L’an dernier, c’est le Comité belge de la SCAM qui avait produit un intéressant rapport sur les conditions de travail des auteurs en Belgique… Cette année, c’est à la situation des réalisatrices et réalisateurs français que la SCAM s’intéresse. L’étude intitulée « De quoi les documentaristes vivent-ils ? » vient d’être présentée au Sunny Side de La Rochelle. Un autre rapport sur « le documentaire à la télévision française » a également été publié, tout comme le très attendu palmarès des Etoiles de la SCAM.

C’est une enquête qui vient mettre des chiffres sur des sentiments parfois diffus, et qui confirme ce que nombre d’auteurs vivent dans leur travail de documentariste. 1.500 personnes ont répondu à un sondage, 16 entretiens ont été menés par Béatrice de Mondenard… Au final, un éclairage éloquent sur la situation professionnelle des réalisateurs et des réalisatrices, comme sur leur relation avec les sociétés de production.

Dans ce rapport de 36 pages, on apprend notamment que, tous genres confondus (documentaire, reportage, magazine, série), la rémunération moyenne pour un 52 minutes est de 12.461 euros. Cette moyenne cache évidemment des disparités abyssales puisque la rémunération la plus faible qui ait été indiquée est de 800 euros et la plus élevée est de 37.000 euros. La rémunération moyenne varie également du simple au double selon la chaîne de diffusion : 8.364 euros pour un documentaire de 52 minutes sur une chaîne thématique (dont 56% sont rémunérés moins de 8.000 euros) à 17.090 euros sur une chaîne historique (dont 64% sont payés plus de 15.000 euros).

Pour un film de moins de 15 minutes, la rémunération totale moyenne s’élève à 2. 214 euros, 5.748 euros pour un 26 minutes et 23.767 euros pour un film de plus 70 minutes.

D’une manière générale, les réalisateurs et réalisatrices considèrent ces rémunérations beaucoup trop faibles. Trop faibles par rapport au temps consacré, à la responsabilité, aux enjeux, à la pression. Trop faibles aussi par rapport aux techniciens et techniciennes qui travaillent sur les films. Certains en prennent leur parti soulignant que « c’est le prix de l’indépendance », mais ils sont plutôt rares.

Les auteurs interrogés estiment par ailleurs que leur niveau de rémunération est en stagnation ou en régression (sur le long terme, il est loin de progresser autant que l’inflation). Autre motif de mécontentement: le paiement au forfait. Nombre de réalisatrices et réalisateurs regrettent dans ce rapport être moins bien payés que les autres professionnels qui les accompagnent dans leur processus créatif.

Quelques chiffres

68%-32%, c’est le partage moyen de la rémunération salaires/droits d’auteur, mais là aussi avec de grosses différences selon le genre et le format. Ainsi, la proportion de salaires est plus élevée dans les petits formats et les magazines ; pour 65% des films de moins de 15 minutes, les rémunérations sont même uniquement en salaires.

Moins de 1%, c’est le pourcentage moyen de rémunération proportionnelle proposé par les sociétés de production à 38% des réalisateurs et des réalisatrices pour l’exploitation de leurs œuvres.

42% des auteurs de documentaires gagnent moins de 20.000 euros nets par an, dont 23% inférieurs à 13.000 euros nets (c’est inférieur au SMIC) et 23% ont des revenus supérieurs à 40.000 euros nets.

18% d’écart en moyenne de rémunération entre les hommes et les femmes. 46% des réalisatrices ont des revenus inférieurs à 20.000 euros contre 37% des réalisateurs. A l’autre bout de l’échelle des revenus, 16% des réalisatrices déclarent plus de 40.000 euros contre 28% des réalisateurs.

79% des réalisateurs et réalisatrices n’ont jamais reçu, d’aucune société de production, les comptes d’exploitation de leurs œuvres.

16% seulement des réalisatrices et réalisateurs ont été rémunérés quand ils accompagnent leur film dans une projection/débat et dans 61% des cas cette rémunération était comprise entre 100 et 200 euros.

59% des documentaristes disent que leur situation matérielle s’est dégradée ces dernières années.

Les liens

L’étude « De quoi les documentaristes vivent-ils ? ». 

Le rapport sur le documentaire à la télévision française

Le palmarès 2018 des Etoiles de la SCAM

 

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