Comme chaque année, ces deux festivals ont proclamé leurs palmarès respectifs lors du même week-end. Après une édition chamboulée par la grève qui agite le Centre Pompidou, le festival « Cinéma du Réel » a distingué le documentaire de Dieudo Hamadi « Maman Colonelle ». De son côté, le « Millenium festival » a récompensé le film de Tonislav Hristov, « The Good Postman ».
Maman Colonelle dresse le portrait d’une femme exemplaire, qui lutte avec une énergie remarquable contre les violences faites aux femmes et aux enfants en République Démocratique du Congo (RDC). Un documentaire fort, qui raconte aussi un pan de l’histoire congolaise. Après Atalaku et Examen d’État, déjà primé à Cinéma du Réel, Dieudo Hamadi s’impose comme un cinéaste à ne pas perdre du regard…
Charlotte Garson écrivait dans le catalogue du festival :
Quand le film commence, la colonelle de police Honorine, cheffe de la brigade contre les violences sexuelles et la protection de l’enfance à Bukavu, s’apprête à faire ses adieux à une population de femmes et d’enfants désemparée qu’elle soit mutée. Avec la même dextérité que dans « Examen d’État », où il suivait la préparation au baccalauréat congolais d’un groupe de lycéens trop pauvres pour payer la « prime des professeurs », Dieudo Hamadi signe un portrait dont la dimension narrative, puis la force politique, montent en puissance calmement. Son cinéma direct s’accorde au franc-parler et à la placidité de « maman Colonelle ». À Kisangani, la maltraitance des enfants accusés par leurs parents de sorcellerie fait rage. Mais surtout, des femmes viennent témoigner d’exactions moins récentes. La ville natale du cinéaste a en effet été le théâtre en 2000 d’une « guerre des 6 jours » entre les armées ougandaise et rwandaise qui a coûté la vie à des milliers de civils et n’a jamais fait l’objet de procès officiels. Au portrait de la mère-courage se substitue le récit de l’éveil d’une conscience historique. Parlant tour à tour aux femmes traumatisées, aux avocats et aux passants à qui elle enseigne la solidarité financière, la colonelle incarne un « corps défendant » placé entre le peuple et une haute-autorité aux abonnés absents. À mesure qu’elle s’initie à une Histoire dont l’éloignement géographique et le statut tabou l’avaient préservée, une communauté s’agrège autour d’elle, flageolante mais prête à parier à nouveau sur la force du collectif.
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A Bruxelles, c’est un petit village bulgare – 38 électeurs – à la frontière turque qui a retenu l’attention du jury. Dans The Good Postman, le réalisateur Tonislav Hristov suit dans une veine « tragi-comique » les campagnes électorales des trois candidats qui briguent la mairie. L’un d’eux, Ivan, facteur de profession, propose de redonner un élan à sa commune en accueillant des réfugiés syriens. Une démarche qui n’est pas sans rappeler Une paese di Calabria.
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