Nouvel épisode de notre podcast « L’Atelier du Réel », qui vous emmène dans les arcanes de la création documentaire. Entretiens avec des auteurs, réalisateurs, monteurs, producteurs, diffuseurs… qu’ils travaillent pour le cinéma, la télévision, l’internet, le théâtre… A chaque épisode, trente minutes de conversation pour tenter de saisir quelques choses de leur manière de travailler avec le réel. Troisième épisode avec François Bégaudeau, réalisateur de « Autonomes », un film étonnant et très politique qui sort dans les salles françaises ce 30 septembre 2020. L’entretien est réalisé par Marie Baget.
« Cela fait très longtemps que la question de l’autonomie m’intéresse car, pour moi, c’est la pierre d’angle de tout un édifice politique. Qu’est-ce que c’est que lutter politiquement, et socialement ? C’est toujours arracher des bouts d’autonomie à un ordre social qui nous rend dépendant. Cela fait donc très longtemps que j’ai un regard attentionné et amical vis-à-vis de tout un tas de modes de vie alternatifs qui, justement, essaient d’échapper à tout ça. »
« J’aime assez que l’art, et le documentaire par exemple, nous foute un peu la paix sur les opinions. Et que l’on se donne dans l’art des espaces où l’on puisse regarder et entendre des choses sans tout de suite se demander si on est pour ou contre. L’art nous permet cela, et je trouve que c’est chaque année plus précieux à l’heure où on vit dans une espèce d’hystérie de l’opinion. »
« Si on lisait maintenant la note d’intention, on se rendrait compte qu’elle ressemble beaucoup au film. Et c’est à la fois une force et une faiblesse. La force, ça veut dire que j’avais quand même les idées claires, et qu’elles n’étaient pas si cons puisqu’elles ont tenu l’épreuve de l’incarnation. La faiblesse, c’est que je crois que je ne me suis pas rendu assez disponible à certains moments. Le film était trop écrit dans ma tête, et il y a des choses que je n’ai pas explorées alors que j’aurais pu. Je m’en veux beaucoup ! »
« Qu’est-ce que cela veut dire l’autonomie dans le cinéma ? Cela veut dire s’auto-produire, et s’auto-financer. C’est pas compliqué, mais est-ce que c’est possible ? Cela signifie de se passer des guiches officiels, évidemment du CNC, des chaînes de télévision (et c’est vraiment la plaie, ce sont elles qui foutent en l’air le cinéma français, et je n’ai pas peur de le dire, quoiqu’il m’en coûte comme dirait Emmanuel Macron), et des guichets régionaux. Ils aident des films, ça peut être super, mais en même temps, est-ce qu’on est obligé d’aller constamment se compromettre à faire des dossiers auxquels on ne croit pas soi-même pour requérir de l’argent à des guichets dont les critères seront toujours un peu opaques ? »
J’ai 80 ans et bien qu’ ancienne eleve de lidhec jai du faire tous mes films (25 enviro n) sans production en me de merdant….question de temperament? Lassitude du systeme; ras le bol de la paperasserie et du temps à ecrire des dossiers…je pense avoir une oeuvre trop peu vue. Ne renie aucun de mes films…et je continue…mais il faut vraiment avoir la fritte…