La projection de webdocumentaires proposée par Le Blog documentaire, la Bibliothèque Publique d’Information, le Centre Pompidou et Images en Bibliothèques ce lundi 13 mai à Paris est l’occasion de se pencher sur une technologie nouvelle développée par Digital Stories pour apprécier des oeuvres numériques en salles. Des lasers, une caméra infrarouge et le tour est (presque) joué. Présentation ici avec Antoine Manier, directeur des Rencontres Audiovisuelles.
Le Blog documentaire : Qu’est-ce qui vous a poussé à créer « Digital Stories » ? Pourquoi avoir imaginé un tel dispositif et pensez-vous qu’il réponde à une forte demande ?
Antoine Manier : Les Rencontres Audiovisuelles travaillent depuis bientôt 15 ans sur la diffusion de la création audiovisuelle indépendante. Nous nous sommes d’abord spécialisés dans le court métrage et le film d’animation, et depuis quatre ou cinq ans nous avons ajouté les arts numériques à notre champ.
A travers nos deux festivals, notre salle à Lille, L’hybride, et nos actions itinérantes en région, nous défendons l’idée de partage de ces oeuvres, avec l’invitations des auteurs, des débats, mais aussi avec le contexte de diffusion : l’idée de la salle de projection est importante pour nous. Nous cherchons à ce que le public vive une expérience artistique collective, dans un même espace.
Le modèle de la projection en salle est celui utilisé depuis le début de l’association pour montrer des films, mais plus récemment nous avons voulu montrer des œuvres interactives, qui elles sont pensées dans un rapport individuel, pour l’ordinateur, le Smartphone ou la tablette.
Nous nous y intéressons de près, car il y a des choses passionnantes qui se passent aujourd’hui de ce côté : de nouvelles possibilités artistiques s’ouvrent, et la place du spectateur est complément différente. Néanmoins, nous n’avons pu montrer ce type d’œuvres que sous forme d’exposition, ou de démonstrations.
Le passage des salles de cinéma au numérique, et la possibilité d’amener de nouveaux contenus en salle a été le dernier élément qui nous a amené à réfléchir ce projet. La question pour nous était de pouvoir amener en salle, dans un rapport collectif, des œuvres interactives.
En ce qui concerne la demande, de nombreuses salles de cinémas s’interrogent sur la manière de renouveler les contenus et de proposer de nouvelles choses, mais sans savoir forcement quoi. Du côté du public, l’ordinateur et le Smartphone changent complètement les comportements, et l’interactivité est de plus en plus demandée. Enfin, du côté artistes, je ne sais pas s’il y a une demande, mais le projet suscite pas mal d’idées et d’envie chez ceux avec qui nous avons pu en discuter.
Comment fonctionne concrètement le système que vous avez développé ?
La première étape de notre projet a consisté à créer l’outil permettant l’interaction collective, avant d’attaquer la production de contenus dédiés.
Il s’agit de pointeurs laser dont chaque spect’acteur est équipé. En quelque sorte, c’est une souris. Une camera infrarouge braquée sur l’écran identifie la position des pointeurs (elle ne voit que les lasers et pas l’image, puisqu’elle est justement infrarouge).
Un logiciel analyse ensuite la position des pointeurs et envoie à la création le résultat du choix collectif, selon le mode choisi à ce moment là (par exemple, en prenant en compte la majorité des pointeurs s’il faut choisir entre A et B, ou la reconnaissance d’un mouvement, etc).
En quoi pourrait-il être perfectible ?
Le système manque encore un peu de précision sur l’identification des points quand nous avons trop de lasers à l’écran par exemple, ou dans des conditions lumineuses particulières.
Aussi, les pointeurs ne sont pas identifiables les uns par rapport aux autres pour le moment. Si c’était le cas, cela ouvrirait d’autres possibilités d’écriture.
Dans l’idéal, nous aimerions aussi trouver un moyen de couper les pointeurs entres les périodes de choix, pour éviter sur certaines projections que certains jouent avec leur pointeurs et perturbent la séance.
Quels enseignements tirez-vous des premières expériences que vous avez menées ?
Pour les premières diffusions, nous nous sommes concentrés sur l’outil, et avons donc pris des contenus non adaptés. Des contenus qui, au niveau de l’écriture ou de l’ergonomie, ont été pensés pour une utilisation individuelle sur un écran d’ordinateur.
Ce n’était pas convaincant sur le fond, car il faut vraiment des contenus pensés pour ; c’est-à-dire des œuvres vraiment écrites pour le collectif. Il faut trouver le bon rythme, la bonne ergonomie de navigation, etc.
Comment le public a réagi, notamment en fonction des différents types d’objets numériques proposés (fiction, animation, documentaire) ?
La tenue de l’objet laser en lui-même ou le fait de voir les choix des autres rend le dispositif plutôt « ludique ». De ce fait, il a mieux fonctionné avec les fictions qu’avec les webdocs. Le phénomène a d’ailleurs été renforcé par la forme des webdocs que ous avions choisis [Voyage au bout du charbon et Le Challenge, NDLR].
Qu’en est-il de « The End, etc… » ? Pourquoi ce choix ? Et qu’espérez-vous pouvoir déclencher chez les spectateurs ?
Cette collaboration est le fruit de la rencontre avec Géraldine Michelon, la productrice de The End, etc… (Mémo Prod), qui était sensible à notre démarche.
L’œuvre nous a intéressé car, même si nous nous attendons à des limites proches de celles rencontrées avec les autres œuvres sur lesquelles nous avons travaillé (elles n’ont pas été pensés pour l’interaction collective), certaines caractéristiques de The End, etc… nous semblaient intéressantes, au délà de l’intérêt artistique bien sûr. Par exemple, les zones de choix sont plus grandes, et le rythme de choix est moins soutenu. C’est intéressant aussi de voir une réalisatrice de cinéma venir vers le web, avec une oeuvre qui revienne vers la salle ensuite.
Nous avons néanmoins été confrontés à plusieurs problèmes techniques, et la version collective que Mémo Prod et son partenaire Incandescence ont développé pour nous est malheureusement moins riche que la version web.
Quels futurs développements envisagez-vous en ce qui concerne cette appropriation collective d’œuvres d’abord pensées pour une réception personnelle ?
Nous n’allons justement pas continuer dans cette voix car, de notre point de vue, ce n’est pas satisfaisant. C’était une façon d’expérimenter l’outil, d’apprécier la réception du public, de lancer le débat, mais la partie intéressante est celle qui démarre maintenant : la production de contenus pensées vraiment pour une projection en salles.
Nous travaillons actuellement sur la production de 4 courts métrages interactifs, 2 jeux vidéos collectifs, et 1 mapping. L’ensemble des artistes associés réfléchissent à de nouvelles écritures, de nouvelles modalités d’interaction, qui puissent utiliser pleinement le collectif, et le collaboratif.
Propos recueillis par Cédric Mal
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–> A noter que The End, etc… sera également projeté à L’hybride de Lille samedi 18 mai à 20h30 et dimanche 19 mai à 19h.
Tres interessant! Bonjour de http://kinokast.org!
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