Que de nouveautés chaque semaine sur Le Blog documentaire !
Et voici la dernière née : notre édito.Mensuel, il dressera les grandes lignes de ce que vous pourrez découvrir au fil des jours sur notre site. La partie « Doc » présente ce à quoi il faut s’attendre dans le champ du cinéma documentaire, et remplacera très bien nos articles consacrés aux « documentaires en salles et aux festivals ». La partie « Webdoc » dessine les contours des territoires que nous nous proposerons de défricher en ce domaine dans les semaines à venir…
L’idée, vous l’aurez compris, consiste rapprocher ces deux « disciplines » dont la confrontation n’a rien à voir avec une querelle entre « anciens » et « modernes »…
DOC
Les artistes du cinéma documentaire sont de retour en mars ! Et saluons tout de suite le nouveau film de Tony Gatlif, Indignados, qui se présente comme « le témoignage fictionné du temps du réel » ; « une nouvelle forme de ciné-poème à l’urgence des sans papiers, sans noms, rejetés de tous les pays« . En suivant les pas de Betty, une jeune « clandestine » africaine, le cinéaste nous propose de traverser les multiples facettes de ce mouvement de résistance et de contestation très contemporain…
De contestations, il n’y en eût peu aux Oscars. Et dans le brouhaha hollywoodien habituel sont passés presque inaperçus les deux documentaires primés : Undefeated, de Daniel Lindsay et T.J. Martin, et Saving Face, court-métrage de Daniel Junge et Sharmeen Obaid-Chinoy.
En France, notre attention sera retenue en mars par deux cinéastes majeurs dont les derniers films arrivent en salles. Tout d’abord, et c’est suffisamment rare pour être noté, deux films de Wang Bing sortent enfin sur les écrans grâce au travail de Capricci. Un documentaire – Fengming, chronique d’une femme chinoise – et une fiction – Le Fossé – qui sont loin d’être aussi éloignés l’un de l’autre que leur catégorisation par genre le laisse penser. Nous aurons l’occasion d’y revenir très vite avec un entretien exceptionnel que nous a accordé le cinéaste chinois de passage à Paris.
Autre événement en salles en mars : Vol Spécial, film de Fernand Melgar qui a fait polémique au dernier Festival de Locarno (où il a été primé). Le documentaire, remarquable, y avait été qualifié de « fasciste » et d’« obscène » par le président du jury Paulo Branco. Nous aurons l’occasion de revenir en détail sur cette œuvre, qui sort conjointement avec La Forteresse, film du même auteur qui aborde aussi le sort des sans-papiers en Suisse.
Nous suivrons aussi avec attention les bonnes œuvres de Thomas Lacoste, que l’on peut retrouver sur La bande passante. Le réalisateur français a initié en 2007 un vaste travail filmique pour « penser autrement le monde ». Penser critique, son « kit de survie éthique et politique pour situations de crise(s) » fait l’objet d’une belle édition DVD (Montparnasse éditions) et d’une rétrospective au Reflets Medicis à Paris.
A voir aussi en salles en mars : A l’ombre de la République, Stéphane Mercurio, Y’a pire ailleurs de Jean-Henri Meunier, Entre les Brais – la cuisine en héritage de Paul Lacoste ou encore Water le pouvoir secret de l’eau de Julia Perkul et Anastaysia Popova.
Côté festivals enfin, le mois de mars sera inévitablement marqué par Cinéma du Réel, à Paris. Nous aurons très prochainement l’occasion de nous y pencher avec Javier Packer-Comyn, le directeur artistique de la manifestation. Mentionnons également les festivals de Guadalajara, de Thessalonique, de Hong Kong ou encore de Toulouse.
Un dernier mot enfin en forme de coup de chapeau pour les Rendez-vous du cinéma québécois qui viennent de célébrer leur trentième anniversaire avec une édition, nous dit-on, des plus riches !…
Bande annonce « Indignados »
WEBDOC
A partir de ce mois-ci, nous ouvrons la perspective du webdocumentaire pour aborder les rives de la narration transmedia avec, en point de mire, celle dérivée du jeu vidéo. Car nous sommes de plus en plus conscients que la narration web, si elle veut accéder à une singularité et non à une redite souvent maladroite (version CD-Rom), doit penser la question de la place du spectateur.
On a désormais coutume de dire que celui-ci, sevré de passivité, pourrait, sur le web, être actif, voire interactif. Mais cela signifie-t-il pour autant que le processus créatif de la narration doit être sacrifié, et que le webspectateur souverain doive constituer lui-même son oeuvre, à partir de modules éparpillés ? Est-ce que le jeu « dont vous êtes le héros », forme déjà ancienne d’immersion dans le jeu qui refait surface dans la narration web, est-il réellement la forme avancée, le paradigme d’un récit (fictionnel ou documentaire) multi-média ?
Un adjectif s’intègre parfaitement au média que représente le web : total. Totale, comme peut l’être la fiction, chez Eric Viennot (entretien vidéo à suivre). Total comme l’est aussi ce media, lui-même contenant d’autres médias : méta-média ou média total, il agit à la fois comme contenant et contenu, fin et moyen narratif. En parallèle, que pourrait signifier un « regard total » chez le spectateur ? Est-il même possible ? Souhaitable ? Le cas échéant, par quels processus (identification, personnification) peut-il interagir avec une oeuvre ? Et quelle modification pour le statut – non seulement juridique mais aussi moral – de l’auteur ?
Autant de questions très théoriques que nous décidons d’aborder dans un dossier que nous ouvrirons dans les prochains jours par une présentation de la philosophie des jeux vidéos. Certains se demanderont ce que l’art du jeu vidéo, plein de bruit et de couleurs, vient faire dans l’univers, habituellement feutré et intellectuel, du documentaire : nous entendons donner à réfléchir sur ces passerelles qui se créent entre deux mondes qui se sont jusque ici regardés en chiens de faïence. Le jeu vidéo n’est certainement pas le seul avenir du récit (qu’il soit fictionnel ou documentaire), mais sa forme narrative s’en trouve aujourd’hui décuplée par les moyens techniques du web : décuplée et donc disponible à d’autres utilisations et d’autres transformations, dont Manipulations, l’expérience web est un premier exemple.
Cédric Mal
Nicolas Bole
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