« Trois minutes dans vos oreilles ». C’est la promesse d’un nouvel objet webdocumentaire qui vient d’éclore sur Internet. Réalisé par Audrey Ginestet, Marlène Laviale et Amanda Robles, « Audiostories » est un geste participatif qui propose de déconstruire les rapports habituels entre images, textes et sons. On y entend des cerfs qui brament, des robinets qui jouent de la musique, des cloches qui dévalent la montagne… Un berger, un cuisinier, une grand-mère, un homme des bois… Regardez ! Participez !
Qu’est-ce que c’est ?
Audiostories est une collecte documentaire sur l’écoute où chaque histoire est une rencontre entre une personne et un son.
Un son que l’on a entendu une fois ou celui de tous les jours. Un son de l’enfance, du travail, de la passion. Un son que l’on n’entend plus et dont on se souvient, qui nous touche ou qui nous fait peur. Un son dont on ne parle pas parce que c’est une expérience subjective et sensible difficile à dire.
Geste documentaire en partage, les audiostories veulent accueillir les témoignages de chacun – histoires du quotidien, rencontres d’un jour, impressions furtives – qui construisent un monde sonore mouvant souvent intangible. Parce que notre monde privilégie ce que l’on voit à ce que l’on entend, les audiostories veulent donner corps à ces expériences inouïes grâce à leur forme « ouverte » qui propose de déconstruire les rapports habituels entre images/textes/sons. Inspirées du Pathéorama (visionneuse de poche du début du siècle), les audiostories sont des objets documentaires éclatés, des sortes de partitions audiovisuelles que chacun peut interpréter à son propre rythme et qui permettent de mieux laisser place à l’écoute, écoute de témoignages (face A) mais aussi des sons et des ambiances enregistrés lors de ces rencontres (face B).
Produit par l’association Le Fil qui travaille à la promotion de la « culture libre », le site propose une interface dont le code source est ouvert et peut être utilisé pour la création d’autres projets audiovisuels pour le web désirant associer textes, sons et photographies.
Nous sommes à la recherche de prochains sujets mais aussi de réalisateurs, photographes, preneurs de son qui ont envie de se joindre à cette collecte. Les personnes souhaitant réaliser elles-mêmes une audiostory peuvent la fabriquer directement en ligne grâce à une interface de montage photo/son/texte conçue spécifiquement pour ce projet. Il est aussi possible d’être accompagné dans la réalisation ou simplement de nous suggérer un sujet, une personne. [Contact : contact@audiostories.fr]
« Rose est la première de la série et c’est ma grand-mère. J’ai toujours voulu la filmer pour garder une trace d’elle. Une audiostory me permettait de l’approcher par une « porte étroite ». Pour moi, c’est tout l’enjeu du travail documentaire : partir du minuscule, de l’intime pour essayer d’ouvrir à l’universel. A travers son carnet de chansons, c’est un portrait plus large d’elle qui se dessine, mais aussi celui de toute une époque. »
Amanda Robles
« J’avais entendu par hasard Nicolas Frize parler à la radio des savoirs-faire auditifs, de celui des infirmières particulièrement méconnu. J’ai demandé autour de moi, interrogeant des personnes travaillant en milieu médical, sans succès. Et un jour, de connaissance en connaissance, j’ai rencontré Florence. Ça tombait à pic, son service venait de changer de système d’alarme et tout le personnel était déboussolé. »
Audrey Ginestet
« Il y a quelques années, j’étais partie marcher dans l’Aubrac à l’époque du brame du cerf. J’y avais rencontré des randonneurs venus spécialement l’écouter. J’avais alors imaginé enregistrer des marcheurs qui attendraient un son qui ne viendrait peut-être pas. Bien plus tard en pensant à la « face B » des Audiostories j’ai regardé autour de chez moi dans le Lot et j’ai appris qu’il y avait des sorties organisées pour écouter le brame. Dès que j’ai rencontré Damien, sa voix, sa présence, son émotion face à la nature m’ont touchée. »
Marlène Laviale
Ça la fout mal pour un preneur de son d’afficher un site de photographies ! En tout cas, bravo pour l’initiative et pour cette originale et belle idée.
J’ai tout écouté et tout regardé. Un régal pour les oreilles et l’esprit… Il m’a foutu les glandes, cet « hyperacousiste » avec ses constructions de gouttes d’eau. Un grand régal pour nos oreilles et notre sens du rythme. Est-ce que le berger et ses sonnailles ne s’est jamais posé la question de la torture qu’il inflige à ses moutons avec leurs propre sonnaille à moins de 10 cm de leurs oreilles ? Hyperacousie assurée ! Ses moutons vont pouvoir devenir spécialistes de compositions de gouttes d’eau ? En tout cas, j’ai retrouvé enfin des gens de mon univers aux oreilles affûtées et attentives à la moindre rumeur ou au moindre son ! Allez, continuez à nous régaler et le cerveau et les oreilles…