Dans le sillage de la nouvelle catégorie « Impact » créée en début d’année 2019 au FIPADOC, ce cycle d’événements a été pensé pour renforcer la diffusion et l’impact de films documentaires à enjeux sociétaux. L’initiative baptisée « Films d’action(s) » réunit les forces du festival biarrot, de Kickstarter et des Canaux, maison des économies solidaires et innovantes de Paris qui accueille les projections. La prochaine se tient ce 4 décembre. Présentation.
« Il y a mille manières de changer le monde et il en a bien besoin.
Les réalisateur·trice·s, producteur·trice·s ont rarement choisi leur métier par hasard. Ils croient en l’expérience du cinéma. Ils conçoivent des films pour leur pouvoir à émouvoir et éclairer. Plus encore quand la matière est le réel. Qu’il parle de musique, de science, de politique, d’histoire, de justice, de société… le documentaire travaille la matière humaine, l’universel.
Parce qu’ils racontent des histoires humaines au sein d’une problématique, les documentaires apportent un nouveau point de vue, une nouvelle énergie et la capacité de réunir des partenaires inattendus. Certains films, par la force de leur regard sur l’environnement, les droits humains ou la justice sociale ont, en plus, une capacité à agir sur le cours des choses. Ils sont conçus dès l’idée première avec cette ambition.
Cela ne concerne pas tous les films et ça n’est pas nouveau, on a pu l’appeler cinéma « politique » ou « social » par le passé. Mais une nouvelle manière de penser et d’agir, plus horizontale, est advenue au XXIe siècle et le documentaire l’épouse avec bonheur et force pour avoir un impact sur la manière dont nous habit(er)ons ensemble la planète. »
Anne Georget
Présidente du FIPADOC
Le principe des « Films d’action(s) »
Chaque premier mercredi du mois aux Canaux, des réalisateur·trice·s et des producteur·trice·s viennent présenter leur documentaire à des acteurs du monde associatif et aux spectateurs sensibles au sujet du film : hébergement de mineurs isolés, activisme citoyen, habitat solidaire, illettrisme, etc.
À l’issue de la projection, l’équipe du film présente sa stratégie d’impact et lance une campagne de crowdfunding pour financer celle-ci. Cette initiative est pensée pour prolonger l’intention du film de manière plus concrète, que ce soit par la création d’un festival destiné aux adolescents, l’organisation d’une tournée de projections événementielles ou le développement d’une ressource multimédia destinée, par exemple, aux élus ou aux employés de Pôle Emploi.
Le but de ces « Films d’action(s) » ? Faire se rencontrer deux mondes qui se connaissent peu alors que tout les rapproche. Comme l’écrivent les Canaux :
La plupart des documentaires dits “de société” ont vocation à faire changer les choses en montrant, de manière sensible et incarnée, une facette de notre réalité commune. Bien souvent, une diffusion en festival ou à la télévision ne suffit pas à avoir un impact réel. Pour faire bouger les mentalités et les comportements, il faut accompagner ces films, les montrer à des publics différents, en débattre, les relayer.
L’économie sociale et solidaire, ou “ESS”, aspire elle à changer la société par le biais de l’entrepreneuriat responsable et l’activisme économiquement pérenne. Pour mener leurs actions et interagir avec leurs publics, les acteurs de l’ESS cherchent à s’appuyer sur des contenus originaux et pertinents.
L’ESS peut apporter de nouveaux circuits de diffusion et d’exploitation aux films documentaires ; les films documentaires peuvent aider les acteurs de l’ESS à faire passer leurs messages.
Défi de solidarité
La première projection s’est tenue le 6 novembre dernier. Caroline Darroquy et Anne Richard présentaient leur documentaire Défi de solidarité, et lançaient une campagne de financement participatif dans l’espoir de créer le Festiv’Alerte. Un mois après, c’est un succès : plus de 5.000 euros ont été récoltés pour lancer cet événement.
Le documentaire de Caroline Darroquy et Anne Richard raconte comment, à Paris, un réseau de bénévoles se mobilise pour héberger de jeunes mineurs isolés, migrants, qui errent dans les rues de la capitale. Ce film souligne avec délicatesse la générosité et la solidarité de ces habitants, mais il montre aussi les limites d’un engagement qui ne saura se substituer à une véritable politique d’accueil de ces enfants sur le long terme.
Pour appuyer le propos du documentaire, Caroline Darroquy a imaginé deux jours de rencontres qui mêleront des débats, des projections de films et des expositions photo (dont celles, magnifiques, de Géraldine Aresteanu rassemblées sous le titre « STOP KIDding« ). L’événement est conçu pour toucher aussi les publics scolaires, et une lettre sera proposée à chaque visiteur qui aura la possibilité de la signer pour la renvoyer à la mairie de Paris ainsi qu’au Ministère de la justice. D’autres actions, plus ambitieuses encore, dépendront des moyens récoltés…
Le programme
- Le 4 décembre 2019 : La ville monde d’Antarès Bassis (Les Films du Balibari)
Inscription gratuite et obligatoire
Depuis la fin 2015, l’afflux de migrants s’est considérablement accru dans le nord de la France. Le maire de Grande-Synthe, soutenu par Médecins Sans Frontières et contre l’avis de l’État, a ouvert au lieu-dit La Linière, un camp « humanitaire et provisoire » pour 2.500 réfugiés. Mais selon Cyrille Hanappe, architecte utopiste, le provisoire devient parfois définitif. Il faut, selon lui, envisager cette construction éphémère comme un nouveau quartier de la ville, qui ouvrirait un champ des possibles tant pour les réfugiés qui s’y installent, que pour les habitants qui accueillent.Quelle inspiration peut naître d’une volonté de changer le monde, quand l’urgence emporte toutes les énergies ?
ACTION ! L’équipe du film proposera un cycle de projections qui permettront d’inviter son élu pour débattre.
- Le 15 janvier 2020 : Just kids de Mathias Pardo (La Onda Productions et My Box Production)
Steve, Issouf et Dian Malal, 16 ans, sont arrivés seuls en France depuis le Cameroun, la Côte d’Ivoire et la Guinée. Livrés à eux-mêmes, ils se battent pour prouver leur minorité aux autorités françaises afin d’être mis à l’abri. Une équipe de foot au destin hors du commun va alors les réunir et changer leur vie.
ACTION ! L’équipe du film proposera une tournée de projections et de matchs de foot avec l’équipe présente dans le documentaire et des équipes locales.
- Le 4 mars 2020 : Au pied de la lettre de Marianne Bressy (Les films de l’autre côté)
Gérard raconte une vie d’illettré, son combat pour exister. Aujourd’hui, il sait enfin lire et écrire, pourtant ces choses simples de la vie quotidienne continuent d’être angoissantes, paralysantes. Comment alors exercer un métier ? Comment devenir père et transmettre ? Comment réapprendre à s’aimer ? Ce film témoigne de l’aventure d’un homme en quête de son identité. C’est le récit initiatique de son cheminement vers le savoir. Un voyage intérieur pour reconquérir son image, sa place dans la société, et redevenir enfin l’acteur de sa propre vie.
ACTION ! L’équipe du film proposera de créer une ressource digitale s’appuyant sur des extraits du film et d’autres contenus audiovisuels comme des tutoriels, à destination des travailleurs sociaux et des fonctionnaires de Pôle Emploi ou des municipalités.