Le Blog documentaire de nouveau en terres belges ! Après des partenariats renouvelés ces deux dernières années avec les Millenium Webdoc Meetings de Bruxelles, place à l’opérateur public belge de référence : la RTBF, qui détaille ici ses ambitions dans le domaine du transmédia et des nouvelles écritures (documentaire et fiction). Sophie Berque, responsable de la cellule webcréation du groupe belge, répond à nos questions.

RTBFLe Blog documentaire : Pouvez-vous nous présenter rapidement l’équipe de la cellule webcréation de la RTBF

sophie berqueSophie Berque : Il y a six ans, la RTBF a développé un département interactif pour donner une visibilité web aux contenus télévisuels. Deux projets transmédia ont vu le jour au sein de ce département : Prince Charmant d’Arnaud Grégoire et Lazarus de Patrick Jean. Ces expériences prémices ont permis de créer une cellule dédiée à la webcréation, qui est donc née il y a seulement quelques mois, en septembre 2014. Elle est composée de 4 personnes et fait partie intégrante de ce département interactif.

Nous menons cinq types d’activités : la websérie, le webdocumentaire, le transmédia, les appels à projets et le soutien aux jeunes créateurs. Mais cette cellule est avant tout un laboratoire d’expériences qui réfléchit aux nouveaux usages d’un public de plus en plus connecté.

Existe-t-il des réflexions communes avec les unités de programmes des chaînes ?

Bien-sûr, nous travaillons main dans la main avec les unités radio et TV de la RTBF. Notamment avec Aurélie Berckmans, de la direction Recherche et Développement de la RTBF, sur les enjeux de la télévision connectée pour les projets transmédia. Par exemple, pour Le Prince charmant, nous avons travaillé avec la cellule documentaire TV de la RTBF.

LE-PRINCE-CHARMANT-RTBF-LIEGE-WEB-FEST-MEILLEURE-WEB-CREATIONVous avez donc déjà diffusé deux webdocs : Le Prince charmant et Lazarus. Pouvez-vous revenir rapidement sur ces deux projets. Quels enseignements en avez-vous tiré, en termes d’audience et d’interactivité par exemple ?

Ces deux projets ont été menés de façon très différente. Nous avons suivi la réalisation du Prince charmant du début à la fin, en collaboration avec la RTBF interactive et l’unité TV de la RTBF. Nous avons travaillé avec la production jusqu’à la diffusion sur le web et à l’antenne. Pour Lazarus, c’était très différent car nous ne sommes intervenus qu’à la diffusion. En effet, nous avons consacré une soirée à la diffusion du film à la TV et sur Internet, via le « live center » qui permet aux spectateurs de commenter les programmes en même temps qu’ils les regardent.

Le Prince charmant constitue un projet-clé dans notre expérimentation. Nous avons constaté un intérêt important pour le sujet sur les médias sociaux, mais assez peu à la télévision. Les audiences n’ont pas été très bonnes sur la diffusion à l’antenne. Nous remarquons que les différents médias ne communiquent pas forcément ; ce n’est pas automatique. Chaque média a son autonomie, et cela est renforcé par les profils des personnes qui travaillent sur les projets. Quand un projet n’est pas pensé en amont pour les deux médias, il est compliqué de maintenir une cohérence. C’est en cela que le transmédia est difficile à mettre en place. Les médias doivent s’adapter les uns aux autres. Un architecte transmeéia perçoit les enjeux de tous les médias qu’il souhaite toucher et peut les combiner, mais ces profils sont encore rares sur le marché belge.

Pour notre websérie destinée à un public jeune, What the fake, nous avons travaillé avec un « showrunner » qui peut chapoter les différents profils. Nous coordonnons le tout mais il est évident qu’une vision globale est essentielle dans ce genre de projet.

Aujourd’hui, la RTBF confirme sa volonté de soutenir la jeune création avec des appels à projets. Avez-vous une ligne éditoriale pré-définie et des critères de sélection bien arrêtés ?  A quoi êtes-vous attentifs lorsque vous lisez les dossiers reçus ? 

Pour l’instant, l’appel à projet a été lancé uniquement sur la websérie. Nous avons reçu une quarantaine de dossiers qui répondaient tous plus ou mois aux critères de sélection ; à savoir : un contenu imaginé et pensé pour le web et les réseaux sociaux, un sujet qui touche une cible belge francophone et une interactivité forte avec le public.

Nous avons pré-selectionné cinq projets, dont les auteurs ont tous tourné un pilote pour ensuite donner le pouvoir aux internautes qui ont voté pour celui qu’il souhaite voir aboutir. [C’est le projet de Brieuc de Goussencourt, Euh…, qui a remporté la compétition, NDLR.]

euh-rtbfQui compose ce comité de sélection ? 

Le comité de sélection est composé par la cellule webcréation de la RTBF, le directeur de RTBF Interactive Fabrice Massin et Philippe Reinhardt pour Wallimage.

Quelle est la part des webdocumentaires et des oeuvres transmédia dans les projets que vous souhaitez coproduire et/ou diffuser ?

Notre objectif est de lancer un appel à projets par an pour chaque domaine de la webcréation : websérie, webdocumentaire et transmédia. Pour l’instant, nous en sommes au stade de la réflexion. Nous sommes par exemple en train de réfléchir à la production de webdocumentaires en interne avec les journalistes de la RTBF. Nous avons en effet des ressources humaines en interne et nous pouvons imaginer la création de webdocumentaires avec eux.

Constatez-vous des thèmes récurrents ou au contraire une grande diversité dans les sujets abordés par les jeunes créateurs ?

Nous avons reçu des projets très divers pour les webséries : des comédies, des sujets sociétaux, des sujets humoristiques… Il n’y a pas vraiment de règles et nous ne privilégions pas de thématiques en particulier.

Quelle place est laissée à l’internaute dans la cellule webcréation de la RTBF, mise à part le fait de pouvoir voter pour le projet qu’il veut soutenir ?  

En ce qui concerne la websérie, nous ferons en sorte d’aider le projet élu à porter l’interactivité à son maximum.

lazarusÊtes-vous soumis à des exigences de résultats, en termes financiers ou d’audience ?

Non, nous assumons le fait d’être un laboratoire d’expérience. Les modèles économiques ne sont pas encore bien définis dans le secteur de la webcréation. Nous ne pouvons donc pas calquer les objectifs de résultats de la TV ou de la radio au web.

Le Prince charmant a été co-produit avec ARTE. Envisagez-vous également d’autres partenariats et/ou coproductions à l’international pour de futurs projets ?

L’une des mes missions est bien-sûr de suivre de près ce qui se passe dans les pays francophones dans le secteur de la webcréation. Nous ne nous inspirons pas directement de ce que font les autres pays, car nous souhaitons créer notre propre univers et nos propres expériences. A ce titre, je rencontre beaucoup d’acteurs lors des festivals. Les occasions d’échanger et de partager nos expériences en chair et en os, même pour les programmes interactifs, sont nombreuses et essentielles. Nous avons déjà un partenariat avec France Télévisions pour la diffusion du programme Les textapes d’Alice. Nous allons aussi travailler avec la RTS (Suisse) et TV5 Québec-Canada.

J’espère que nous aurons les moyens de développer cette cellule dédiée à la webcréation. L’enjeu aujourd’hui est de trouver de nouveaux contenus, en imaginant l’échange, le pré-achat, l’acquisition et la coproduction.

Propos recueillis par Sibel Ceylan

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-> Retrouvez ici d’autres « paroles de diffuseurs » <-

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 ConnectedIntéressés par les « webcréateurs » belges ? Venez donc discuter avec Sébastien Wielemans, auteur de Connected Walls, ce lundi 8 décembre à 19h30 aux ateliers Varan pour une projection exclusive de son webdocumentaire !

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