Que retenir de ce 29ème festival de Lussas ? Mille choses, comme chaque année… Et au moins cinq documentaires notables, repérés par Marie Baget. Où l’on évoque également l’avenir de la plateforme Tënk et la naissance du « village documentaire ».

Lussas – © Marie Baget

Chaque année à Lussas, les habitués du festival aiment retrouver le stand de crêpes à la farine de châtaigne, les grandes tablées du Petit Moulin et du Kilana d’où observer les campeurs mal réveillés traversant le village avec une barquette de fruits à la main.

Chaque année à Lussas, il y a les plus fêtards abonnés aux soirées endiablées du Blue Bar et ceux qui ne ratent jamais la séance du matin, les inconditionnels du « Plein air » et ceux qui préfèrent la vidéothèque.

Chaque année à Lussas, on se plaint des files d’attente à l’entrée des séances, des discours trop longs ou des sièges inconfortables, mais chaque année on revient et on en redemande !

A Lussas, il y a donc ce qui est immuable mais heureusement aussi des nouveautés ! Cette année, Tënk, qui fêtait ses 1 an, avait planté sa caravane dans le village et ses équipes sensibilisaient les festivaliers à la nécessité de s’abonner à la plateforme pour atteindre les 10.000 abonnés avant la fin de l’année. Leur objectif : participer à la production de 100 films par an à partir de l’année prochaine.

Autre changement en perspective, « le village documentaire » qui abritera tous les acteurs du secteur (Tënk, Ardèche Images, la Maison du doc, L’école documentaire, les Etats généraux, etc…) est enfin sorti de terre. Le chantier est encore en cours mais le bâtiment devrait être inauguré en janvier 2018 (nous en reparlerons).

Quant aux dizaines de films projetés cette année dans les différentes sélections, difficile de faire son choix. Au fil des jours, on est tantôt interpellé, énervé, happé, ému… On en parle avec les copains ou avec des inconnus. On se renseigne, on se conseille, on débat. Et c’est bien là tout le sel de Lussas ! Voici donc une sélection toute subjective de films qui sont ou seront visibles prochainement.

Le « village documentaire » en construction – © Marie Baget

Derniers jours à Shibati de Hendrick Dusollier

Lorsqu’il débarque à Shibati, un vieux quartier délabré de l’immense ville chinoise de Chongqing, le réalisateur ne parle pas un mot de mandarin. Il parvient tout de même à communiquer avec des habitants qui seront bientôt contraints de partir quand le quartier sera rasé. Six mois plus tard, lorsqu’il revient à Shibati, le réalisateur retrouve ses trois personnages, et notamment une formidable petite vielle qui accumule des objets incongrus tel le Facteur Cheval. Et à deux pas de ce quartier en sursis, c’est la Chine moderne avec ses infrastructures impersonnelles et le gigantisme qu’on lui connaît. A la fois sensible, drôle et étonnant, ce film est un bijou d’humanité qui évoque avec finesse la modernisation galopante d’un pays fascinant.

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Les deux visages d’une femme Bamiléké de Rosine Mbakam

La réalisatrice d’origine camerounaise revient dans son pays et retrouve sa mère. Elle la filme et la questionne avec une grande douceur sur sa vie, ses choix, son quotidien.
A travers sa voix-off à la première personne ou ses questions directement posées en in, la réalisatrice assume sa présence. On ressent sa fragilité mais aussi son immense courage d’aller interroger ainsi ses racines et des traditions qui en général se passent d’explications. Sans jugement et sans rancœur, elle prend la mesure de l’écart entre sa culture d’origine et le mode de vie occidental qu’elle a adopté depuis qu’elle vit en Belgique. Et par la présence de son fils à l’image, elle prolonge ses questionnements sur la transmission de sa culture. Un film à la fois tendre et puissant.

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Reprendre l’été de Magali Bragard et Séverine Enjolras

Les deux réalisatrices jouent avec l’idée de tenter le remake du documentaire culte Chronique d’un été, réalisé en 1961 par Jean Rouch et Edgar Morin. Pendant un été à Paris, elles interrogent des personnages sur le bonheur et sur la manière dont ils se débrouillent avec la vie. En creux se dessine peu à peu un portrait de la société française. Le pari était plutôt risqué tant leur film de référence a été connu, débattu et étudié. Mais le résultat est rafraîchissant et sincère.

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68, mon père et les clous de Samuel Bigiaoui

A la projection du film à Lussas, le film a été acclamé. Et deux jours après, le lundi 28 août, il était le coup de cœur de Dorothée Barba sur France Inter. Ce premier film est décidément un succès dont il serait dommage de se priver !

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L’Assemblée de Mariana Otero

Réalisatrice reconnue, Mariana Otero s’est emparée d’une caméra dès les prémices de Nuit Debout fin mars 2016. Il se passait quelque chose d’essentiel. Elle a filmé jour après jour et s’est imposé la nécessité d’un film pour témoigner de ce mouvement unique et original. Le film ne cherche pas à tout montrer de ce qu’ik s’est passé sur la place de la République mais il suit un fil conducteur, celui de la soif de démocratie et de la possibilité ou non de la réinventer.

  • Sortie au cinéma le 18 octobre.

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A noter également parmi les films présentés à Lussas (liste non exhaustive) :

  • Bricks de Quentin Ravelli. Sortie au cinéma le 18 octobre.
  • Les éternels de Pierre-Yves Vandeweerd. Prochainement sur ARTE.
  • Braguino de Clément Cogitore. Projection cet automne à Marseille et à Paris dans le cadre des Primeurs du Blog documentaire. Sortie en salles le 1er novembre et diffusion sur ARTE en novembre à l’occasion des vingt ans de « La Lucarne » (+ Exposition au BAL liée au film, du 15/09 au 24/12).
  • L’Usine de rien de Pedro Pinho. Sortie le 13 décembre au cinéma. Sélectionné à la quinzaine des réalisateurs à Cannes.
  • Athènes rhaspodie d’Antoine Danis. Prochainement au cinéma. Sélectionné aux 32eme Entrevues de Belfort.

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