud semble bien au sud. À l’aube d’une exploitation massive des ressources naturelles de notre région nordique, ce webdocumentaire nous dévoile un monde en transformation à travers les yeux de Marie-Christine et ceux des Inuits du village. Un projet de Marie-Claude Fournier, réalisatrice et photographe, et Anne Laguë, journaliste.

La réalisatrice présentera son projet.

« The Block » est l’appellation d’un lopin de terre à Sydney, en Australie, où trônent des unités de logement tristement célèbres. Depuis 1971, toxicomanie et criminalité se sont côtoyées exclusivement à l’intérieur de la communauté autochtone qui a pris possession des logements. Mais c’est aussi un lieu chargé d’une histoire riche de militantisme et d’espoir. Le webdocumentaire The Block nous invite à parcourir 40 ans d’histoire à l’intérieur de ce quartier tragique à la rencontre de ceux qui y ont vécu. Une initiative de la SBS, la télévision publique australienne.

Une discussion sur Skype avec l’équipe en Australie sera lancée après la présentation du projet.

La section DOCS 2.0 est une présentation du Fonds des médias du Canada.

Pour tout savoir sur les 15èmes rencontres internationales du documentaire de Montréal.

Patricia Bergeron

Plus loin

Tous les articles de Patricia Bergeron : 

– Le Québec et ses documentaires

– Épopée.me : collusion web et cinéma

– Courez à Montréal, c’est l’heure du Festival du Nouveau Cinéma

Le blog de Patricia Bergeron

Leave a Comment

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *