Dernière séance avant l’été ! Le Blog documentaire et Documentaire sur grand écran poursuivent leur association dans le cadre de la programmation “Doc & Doc”, organisée chaque deuxième mardi du mois au Forum des Images à Paris.

Cette session du mardi 12 juin est consacrée à deux films sur deux femmes, signés Franssou Prenant et Thomas Fassaert. Rapide présentation ici, avec Annick Peigné-Giuly et Lili Hinstin.

Mais avant, sachez que nous vous offrons, comme à chaque séance, 10 places gratuites pour cette soirée. Il vous suffit pour cela d’envoyer vos coordonnées à leblogdocumentaire@gmail.com pour participer au tirage au sort de ce lundi soir. Bonne chance !

De la Guinée à la Flandre, ce sont deux expériences très singulières que vous propose Documentaire sur grand écran ce mardi 12 juin au Forum des Images. Deux séances rares, L’escale de Guinée (Franssou Prenant, 57′, 1987) à 19h, et L’ange de Doel (Thomas Fassaert, 76′, 2011) à 20h45, en présence des cinéastes.

« Deux films, deux pays, deux femmes. La Guinée et la Flandre, l’Afrique enchantée et le plat pays, la couleur et le noir et blanc, une jeune femme flamboyante et une vieille dame butée… Mais une obstination commune, une même véhémence à s’approprier un lieu auquel on n’a pas ou plus “droit”, à le faire sien envers et contre tout ».

Annick Peigné-Giuly et Lili Hinstin poursuivent : « Certaines personnes habitent les lieux. Littéralement. Obstinément. En dépit des diktats économiques, des aléas de l’histoire, des injonctions à quitter le territoire… Dans les films de Franssou Prenant et Tom Fassaert ici mis en regard, deux femmes mettent toute la force et la conviction de leur petite personne à faire leur les lieux qu’elles ont élus. Rejoignant là le chant de refus d’un René Char : “Et je demeure là comme une plante dans son sol bien que ma saison soit de nulle part”.

L’escale de Guinée

(extrait de la voix off)

J’ai passé 6 mois en Guinée (Conakry), entre février et juillet 1986 ; j’y ai tourné, seule, en super 8, des éléments de la vie des gens et des fragments de la mienne, objet exilé dans une ville plutôt dure : c’était deux ans après la mort de Sékou Touré, et le pays, après deux décennies de fermeture à l’occident, était comme resté abandonné dans le temps.
Le film n’est pas un documentaire sur la Guinée, pas plus qu’un journal de bord, il est la conjugaison du voyage et de la mémoire, de la réflexion, du regard de l’exilé volontaire et de la vie qui mène son train.

Je ne me rappelle plus pourquoi j’ai voulu aller à Conakry et pourquoi je me suis tellement entêtée à aller là précisément.
J’espérais un mélange de Bamako et de Djibouti et c’est autre chose et ça rentre doucement dans ma tête et dans mon sang par voie de moustiques.
Je mange du riz et je me dis, si on était seulement ce qu’on mange, je serais déjà un autre.
Je me demande à quoi pensent les gens toute la journée. Je me demande si passant par Conakry en vacances j’aurais fui tout de suite ou si j’aurais aimé connaître et regretté de partir comme d’habitude quand on effleure une ville.
C’est bizarre, je suis sensible à de tous petits riens, une odeur et tout se détraque ; j’essaie de ne pas penser: pourquoi je suis là, qu’est ce que je fais là.

L’ange de Doel

La quête du progrès économique n’épargne jamais les plus faibles. Dans ce sublime requiem en noir et blanc, la petite ville de Doel vit ses dernières années. Située à quelques kilomètres de l’énorme port d’Anvers, Doel doit être rasée pour faire place à l’agrandissement de son ambitieux voisin. Devant ce fait divers, au cœur de la séquence finale du documentaire The Forgotten Space, le cinéaste Tom Fassaert opte pour la démarche inverse du film-essai à échelle mondiale. Évitant tout discours politique, il raconte sobrement la lutte de ces gens ordinaires, en particulier Emilienne, grand-mère courage à la détermination indestructible. Magnifiquement filmé, hanté par la mort, le film se transforme peu à peu en poème crépusculaire inoubliable. Pour qu’Emilienne et Doel ne soient jamais oubliés.

1. La photo de Une de cet article est signée Diderik Evers.

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