Nous avons déjà évoqué, il y a peu, quelques-uns des « petits » ou des « autres » festivals qui vont vivre l’art documentaire en France… Eh bien en voici un nouveau, et non des moindres : les Rencontres de Laignes, qui proposent leur sixième édition entre les 5 et 12 juillet en Bourgogne. Le dépaysement est garanti, la programmation complète est ici.
Avant de poser vos valises cet été au FID ou à Lussas, pourquoi ne pas se laisser tenter par Laignes ? 750 habitants, à une trentaine de kilomètres de Montbard en Côte-d’Or, la commune accueille ses sixièmes rencontres consacrées aux documentaires en dehors des sentiers battus.
Pour Patrick Leboutte, qui conçoit la programmation avec Marianne Amaré, ce rendez-vous est « moins un festival de cinéma (même s’il apparaît désormais comme le plus singulier de France) qu’une école buissonnière, libre et sauvage, accessible à tous, conformément à l’idée que nous nous faisons de l’expérience artistique comme éducation populaire ; moins une manifestation culturelle de plus qu’un simple rendez-vous à la campagne, comme une façon de reprendre la main en dehors des sentiers balisés par l’industrie, comme une manière de réinventer nos pratiques afin de mieux refonder tout ce qui nous est cher. »
Les Rencontres de Laignes ont pu accueillir par le passé d’éminents invités à même de nourrir les réflexions des festivaliers, comme les travaux collectifs qu’engage la manifestation. Après les venues de Wang Bing, André S. Labarthe, Jean-Louis Comolli ou encore Pierre-Yves Vandeweerd, les Rencontres accueilleront notamment cette année Yann Dedet, Alice Diop et Denis Gheerbrant.
Au programme également, nous explique Marianne Amaré : « la présentation de rushes encore inédits de Jean Rouch, des films qu’il n’a jamais montés ou dont le tournage s’est interrompu en cours de route. Une joyeuse manière de fêter le centenaire de sa naissance, auprès de sa compagne Jocelyne Rouch, et de Yann Dedet qui se réjouit d’avance de pouvoir commenter avec nous ces images brutes et qui seront présentées par le chercheur Andrea Paganini. »
Les Rencontres de Laignes proposent, du 5 au 12 juillet, des ateliers pour les festivaliers comme pour les collégiens du village, des séminaires (« Faut-il que le cinéma reste une affaire d’amateurs ? »), des avant-premières (Be’Jam Be, et cela n’aura pas de fin, de Caroline Parietti et Cyprien Ponson, La mort se mérite, digressions avec Serge Livrozet, de Nicolas Drolc) et de nombreuses projections.
Chaque jour, aussi, un petit groupe de filmeurs se répand dans le village ou aux alentours avec pour mission de revenir le lendemain pour présenter leurs images et leurs sons. Cinéma immédiat, retour aux sources, beauté du geste, tentatives : « comme une façon de renouer avec la liberté de Jean Rouch ou d’Alexandre Medvedkine et de nous offrir chaque soir leurs ‘actualités filmées' ».
Et pour mieux comprendre encore la tonalité si particulière de ces Rencontres, les organisateurs citent Jean Cocteau dans leur programme : « Les meilleurs films surgissent dans la difficulté (…). Il n’y a pas de production cinématographique. c’est une farce. Pas plus que de production littéraire, picturale ou musicale. Il n’y a pas d’années de bons films comme il y a des années de bons vins. le beau film est un accident, un croc-en-jambe au dogme et ce sont quelques-uns des films qui méprisent les règles (…) que nous prétendons défendre et présenter à notre Festival ».
Par ailleurs, le petit déjeuner est offert dans la salle des fêtes tous les jours à 9 heures…
« Un petit festival à la campagne vécu sans chichis, un rendez-vous de filmeurs, de spectateurs actifs et d’artistes choisissant de faire l’école buissonnière comme on prend le maquis pour penser et préciser ensemble notre rapport au cinéma. Nous y comparons nos expériences et notre pratique des outils cinématographiques légers. Nous y défendons la nécessité de films moins boursouflés, plus artistes ou plus artisanaux et l’émergence d’un cinéma réalisé parfois dans son plus simple appareil, à l’écart des formatages imposés. En un mot, nous faisons le point et certains, jeunes réalisateurs ou cinéastes confirmés, sans hiérarchie, tous à égalité, y présentent un état de leur travail dans l’étape où celui-ci se trouve à cet instant : repérages, rushes, premier montage ou film tout juste terminé. En ce sens, Laignes ne se définit pas tel un événement culturel, mais plutôt comme une commune ‘en cinéma’. »
Patrick Leboutte
Pingback: Les Rencontres cinématographiques en Lot-et-Garonne vous attendent à Sainte-Livrade-sur-Lot - Le Blog documentaire