Comme chaque année ou presque, Le Blog documentaire a fait ses valises, direction Nyon où se tenait du 21 au 29 avril dernier le festival Visions du Réel. Rien de tel qu’un bol d’air suisse pour se rafraîchir les idées et découvrir de beaux moments de cinéma, par ailleurs documentaire. Benjamin Chevallier était sur place. Il vous livre ici son compte-rendu en trois étapes. Forme d’hommage, aussi, à notre amie Barbara Levendengeur qui avait initié cette forme de récit sur notre site…
Jour 1 – Mardi 19 avril
Pour ma première journée aux Visions du Réel, le soleil fait son apparition. À l’accueil, où je récupère mon accréditation, on me dit que je suis chanceux, qu’hier encore il pleuvait.
Il est 10h, et la foule des festivaliers commence doucement à affluer vers le bar pour le café matinal. On se tape sur l’épaule. On se marre. On se raconte son programme de la journée.
Le mien est plutôt simple : courir après les réalisateurs, les producteurs, les techniciens, et les membres du jury, pour que cette 47ème édition soit racontée par ceux qui la font.
Moleskine® et caméscope en main, je décide de débuter par la nouvelle garde. J’ai la vingtaine, mes aînés m’intimident un peu, je me dis donc que le premier contact sera plus aisé avec les jeunes cinéastes… Et puis, surtout, c’est l’occasion idéale d’offrir la parole à une génération d’auteurs trop rarement mise en avant.
À Nyon cependant, rien à dire : ils sont accueillis à bras ouverts. Les catégories Premiers Pas et Regard Neuf leur sont consacrées. Pas moins de 32 documentaires y sont présentés. Auxquels s’ajoutent les premiers films sélectionnés dans les autres compétitions (long-métrage, moyen-métrage, court-métrage, helvétique, etc.). Et toutes ces œuvres de jeunesse, pourtant pour la plupart fabriquées dans des conditions de production très précaires, apportent une fraicheur bienvenue sur les écrans du festival.
Olivier Racine, auteur québécois de 25 ans, incarne pour moi ce renouveau. Il est le premier réalisateur que j’aborde. J’ai vu son film avant de venir, et je l’ai trouvé brillant. Auto-produit à la sortie de l’université, filmé avec une petite caméra de poing, David’s Birthday parle d’amitié, de solitude et, cerise sur le gâteau, d’amour. Alors que l’interview démarre, un nuage passe …
De dragues et de potes, il en est également question dans End of Summer, que l’on doit à la cinéaste roumaine Alina Manolache. Ce très beau court-métrage documentaire, qu’elle réalise dans le cadre de sa formation, raconte une fin d’été vécue par un groupe de lycéens, avant leur entrée à l’université et dans l’âge adulte. Le calme avant la tempête donc, entre déambulations nocturnes et… déambulations nocturnes.
Accompagné du soleil et de son monteur Gabi, elle nous explique la genèse de ce projet.
Changement de registre. La nuit est tombée sur le Lac Léman, il fait encore bon, et j’ai rendez-vous avec Frederik Subei, un jeune documentariste écossais.
Son film (de fin d’études), Transit Zone, nous emmène dans le camp de Calais pour y suivre l’histoire de Teefa, un jeune migrant soudanais qui tente de passer en Angleterre.
J’ai assisté à la projection officielle quelques heures plus tôt, et, alors que les lumières de la salle s’éteignaient, j’étais encore assez méfiant… tant d’images opportunistes sont produites chaque jour sur ces hommes, ces femmes, et ces lieux ! [A l’exception notable, récemment, du film de Yolande Moreau, NDLR]
Néanmoins, dès la première séquence, confronté à la justesse du regard, j’ai baissé la garde et découvert une oeuvre forte et sincère. Transit se verra d’ailleurs décerner la mention spéciale du Prix des jeunes au terme du festival…
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