Où en sont les efforts des régions françaises dans l’aide à la création (web)documentaire ? Alors que la Commission européenne vient d’adopter la « Communication cinéma et audiovisuel » maintenant les équilibres existants et la notion de territorialité, Le Blog documentaire dresse ici un état des lieux des soutiens régionaux, en reprenant certains éléments chiffrés du dossier paru dans Le Film Français en décembre 2013. Documentaires dits « classiques » ou webdocumentaires, vous saurez tout ici de ce que vous pouvez espérer… Recensement réalisé par Sibel Ceylan.
C’était pourtant l’une des pionnières en la matière, mais la région Franche-Comté a fait tomber un tabou. En supprimant son aide à la production de films fin 2012, elle a ouvert une brèche dans le paysage des appuis régionaux à la production. Après avoir soutenu plus de 350 films en 20 ans, la présidence (socialiste) de la région voulait réaliser une économie de 335.000 euros. En 2012, sept documentaires avaient été aidés pour un montant moyen de 22.000 euros par projet. La région avait également soutenu un premier webdocumentaire : Défense d’afficher, produit par La Maison du directeur. L’Association des Producteurs Audiovisuels Rhin-Rhône (APARR) dénonçait alors un manque de concertation, et avait lancé une pétition.
Alors, qu’en est-il un an après ? Estelle Cavoit, chargée de mission à l’APARR nous confie que « la pétition lancée par l’APARR et la conférence de presse organisée avec l’intervention de producteurs et réalisateurs (Catherine Siméon, Dominique Garing, Samuel Collardey, Antoine Page, Jean-François Stévenin) ont porté leurs fruits. En effet, trois nouvelles aides ont été mises en place pour les producteurs et réalisateurs régionaux, et certains dispositifs d’aides économiques ont été ouverts aux sociétés de production locales. Ces aides sont le fruit de négociations avec la région, qui n’a pas souhaité remettre en place le fonds de soutien. Elles vont permettre de créer une nouvelle dynamique, même si elles ne remplaceront pas les bénéfices d’un fonds d’aide, c’est évident. Il n’existe plus de bureau d’accueil des tournages et les productions extérieures ne bénéficieront plus de l’aide financière de la région pour venir tourner sur le territoire… ». Aujourd’hui, la région Franche-Comté soutient donc l’innovation, à savoir la création de projets nouveaux médias (webdocumentaires et web-fictions interactives), mais aussi le documentaire de création, le court-métrage de fiction et les « talents émergents » (une aide spécifique est consacrée au premier film). Tous les détails ici.
Quid des autres régions ? Certaines pourraient-elles être tentées d’imiter l’exemple franc-comtois en revoyant totalement leur système de subventions ? Quelles sont les politiques mises en place ? Quelle aides, quelles initiatives pour aider le (web)documentaire ? Si la tendance n’est pas à l’augmentation exponentielle des budgets, les dispositifs sont nombreux, variés et encourageants. Plus de 46 miullions d’euros ont ainsi été dépensés en 2012 pour les aides à la création, avec une moyenne de 14.453 euros par projet documentaire (592 initiatives aidées l’an dernier, en baisse de 2,5%). La plupart des régions attendent désormais les conclusions des conventions de 2014 imposées par l’Union Européenne et vivent une période de transition. Aujourd’hui, certaines collectivités montrent plus de dynamisme que d’autres en matière de soutien au documentaire. Quant aux aux nouveaux médias, ils font l’objet de questionnements, de doutes. Quelles sont les règles et les modalités d’intervention dans ce domaine qui est plutôt jeune et qui demande de l’attention ? Quelle part du documentaire dans les différents dispositifs ? Revue de détail.
Le documentaire et le webdocumentaire à l’honneur
La région Basse-Normandie a relevé le plafond de ses aides en 2012. Celui de la production de documentaires est ainsi passé de 25.000 à 35.000 euros. En 2012, une dizaine de films ont été aidés en production, dont Ils se battaient pour la Bretagne de Vincent Jardin (30.000 euros) ou Une métamorphose de Christophe Bisson (25.000 euros). La porte est également ouverte aux projets de webdocumentaires de création, mais l’aide n’a pas encore trouvé preneur. Précisions à lire sur le site de la Maison de l’image.
Sa voisine, la région Haute-Normandie, commence a récolter les fruits de son soutien aux nouvelles écritures et aux nouveaux médias. En effet, le Pôle image de la région propose une aide de 15.000 euros à la création numérique et au transmédia. Une appui spécifique aux « images différentes », d’un montant de 7.000 euros, concerne le film « non-narratif » ou à narration « différente » (par exemple les films expérimentaux, les installations ou les créations vidéo en lien avec le spectacle vivant). Ainsi, en 2012, la région a soutenu son premier webdocumentaire : Grand écart, de Moïse Gomis, portant sur des immigrés hébergés dans un foyer d’accueil.
Il y a quatre ans, la région Aquitaine et les départements de la Dordogne et des Landes ont mené une action commune pour soutenir la création audiovisuelle en investissant 2,2 millions d’euros. Le Fonds de soutien à la création et à la production cinématographique et audiovisuelle atteint aujourd’hui 1,5 millions d’euros grâce au partenariat avec le CNC.
Mais la région tient également, et peut-être avant tout, à renforcer son tissu local en aidant les sociétés à s’implanter. Ce pari se révèle gagnant puisque plusieurs sociétés se sont installées dans la région : Dublin Films, Sister Productions, Captures Productions, Marmita Films ou encore Once Upon (notamment producteur délégué du documentaire transmédia de Claire Simon Gare du Nord). Des précisions sont à lire le site d’Ecla.
L’an dernier, après une réorganisation interne et une révision de l’ensemble de son dispositif de subvention, la région Alsace a consacré 60% de son fonds d’aide au documentaire (environ 1 million d’euros). Elle s’est notamment ouverte aux nouveaux médias en participant à deux projets interactifs. Le Défi des bâtisseurs, la cathédrale de Strasbourg a reçu une aide de 120.000 euros, également répartie entre la région et la Communauté Urbaine de Strasbourg (CUS). Portée par la société alsacienne Seppia, en partie réalisé en 3D, le documentaire décliné en webdocumentaire raconte l’histoire des maîtres d’œuvre qui ont édifié la cathédrale de Strasbourg. Il a été diffusé sur ARTE.
Le second projet aidé, Bielutine, la fabuleuse histoire d’une collection, est un webdocumentaire de Clément Cogitore (création interactive de Tawan Arun). Il prolonge et complète le film du même auteur, également diffusé sur ARTE (Bielutine – Dans le jardin du temps), sous forme d’enquête interactive autour de la collection d’art ancien d’Ely et Nina Bielutine.
Le documentaire n’est pas en reste non plus en Alsace puisque La Grande Guerre, une série de huit docu-fictions (8×52’) sur la vie quotidienne pendant le première guerre mondiale, est soutenu par la région (100.000 euros) et la CUS (75.000 euros). En résumé, la région aide l’écriture (5.000 euros), le développement (10.000 euros) et la production documentaire audiovisuelle et nouveaux médias (30.000 euros).
La région Rhône-Alpes renforce elle aussi son soutien aux nouveaux médias. Ce virage s’est concrétisé et affirmé grâce à la création d’une aide spécifique dotée d’une enveloppe de 130.000 euros (prochaine échéance le 30 avril 2014). La plupart des projets aidés sont des webdocumentaires ou des projets transmédia documentaires. Le projet 1914 Dernières nouvelles, de Bruno Masi (produit par Les Films d’Ici), a par exemple reçu la somme de 20.000 euros. Conçu comme un journal web, ce programme raconte le quotidien des citoyens Français, Anglais et Allemands, au jour le jour de janvier à août 1914 – veille de la Première Guerre Mondiale.
La région Rhône-Alpes incite également les collaborations entre les différentes sociétés telles que les sociétés de production audiovisuelle classique, de production musicale ou les agences web. Mais la grande particularité de la région, c’est le département ardéchois ! Celui-ci a en effet consacré 100% de son fonds d’aide (20.000 euros) au documentaire en 2012 et 75% en 2013. Chaque été, le festival de Lussas fait d’ailleurs de l’Ardèche la terre fertile du documentaire. Davantage d’information sur le portail de Rhône-Alpes cinéma.
Il en va presque de même pour la Corse tant celle-ci fait figure d’exemple en matière d’aide au documentaire. L’île de beauté consacrait 70% de son fonds d’aide au documentaire en 2012, soit environ 1,5 millions d’euros. Le pourcentage du montant investi dans le genre a doublé en un an. Les sociétés régionales (Stella Productions, Les films du Tourbillon, Mareterraniu) et les coproductions avec des chaînes de télévision locales bénéficient de cette hausse du fonds. En revanche, elle ne prévoit pas encore d’aide spécifique aux projets numériques. L’année qui vient de s’écouler a vu la Corse se réorganiser dans un grand service de l’audiovisuel, du cinéma et de l’image animée. Les détails sur le site de la Collectivité territoriale de Corse.
Si son fonds d’aide est en constante augmentation, la région Languedoc-Roussillon ne se repose pas pour autant sur ses acquis. Elle développe de nouveaux dispositifs, ajuste ses aides, crée des enveloppes spécifiques pour favoriser les productions locales et l’implantation régionale. Chaque année, l’accent est mis sur un genre particulier. En 2012, les longs-métrages (dont deux documentaires) ont eu la part belle, succédant ainsi aux projets de séries télé. Les nouveaux médias ne sont pas oubliés puisqu’une aide spécifique pour les applications mobiles vient d’être lancée, avec un plafond fixée à 30.000 euros. Prochaine échéance le 7 mars 2014.
Pour fêter les 10 ans de son fonds d’aide, la région PACA a créé une enveloppe pour le transmédia, après avoir transformé son soutien en fonds d’investissement. Déjà depuis 2011, la région soutient l’écriture et le développement de projets cross-média avec le pôle de compétitivité Primi. Cette année, elle a mis en place un fonds de 50.000 euros spécifiquement dédié à la formation des auteurs et des producteurs transmédia. Une stratégie intéressante qui donne confiance aux jeunes talents et aux acteurs d’un genre novateur encore peu exploré. Parmi les projets ayant déjà été bénéficié de ce soutien : Marseille, quai de la fraternité à hauteur de 17.500 euros (Les Productions du Lagon), Piero Queen et Monsieur et Madame Flash à hauteur de 7.500 euros chacun (Les Films du Tambour à Soie). Ce dernier projet de web-série réalisée par Pauline Fougère est développé avec Once Upon, et nous plongera bientôt avec humour dans les années 60. Les dossiers pour la prochaine session sont à déposer avant le 31 mars.
La région Nord-Pas-Calais : un cas d’école dans l’aide à l’innovation
Né de la fusion entre le CRRAV (Centre Régional des Ressources Audiovisuelles) et le Pôle Image de la région Nord-Pas-de-Calais, la toute jeune structure Pictanovo réunit le cinéma, l’audiovisuel, les nouvelles technologies et les nouveaux médias dans le but de favoriser la création de projets innovants. Très active et volontaire, cette nouvelle structure fait souffler un vent de fraîcheur sur la création et la production audiovisuelles. Accroître la synergie des talents pour réinventer l’audiovisuel de demain, voilà un beau programme qui mérite attention ! Cette nouvelle structure investit chaque année 4,5 millions d’euros grâce à trois grands fonds existants. Le premier, « Expériences Interactives », doté de 1,5 million d’euros, a notamment soutenu l’an dernier la bande-dessinée animée et interactive Je vous ai compris (Magnificat Films et 3D Duo Tourcoing), adaptée du téléfilm éponyme diffusé sur ARTE. Cet automne, les journées « Expériences interactives 2013 » ont permis de retenir 47 lauréats. Parmi eux : 13 fois Dunkerque, un webdocumentaire mélancolique de Frédéric Touchard qui part sur les traces d’un film muet de 1913 sur le littoral dunkerquois ; C’est quoi l’idée, une version serious game de la série animée philosophique pour enfants, produite par Planet Nemo Interactive ; ou encore La vallée des reines, une expérience interactive sur les enjeux de la préservation de l’eau du Nil (Bambasi Prod). L’originalité et la force de ce fonds d’aide repose surtout sur sa dimension multirégionale et européenne.
Les autres dispositifs de Pictanovo sont le fonds « Casper », consacré à l’animation, le fonds « Cinéma/TV » qui a soutenu la dernière Palme d’Or La Vie d’Adèle ou la série documentaire Juifs et Musulmans, si loin si proches, et le fonds dédié au monde associatif. Pour favoriser le dialogue entre les acteurs locaux et les diffuseurs nationaux, la région Nord-Pas-de-Calais organise également l’opération « DocuRégio » : des rencontres et des tables rondes qui regroupent dix régions et dix chaînes de TV nationales. Pictanovo entend également développer les coproductions transfrontalières à travers des workshops et des débats autour du développement de projets multiplateformes – et notamment du côté de la Belgique…
Le documentaire classique avant tout
Plusieurs régions préfèrent se consacrer à l’aide au documentaire classique, non par désintérêt pour les nouveaux médias mais bien souvent par défaut – les projets reçus étant souvent jugés trop peu qualitatifs. Preuve en est par exemple avec la région Midi-Pyrénées. Celle-ci avait dédié une enveloppe de 20.000 euros à la production multimédia, mais les projets reçus se sont avérés trop linéaires, et trop éloignés des critères de sélection de cette aide spécifique. En 2012, cette enveloppe n’a donc pas trouvé preneur ; les prochains candidats ont jusqu’au 18 avril pour déposer leurs dossiers.
En revanche, la qualité des projets de longs-métrages documentaires était bien présente. C’est ainsi que J’avancerai vers toi avec les yeux ouverts, de Laetitia Carton, a été aidé à hauteur de 45.000 euros (projet déjà soutenu par les régions Auvergne et Limousin) et Vendanges de Paul Lacoste, tourné autour des vignes de Gaillac, a reçu 60.000 euros. Dernièrement, la commission permanente de la région a débloqué une aide globale de près d’un milion d’euros pour le développement ou la production de 37 documentaires, courts ou longs-métrages. Parmi les projets soutenus figurent notamment Qui a tué Jaurès ?, un documentaire-fiction de Philippe Tourancheau relatant la dernière journée de Jean Jaurès, assassiné le 31 juillet 1914.
Au même titre que la région Midi-Pyrénées, la région Bretagne entend diversifier son champ d’action. Celle qui reste très sollicitée pour son aide au court-métrage souhaite désormais s’ouvrir à d’autres formats. C’est la raison pour laquelle elle a récemment débloqué une enveloppe spécifique de 30.000 euros (dont 5.000 abondés par le CNC) pour l’aide au webdocumentaire. Malheureusement, elle a été sous-consommée faute de projets intéressants retenus. Après Dans les murs de la Casbah en 2011, c’est Tweet-tweet de Clode Hingant (Spiral Productions) qui a été soutenu l’an passé à hauteur de 9.000 euros. Ce projet entend faire découvrir les différents voyages des hirondelles en Bretagne et ailleurs.
Côté documentaire, citons Les chevalières de la table ronde de Marie Hélia (Paris-Brest Productions) qui retrace 50 ans d’histoire féministe dans le Finistère, et Au-delà des frontières de Pascal Signolet consacré à Alan Stivell, l’un des pionniers de la musique celtique. Pour les prochaines échéances, voir ici ; pour les détails sur ce Fonds d’aide à la création cinématographique et audiovisuellle, c’est là.
La région Auvergne s’est elle aussi concentrée sur des projets portés par des producteurs locaux. Elle a ainsi récemment choisi de soutenir deux documentaires : Lungone Dromensa (Z’images Productions) sur les femmes roms au Kosovo (20.000 euros) et Bilbao (Kako Mama Films), à hauteur de 25.000 euros. Détails et informations sur le site de la Commission du Film Auvergne.
Après plusieurs années de restriction budgétaire, la région Bourgogne se concentre sur la stabilisation de son fonds d’aide. Avec 800.000 euros disponibles, elle a pu soutenir huit documentaires, entre 10.000 et 40.000 euros par projet. Le plus significatif d’entre eux est le film de Jean-Jacques Beineix, Les Gaulois, au-delà du mythe produit par Cargo Films. En partenariat avec la région Franche-Comté, elle a également initié un programme de diffusion de dix documentaires dans des lieux publics (écoles, hôpitaux, médiathèques…). Prochaine session en juin 2014.
La région Limousin rayonne aujourd’hui grâce à la série de fiction Un village français. Le succès d’audience de la série dynamise la région, dont le fonds d’aide ne connaît pas la crise et augmente de 200.000 euros chaque année. En 2013, il atteignait 1,6 millions d’euros. La région n’oublie pas pour autant son rôle de soutien historique au cinéma documentaire. Seize films ont ainsi pu être soutenus en 2012, notamment Blanche-Neige en prison, de Claire Durand-Douhin, sur un atelier de danse dans la prison de Poitiers-Vivonne, ou encore Jean Grémillon, un cinéaste sous l’occupation de Véronique Martin. Les projets documentaires aidés sont souvent coproduits avec la chaîne régionale France 3 Limousin.
Côté webdocumentaire, la région a donné 25.000 euros au projet La désobéissance est le plus sage des devoirs. Produit par la société K’ien, ce premier volet fera partie d’une collection de webdocumentaires régionaux sur la Résistance en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais la région ne cache pas que les projets reçus sont encore trop faibles. Le Limousin devra sans doute réfléchir davantage aux types de projets qu’elle souhaite aider et définir des critères de sélection clairs afin de recevoir des projets plus adéquats. Tous les détails des prochaines échéances ici.
Avec 45% du fonds d’aide consacré au documentaire, la région Lorraine a été particulièrement généreuse en 2011, puisqu’elle a soutenu quinze projets de documentaires. Le montant investi dans le développement est également en hausse, pour l’audiovisuel et les nouveaux médias d’un côté ; et le court et le long-métrage de l’autre. En 2013 en revanche, ce ratio est passé à 31%. Par ailleurs, la région Lorraine a récemment crée un pôle image destiné à développer la filière économique et l’innovation. L’objectif : attirer des écoles spécialisées et des structures innovantes dans le secteur des nouvelles technologies sur son territoire. Le calendrier 2014 est disponible sur le site Tournages en Lorraine.
La région Pays-de-Loire montre un dynamisme constant sur tous les genres. Son fonds d’aide est un des rares à ne cesser d’augmenter. Le documentaire voit donc son aide au développement et à la production accrue, avec 22% des 1,6 millions d’euros de fonds d’aide. Cette année, elle a également soutenu Les contes de l’estuaire, un projet transmédia composé de sept contes réalisés par sept cinéastes sur sept médias différents. Il y aura 4 commissions en 2014.
A l’inverse, la Picardie a vu son fonds d’aide largement amputé au point de ne plus pouvoir soutenir le long-métrage. Elle se concentre désormais sur le court-métrage et le documentaire. La version longue du film Les Conti de Jérôme Palteau, a reçu 4.367 euros de la région Picardie. Une aide qui pe ut paraître faible au regard des autres régions mais avec un fonds de 300.000 euros, la priorité de la Picardie est de stabiliser ce modeste fonds. Voir le site de la Commission régionale du film de Picardie.
Des régions en pleine mutation
Si plusieurs régions maintiennent une certaine stabilité dans leur aide au documentaire et au webdocumentaire, d’autres doivent avant tout faire face à des réorganisations et des réflexions internes. C’est le cas de la région Centre qui a connu une importante restructuration l’an dernier avec la fusion de « Livre au Centre » et « Centre Images ». Une nouvelle entité est née de cette opération, Ciclic (Centre pour l’image, le livre et la culture numérique). Cette structure continue de soutenir l’écriture documentaire (de 25.000 à 30.000 euros), notamment grâce à des ateliers d’écriture documentaire, et à la coproduction de documentaires avec les chaînes locales (250.000 euros). Parallèlement, la région souhaite s’ouvrir aux projets numériques et aux nouvelles formes de narration. Information intéressante pour tous les demandeurs de subventions régionales : chaque année, Ciclic et la région Centre, en partenariat avec le CNC, éditent 1.500 exemplaires d’un guide conçu pour accompagner les recherches de financement des auteurs et des producteurs. Sur le site de la structure, une carte interactive bien conçue permet de récapituler toutes les aides régionales françaises.
Forte d’un fonds d’aide de 15,8 millions d’euros, la région Île-de-France se consacre presque uniquement à l’aide aux longs-métrages (76% du total). Mais la région s’implique dorénavant dès la phase d’écriture et jusqu’à la post-production sur l’ensemble des projets qu’elle soutient. A noter que l’aide à l’écriture d’un scénario est construite sur le principe de la résidence : les auteurs doivent présenter un projet lié à un lieu d’accueil francilien (hôpital, école, prison) au sein duquel ils organiseront des échanges avec le public. Cette aide s’élève à 2.500 euros par mois et par auteur (sur 2 à 6 mois pour les débutants, et sur 6 à 10 mois pour les confirmés). Quant à l’aide à la post-production, elle permet à des œuvres économiquement fragiles mais artistiquement très fortes d’être diffusées en salles ou en festivals (voir Rengaine de Rachid Djaidani ou Le nuit d’en face de Raoul Ruiz). Côté documentaire TV, le nombre de dossiers déposés et retenus est en constante augmentation. Signalons notamment en 2013 Pétra, capitale du désert, d’Olivier Julien (produit par ZED) et Un médecin sous le nazisme de Catherine Bernstein (produit par Zadig). Les pricisions sur le site de la Commission du film d’Île-de-France.
La région Poitou-Charentes s’était récemment spécialisée dans l’animation, pour laquelle elle consacrait 46% des 2,2 millions d’euros d’aides accordées en 2012. Pourtant, ce genre a connu une récente baisse des investissements dans la région. En 2013, Poitou-Charentes a créé un nouveau dispositif plafonné à 30.000 euros destiné au développement de projets dont le but est de favoriser les conditions d’une mise en production sur le territoire régional et de partager les risques sur les nouveaux projets. Elle s’est focalisée sur le long-métrage de cinéma et sur les séries TV de fictction, notamment Ainsi soient-ils (Zadig production pour ARTE). La région se positionne comme partenaire des producteurs dès la phase de pré-production. Plusieurs commissions se réuniront en 2014.
Les régions d’outre-mer ne sont pas en reste, bien au contraire. Par exemple, la Réunion dispose d’un fonds d’aide plafonné à 2 millions d’euros. Les séries TV contribuent largement à son succès. Pour autant, la région entend bien aider les producteurs locaux à rayonner à l’international. Finissons sur une touche optimiste avec l’exemple de la Guyane et son fonds d’aide de 200.000 euros créé il y a un peu plus de deux ans – ce qui en fait le plus jeune de France. Il a déjà soutenu 16 projets en 2012, principalement des documentaires dont Le masque arraché d’Apista Berthelot-Cissé. En 2013, la Guyane a également soutenu le documentaire Paroles de Mérous de Philippe Fontenoy sur la disparition du mérou géant à cause de la chasse sous-marine intensive.
Sibel Ceylan
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