Le Blog documentaire s’intéresse à la technique du webdocumentaire en proposant un état des lieux en texte et en images des interfaces graphiques conçues pour la narration web.

Même si David Dufresne, dans l’interview qu’il nous avait accordée sur Prison Valley, objecte qu’une « création ad hoc de logiciel pour fabriquer des webdocumentaires est un quasi non-sens », force est de constater le développement de ces outils qui permettent des visualisations narratives nouvelles sur le web. Le fond et la forme sont étroitement liés à la mise en place d’une narration interactive : comment fonctionnent ces nouveaux logiciels ? Réduisent-ils la créativité singulière des œuvres audiovisuelles en instaurant un carcan technique ?

L’un de ces nouveaux outils, c’est Klynt, développé par l’équipe de Honkytonk Films. Il a notamment été utilisé pour les webdocumentaires du pionnier du genre, Samuel Bollendorff, sur Voyage au bout du charbon et L’obésité est-elle une fatalité ?.

Le Blog Documentaire : Comment est né Klynt ?

Arnaud Dressen : Honkytonk s’est au départ associé pour ses premiers projets avec une agence spécialisée dans la création d’application rich-media. Et nous avons assez vite fusionné car nos savoir-faire étaient complémentaires. Nous savions produire du contenu, ils savaient créer des applications et des interfaces graphiques : nos domaines de compétence se sont naturellement rejoints autour du webdocumentaire.

Klynt est né de ce croisement de compétences et a été développé sous la forme d’un premier prototype pour répondre aux besoins de nos réalisateurs sur Voyage au bout du charbon, L’obésité est-elle une fatalité ? ou encore Le Challenge. Klynt a été lancé sous forme de licence le 5 octobre 2011.

L’idée de départ était de leur permettre de créer, simplement et sans connaissance en programmation, un montage de séquences non-linéaires mêlant l’écrit, l’image et des hyperliens, et de nous aider à mieux organiser la chaine de production jusqu’à la mise en ligne.

Grâce au soutien du RIAM (CNC-Oséo), nous avons pu aller plus loin et nous avons repensé le code de Klynt davantage comme une grammaire destinée à être réutilisée, remaniée, et réinventée au cours du temps sur des projets plus variés.

Quel est le modèle économique de Klynt ?

Arnaud Dressen : Il y a deux évolutions possibles pour un logiciel : soit s’établir comme un programme propriétaire, soit évoluer dans un environnement open source.

Honkytonk agit sur le web car nous y voyons un espace de création et d’échanges ouvert. Nous sommes donc naturellement plus proche de la logique open source. Cela suppose notamment une transparence et une distribution libres du code source, afin que les auteurs et les producteurs qui travaillent avec Klynt puissent s’approprier l’outil, voire l’enrichir avec de nouvelles potentialités, en travaillant avec d’autres plateformes et d’autres outils.

Aujourd’hui, la licence que nous offrons permet de couvrir les coûts de recherche et développement,  d’administration et de maintenance du logiciel en attendant d’agrandir la communauté de développeurs. La version de base coûte 150 euros avec 6 mois de mise à jour gratuite et la version « pro » coûte 500 euros.

Cette façon de redonner du sens aux contenus déjà existants semble être une volonté qui va au-delà de la simple création de logiciel…

Arnaud Dressen : Nous ne n’avions pas pensé Klynt comme tel dès le départ mais il se trouve qu’il répond à ce besoin : aujourd’hui, de plus en plus de contenus video et photo sont partagés chaque jour et laissés à l’abandon sur des plateformes de partage. En connectant Klynt à ces même plateformes, l’objectif est de permettre aux auteurs de puiser dans cette masse de contenu, et d’y apporter du contexte, un complément d’information. Une valeur éditoriale supplémentaire.

Enfin, nous ne sommes qu’aux prémisses de cette réflexion sur la production de montage connecté. Nous avons commencé par donner la possibilité à nos utilisateurs d’expérimenter avec l’intégration dans leur montage de contenus existants sur les plateformes Youtube, Flickr, Dailymotion et Vimeo. Nous sommes persuadés qu’à l’avenir, la création d’information à partir de contenus pré-existants et autres mash-ups vont continuer à se développer.

Comment se passe concrètement l’intégration de ces vidéos sur la plateforme Klynt ?

Arnaud Dressen : Concrètement, Youtube reste l’hébergeur de la vidéo utilisée dans le montage réalisé avec Klynt. L’internaute-spectateur peut d’ailleurs vérifier qu’il s’agit bien d’une source extérieure et peut accéder directement à la page du contributeur sur Youtube pour voir la vidéo dans son intégralité, mais il n’y a pas de coupure dans la navigation à l’intérieur du montage qu’il regarde. C’est d’ailleurs ce qui différencie un « montage connecté » d’un simple « embed » dans une page web.

Vous avez parlé de mash-up. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cette nouvelle forme vous intéresse ?

Arnaud Dressen : La pratique du mash-up est proche de celle du remix musical et elle s’est développée rapidement avec l’arrivée d’internet et la généralisation des plateformes de partage de contenu.

Elle pose aujourd’hui des questions fondamentales en termes de droits d’auteurs mais surtout sur la liberté avec laquelle nous produisons et partageons de l’information, au delà des espaces propriétaires du web et à la découverte de nouvelles opportunités de création.

Entretien et vidéos réalisés  par Nicolas Bole

Plus loin

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