Ce n’est peut-être qu’un hasard, mais demain nous avons prévu – entre autres réjouissances – de vous proposer un entretien vidéo avec Michel David. Et cela fait un petit moment maintenant que nous souhaitions mettre son formidable travail de producteur en avant. Le temps nous a sans doute manqué, et nous nous sommes davantage penchés sur les nombreux films qu’il a permis au sein de Zeugma. Aujourd’hui, il lance une bouteille à la mer, appel désespéré pour lui – et nous – permettre un avenir radieux. Nous appuyons, nous relayons.
Un avenir radieux pour Zeugma Films
Bonjour,
Peut-être devinerez-vous que le titre donné est une antiphrase ; peut-être comprendrez-vous que c’est un appel au secours.
Zeugma Films fête ses 20 ans d’existence le 3 juin 2016. Deux décennies au cours desquelles j’ai toujours envisagé la production des films, les œuvres en tant que telles dans une perspective large, artistique et politique. Ce début d’année 2016 montre une activité débordante :
Côté distribution : la sortie en salles de Contre-Pouvoirs de Malek Bensmaïl, No Home Movie, Letters Home de Chantal Akerman, et dernièrement L’Académie des muses de José Luis Guerin.
Côté production : la finition de deux longs métrages cinéma de Christine Seghezzi et Luc Decaster et la finition de trois films produits pour la télévision, Les Héritiers de Maxence Voiseux (primé au dernier festival Cinéma du Réel), Le bien-aimé de Stéphane Bonnefoi (édité avec Gallimard au sein de la collection « L’Imaginaire »), Du régal pour les vautours de Alexandre Barry, film-poème avec Claude Régy, édité par « Les Solitaires intempestifs », avec la collaboration du Festival d’automne. Enfin, le nouveau film d’Alessandra Celesia, Le Bleu miraculeux, en cours de tournage à Naples (Grand format pour ARTE France) et la production d’un documentaire d’Edwige Moreau, Entre, avec Vosges TV.
Au vu de ce rapide tour d’horizon, vous pourriez vous demander : de quoi se plaint-il ?
Du fait que produire des films d’auteurs est de plus en plus difficile, alors que cette démarche a été et devrait être reconnue et soutenue par le Centre National du Cinéma et de l’Image Animée – au lieu d’entraves permanentes, et de mort lente de ces films, sous le prétexte de leur non sens économique.
Aujourd’hui, l’activité de Zeugma Films constitue pour moi une réponse à cet étranglement que la pensée dominante voudrait faire subir à ce que nous faisons. Parce que nous savons bien que nos films – et Zeugma Films n’est éviemment pas du tout la seule à se battre sur ce front – sont une épine dans le pied des professionnels de la profession, qu’ils proposent un espace de réflexion, à commencer pour le spectateur, loin du prêt à penser très gravement dominant en ces temps troublés où nombre d’intérêts obscurcissent la pensée et l’action.
Il me faut aussi partager une douleur actuelle. Quand on est producteur, distributeur ou éditeur, il faudrait ne jamais faire d’erreurs, parce qu’elles déstabilisent, et d’abord parce que c’est la responsabilité – unique – du chef d’entreprise. Il y a 18 mois, je me suis lancé dans la production d’un long métrage documentaire qui devait être réalisé par Marcel Ophuls et Eyal Sivan. Les difficultés rencontrées dans la collaboration entre auteurs et la production de ce film ont jeté Zeugma Films dans une situation financière très délicate. Des réunions de médiation ont eu lieu, mais Zeugma Films a été condamnée par le Tribunal de Commerce à payer une lourde somme à la société d’Eyal Sivan. En urgence, des amis m’aident à franchir ce cap très difficile, mais il faut trouver des solutions à moyen terme.
J’en appelle à la solidarité de tous. Aujourd’hui, j’y suis contraint pour que Zeugma Films non seulement survive, mais poursuive son action, toujours dans la même ligne artistique et politique. Résiste.
Aujourd’hui, Zeugma Films a besoin de rassembler 100.000 euros pour survivre. Nous ne pouvons pas faire sur ce type d’actions une opération de crowdfunding. 100.000 euros signifient beaucoup de petites contributions, 100 €, ou plus si vous pouvez ou voulez. Si vous l’acceptez, ces sommes – soit par chèque, soit par virement – sont mises en compte courant dans le bilan de Zeugma Films.
Je voudrais demander à tous ceux qui liront ce texte de le faire circuler le plus largement possible, car je suis persuadé qu’au-delà de notre « réseau », cet appel rassemblera d’autres personnes.
L’objectif est bien sûr, au terme des procédures en cours devant les tribunaux, de pouvoir rembourser les donateurs. Je m’engage, même si ce sont là des compensations symboliques, à adresser à chacun des donateurs une lettre d’information régulière sur les productions, distributions et éditions en cours, à systématiser des invitations aux avant-premières, à l’envoi de DVDs du catalogue Zeugma Films, etc.
Je suis bien sûr disponible pour vous répondre plus précisément par email. Je tiens d’avance à vous exprimer toute ma gratitude.
Merci mille fois et à très bientôt.
Amicalement.
Michel David
Producteur et distributeur, gérant