Le Blog documentaire est très heureux de vous offrir ici le troisième épisode du journal de bord d’un webdocumentaire en train de se faire.

Are Vah !, c’est son nom, explore les projets d’Areva en Inde, où le groupe entend construire un vaste complexe nucléaire au sud du pays, sur une zone sismique située en bord de mer.

Nous suivons depuis quelques temps déjà Sarah Irion et Micha Patault entre Paris, Bombay et Jaitapur… Il viennent de revenir en France, après plusieurs semaines de tournage en Inde…

10 avril 2012 : ça y est ! 10 350 : c’est le nombre de kilomètres que nous avons parcouru pendant nos deux mois en Inde. L’avion s’est posé à Roissy, et nous sommes rentrés sans encombre, simplement fatigués, le goût de la coriandre en bouche, des images de train défilant dans la tête, et nos disques durs précieusement rangés dans nos sacs. Revenons sur ce dernier mois…

8 mars 2012 : Après une interview à Bombay d’un spécialiste de la stratégie d’Areva à l’étranger, nous sautons dans le train en direction de Visakhapatnam, ville située dans l’Andhra Pradesh, bordée par le Golfe du Bengale. Après deux jours, une interview et des photos, nous faisons le voyage en sens inverse, pour rencontrer un autre personnage à Hyderabad.

11 mars 2012 : Nous espérons voir les photos de Fukushima en Une des journaux indiens, mais rien. Aucune manifestation n’a lieu dans les rues des grandes villes, en ce jour anniversaire ! Mais on nous informe qu’un rassemblement aura lieu à Chennai, plus au sud, le 15 mars. Ce sera donc notre prochaine destination sur la carte.

14 mars 2012 : Arrivée à Chennai. Nous contactons un ami, celui qui nous a tenu au courant de la manifestation. Ce sera encore une déception : finalement, les organisateurs ont décidé de rester à Kudankoolam, d’où ils devaient partir. Kudankoolam est le site de la centrale nucléaire russe, vers lequel convergent tous les regards, en raison de contestations violentes de la part des habitants locaux. Nous décidons de ne pas nous rendre sur place, car ce serait prendre le risque inutile de nous faire repérer avant d’aller à Jaitapur.

15 mars 2012 : Nous avons décidé  de nous rendre à Mahabalipuram, un lieu touristique à 60 kilomètres au sud de Chennai, en attendant la réponse d’un géologue basé à Bangalore. Nous devons finir d’écrire des dossiers de subvention, activité qui nous prend pas mal d’heures pendant les nuits. Finalement, nous restons une semaine là-bas. Semaine qui sera productive : nous rencontrons, par hasard, deux amis en train de fabriquer une éolienne. Ils en ont marre des coupures de courant, et ont décidé de prendre les choses en main. Vous pourrez les entendre et les voir dans le documentaire.

21 mars 2012 : Nous prenons un train pour Bangalore, pour rencontrer le géologue qui habite là bas. Bangalore, « Silicon Valley » de l’Inde ! Beaucoup de jeunes partent faire leurs études là-bas. Finalement, le géologue n’est pas disponible, donc nous rentrons à Bombay, le 25. Nous réussissons à contacter un autre géologue qui a fait une étude sur le site de Jaitapur, nous l’interviewerons plus tard.

30 mars 2012 : Après un aller-retour au fin fond de la campagne du Gujarat où habite un spécialiste indépendant du nucléaire, au nord du Maharashtra, nous descendons vers Goa, dans l’espoir de louer une moto là-bas, et de se rendre en tant que touristes à Jaitapur. Nous n’avons jamais réussi à obtenir une moto, les véhicules devant avoir une autorisation pour passer d’un Etat à un autre. Heureusement, les bus peuvent traverser sans encombre les frontières !

1er avril 2012 : Nous ne le savons pas encore, mais cette semaine sera riche en rencontres, mais aussi en matériel vidéo et sonore à enregistrer.

Nous partons à Oros, dans le Maharashtra, interviewer l’autre géologue. Là-bas, nous rencontrons un jeune homme de 22 ans, engagé dans la lutte contre la future centrale nucléaire de Jaitapur. Jusqu’à la fin de notre voyage, il nous aidera à distance en se renseignant sur les horaires de bus, et en trouvant quelqu’un pour nous emmener à Jaitapur depuis Ratnagiri, la ville la plus proche. Sur notre chemin vers cette ville, il nous conseille de nous arrêter à Devgad, un village où se trouvent plusieurs éoliennes. Spécificité : elles sont à l’abandon depuis plusieurs années.

Arrivés quelques jours plus tard sur les lieux, nous ne pouvons que constater un spectacle de désolation : certaines éoliennes ont la tête penchées, ou des pales arrachées. Le gouvernement semble délaisser cette source d’énergie. Pourtant, les coupures de courant sont régulières dans ce village. C’est l’occasion rêvée pour montrer le rôle des autorités dans la promotion du nucléaire !

5 avril 2012 : Enfin, nous allons à Nate, le village de pêcheurs d’où est partie la contestation, situé en face de Jaitapur. Après l’expulsion du pays d’un Allemand accusé de financer le mouvement anti-nucléaire de Kudankoolam, nous avions décidé d’aller sur le site à la fin du voyage, et d’y faire un séjour express. En cas d’expulsion, il fallait mettre notre matériel et tout ce que nous avions déjà recueilli à l’abri. L’Allemand n’a jamais récupéré son ordinateur…

Donc, nous avons d’abord déposé notre matériel et nos sacs dans un lieu sûr, du moins nous l’espérions… Tongs et iPhone : si jamais les policiers nous interrogent, nous répondrons que nous sommes de simples touristes, qui visitent la Konkan Cost. Finalement, la prudence paie : aucun uniforme en vue dans le village. Les policiers sont à l’entrée, et contrôlent le plateau choisi pour implanter les futurs EPR. Dans l’enceinte de Nate, les habitants font la loi.

Majid, un des pêcheurs, sera notre ange gardien pendant notre séjour : «  On sait que vous prenez des risques pour venir jusqu’ici, et ça nous touche que vous vouliez raconter notre histoire ». Les pêcheurs se sont donc rendus très disponibles, et nous avons réussi à récolter tout ce que nous voulions sur place, en 24 heures.

9 avril 2012 : Revenus sans encombre à Bombay, nous prenons l’avion du retour. Une fois à Paris, il nous reste le montage du documentaire à faire, version web, télé, et radio ! Nous devons également continuer à démarcher les boîtes de productions et les diffuseurs susceptibles d’être intéressés par Are Vah !.

Prochaines nouvelles après – ou pendant – le montage !

Sarah Irion
Micha Patault

Les précisions du Blog documentaire

1. Sarah Irion est diplômée d’un master professionnel de journalisme (spécialité radio). Elle travaille alternativement sur des documentaires radiophoniques et des webdocumentaires. Co-auteure du webdocumentaire Yunnan Export, elle collabore également à France Bleu et France Culture.

2Micha Patault est réalisateur, photojournaliste. Membre de la coopérative Picturetank, il a déjà effectué une dizaine de voyages en Inde. Il est notamment l’auteur de No More Bhopals, et de Atomic City.
Micha Patault a également documenté l’iconographie nucléaire dans “La Transition Énergétique“, pour Greenpeace France.

3. Si ce n’est déjà fait, nous vous invitons à (re)lire le premier etle deuxième épisode des aventures de Sarah et Micha.

4. A lire aussi, cet entretien avec Micha Patault sur OWNI.fr.

5 Comments

  1. Merci pour ce journal de bord simple mais complet .J’espère que vous trouverez le temps d’écrire sur le montage web notamment. Bonne continuation.

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