Nouvel évènement en salles pour Le Blog Documentaire qui s’associe avec L’autre Ecran et la mairie du 2ème arrondissement de Paris pour vous proposer la projection de deux webdocumentaires sur l’Algérie : « Dans les murs de la Casbah », réalisé par Céline Dréan et produit par Vivement Lundi !, et « Un été à Alger », d’Aurélie Charon et Caroline Gillet avec quatre réalisateurs algériens, produit par Narrative.

Séance inédite qui se déroulera ce mardi 6 novembre à partir de 19h30 à la salle Jean Dame. Au programme : le film de 52 minutes réalisé à partir du webdocumentaire « Un été à Alger » (c’est une exclusivité!) et une déambulation dans les murs de la Casbah, assurée par la réalisatrice Céline Dréan. Les débats seront animés par une partie de l’équipe du Blog documentaire, et pourront se poursuivre ensuite non loin de là, au Café Reflets.

Les expérimentations et les rapprochements entre les salles de cinéma et les écrans d’ordinateur sont, de notre point de vue, de réjouissantes opportunités pour tenter de créer des passerelles entre le documentaire d’auteur, habitué des salles obscures, et le webdocumentaire d’auteur, cantonné jusqu’ici à un visionnage personnel, ou du moins privé.

C’est dans cette optique qu’a été pensée cette séance spéciale, qui sera aussi l’occasion de vivre deux expériences très différentes, et peut-être très complémentaires : d’abord, un webdoc dans sa version relinéarisée inédite, puis une autre réalisation en mode déambulatoire.

Dans les murs de la Casbah n’en est pas à son premier essai : nous avions ainsi participé à la première présentation publique du webdocumentaire aux Champs Libres de Rennes. Public curieux, et public conquis : l’expérience avait été un succès. Nous écrivions alors :

Le webdocumentaire n’est plus ce petit objet plus petit que vous. Projeté sur un écran de cinéma, il oblige à lever la tête et acquiert un pouvoir d’attraction incomparable dans sa dimension cinématographique. Céline Dréan, pour une dernière fois finalement, reprend la main sur sa narration, et guide les spectateurs sur un parcours qu’elle a elle-même prédéfini. L’expérience ne relève pas encore de la co-construction d’un discours : l’auteur accompagne le futur webspectateur en commentant ses choix de cheminement, et en distillant quelques informations sur la fabrication même de son objet. On parcourt donc les ruelles de la casbah d’Alger, on rencontre des femmes, un imam… Affleure alors le passé – l’indépendance du pays – qui se mêle au présent – la vie quotidienne, les rapports de genre…

D’une manière assez inattendue, le webdocumentaire se couvre d’une nouvelle couche informative. A mesure que défilent les modules vidéos, les mots de l’auteur ajoute une strate narrative supplémentaire– et évanescente – à l’expérience. Le multimedia démultiplié par la projection publique, l’interactivité en moins. L’envie de reprendre le contrôle de la souris opère par moments…

Gageons que cette nouvelle expérience, salle Jean Dame à Paris, permettra de « monter d’un cran » dans les potentielles interactions qui peuvent se jouer entre la salle de cinéma, l’écran de projection et l’auteur du webdocumentaire.

Toute autre proposition avec Un été à Algerpuisque nous vous proposons la version linéaire du webdocumentaire apparu sur la Toile l’été dernier. Le dialogue qui pourra s’établir entre ces deux œuvres, et ces deux formats, suscitera sans doute des sensations et des (pistes de) réflexions inédites chez les spectateurs. La confrontation des deux objets produira alors peut-être « quelque chose de plus » que les deux webdocs pris séparément.

Et avant de vivre cette soirée, retrouvez ci-dessous les quatre questions que nous avons posées à Laurence Bagot et Cécile Cros, les deux productrices de Narrative qui ont développé Un été à Alger.

*

Le Blog Documentaire : Comment avez-vous vécu l’expérience live d’Un Eté à Alger ? Des difficultés majeures sont-elles apparues ? Qui a géré le travail de community management sur les réseaux sociaux, une fois le webdoc lancé ?

Narrative : On voulait expérimenter une certaine instantanéité, en tout cas que les réalisateurs à Alger ont tourné, monté et mis en ligne dans la foulée. On voulait prendre le temps, dans la mise en ligne, de construire progressivement ce portrait d’Alger à 4 caméras, d’installer le projet dans l’été : six semaines d’une expérience de « cinéma-live ».

Lamine Ammar-Khodja s’est lancé dans un journal à la première personne ; Hassen Ferhani a exploré le quartier de Cervantès sur les traces de Tarzan, de Don Quichotte ; Amina Zoubir s’est filmée en train de prendre la place des hommes dans des lieux qui leur sont plutôt réservés ; et Yanis Koussim a décidé de raconter ses nuits à Alger. On avait d’abord pensé à un rythme de mise en ligne quotidien avec un jour de la semaine pour chacun. On s’est dit que ça allait être compliqué (il y a des jours sans Internet à Alger) et que c’était bien de garder l’approche collective : chaque semaine, on mettait en ligne un nouvel épisode de chacune des histoires. On les annonçait le vendredi via les médias sociaux ainsi qu’aux audiences des co-diffuseurs et partenaires (TV5 Monde, Algérie-Focus, Libération et Dailymotion).

Six semaines un peu tendues, ça a impliqué une super organisation en post-prod, sur place notamment. Ici, on n’a pas eu de problèmes majeurs, on a pu prendre le temps de faire un mixage son des films, grâce à des allers-retours de disques durs entre Paris et Alger.

C’est Aurélie Charon et Caroline Gillet qui ont majoritairement géré l’animation du projet sur les médias sociaux. Elles avaient créé une page Facebook au moment de la série Alger, nouvelle génération pour France Inter l’été précédent, et on a décidé de la garder comme page du projet, puisque c’était vraiment la suite de leur histoire avec Alger. Elles y ont relayé les mises en ligne chaque semaine. Certains des réalisateurs se sont aussi servis de Facebook comme Yanis qui a appelé à filmer la nuit à Alger aux mêmes heures que lui, en créant une page dédiée à son projet.

Quel retentissement a eu le projet en Algérie ? On sait que Lamine Ammar-Khodja, l’un des réalisateurs, a obtenu un prix au FID : est-ce que cela incite les jeunes réalisateurs à s’intéresser davantage  au documentaire et au web ? 

C’est Algerie-Focus qui a co-diffusé Un été à Alger en Algérie. On n’a pas pu éviter les difficultés  de connexion, même en donnant accès aux vidéos directement sur Dailymotion. Cela dit, le projet suscite un véritable intérêt : la seule émission de radio algérienne sur le cinéma (Microciné sur Radio Alger Chaine 3) vient de lui consacrer une émission entière, et les 24 séquences sont diffusées à la cinémathèque lors des Journées cinématographiques d’Alger. Quant au prix de Lamine au FID, on peut imaginer que c’est assez « aspirationnel » pour d’autres jeunes réalisateurs. Ce qui est apprécié, semble-t-il, dans Un été à Alger en Algérie, c’est justement que les 4 propositions soient si différentes !

Vous sortez bientôt un 52 minutes du projet : en quoi le webdoc a-t-il joué dans la réalisation de ce programme linéaire ? Le film aurait-il été le même sans les modules webdoc ?

Depuis le départ, Un été à Alger est un projet transmédia, à l’initiative d’Aurélie Charon et Caroline Gillet. Le projet commence par une expérience collective en ligne sur Un-ete-a-alger.com, où se sont accumulés pendant 6 semaines cet été les films de 4 réalisateurs algériens Lamine Ammar-Khodja, Hassen Ferhani, Yanis Koussim et Amina Zoubir. On est plongé dans leurs récits parfois surprenants, sans intermédiaire et sans explication, avec l’objectif de dessiner progressivement un portrait sensible et subjectif de cette ville, si peu filmée.

Le 52 minutes, destiné à la télévision, propose un tout autre dispositif : Aurélie Charon et Caroline Gillet nous font partager leur conversation avec les 4 réalisateurs autour de la question : comment filmer Alger ? Ils racontent leurs films, ils parlent de leur perception de la ville aujourd’hui et questionnent leur identité. Leur propos sont illustrés par des extraits de leurs films pour un-ete-a-alger.com (c’est d’ailleurs génial de voir ces images à la télé).

Les deux projets sont intimement liés depuis le départ et ne pourraient pas exister l’un sans l’autre. Ils peuvent cependant être vus de manière indépendante dans des contextes et par des audiences différentes.

Un été à Alger, c’est d’ailleurs aussi une installation, que l’on pourra voir au Théâtre Liberté à Toulon pendant un mois, à partir du 24 octobre : une mise en espace des images, pour être immergé dans la ville, comme téléporté juste de l’autre côté de la Méditerranée.

Avez-vous vu « Dans les murs de la Casbah », de Céline Dréan, qui sera diffusé en live en même temps qu’Un Eté à Alger, le 6 novembre prochain ? Si oui, qu’en avez-vous pensé et trouvez-vous votre approche documentaire et web complémentaire ?

On est allé le voir ! C’est amusant, parce que la Casbah est justement la partie d’Alger que l’on voit le moins dans Un été à Alger. Le parti-pris de Dans les murs de la Casbah est très différent : c’est un projet scientifique d’exploration d’un lieu particulier dans la ville  qui nous propose de questionner cet espace, ce qu’il nous raconte sur la société en demandant à des chercheurs  de décrypter ce que l’on voit (on aime beaucoup Fatma Oussedik qu’on a eu la chance de rencontrer à Alger). Un été à Alger serait plutôt une déambulation dépaysante dans la ville : pas de repères, pas de carte, le parcours se fait à travers les regards des cinéastes, une découverte d’Alger intime et sans filet.

Plus loin

« Dans les murs de la Casbah », un webdoc de Céline Dréan

Webdocu Actu : « Un été à Alger » (Aurélie Charon, Caroline Gillet)

Quand le webdocumentaire fait son cinéma…

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