Nouvel épisode de notre podcast « L’Atelier du Réel », qui vous emmène dans les arcanes de la création documentaire… Trente minutes de conversation avec un-e auteur-e à partir d’un film, pour tenter de saisir quelques choses de sa manière de travailler avec le réel.

Cinquième épisode avec Sung-A Yoon, réalisatrice de « Overseas ». Ce documentaire, grand prix du festival « Filmer le travail » de Poitiers en 2020, a également reçu des distinctions à Varsovie, Angers ou encore Pampelune. Il est disponible sur Tënk jusqu’au début du mois de février et sur Médiapart pendant trois mois.

L’entretien, réalisé en partenariat avec la SCAM, est signé Clara Beaudoux.

Sung-A Yoon – © Festival de Locarno.

« A la base, je voulais faire un film de fiction sur les nounous étrangères qui s’occupent des enfants de familles parisiennes. C’était un livre que je voulais adapter, mais les droits avaient déjà été vendus. J’ai donc commencé une recherche au long cours sur le travail domestique en général, lié à notre monde globalisé, et sur cette migration spécifiquement féminine. »

« J’ai commencé mon premier repérage en 2014. (…) Cela a été un très long processus, parce que j’ai visité beaucoup de centres de formation. (…) Il y a différents types de séminaires, de préparation au départ, des cours de langue aussi, évidemment beaucoup de démarches administratives, l’agence de recrutement qui vous met en lien avec l’employeur, etc. (…) J’avais décidé moi-même d’observer toute la formation. Je voulais pouvoir comparer les différents centres de formation que je visitais et parvenir à approcher cette réalité en profondeur. »

« Tous les tournages sont différents, mais c’était des moments assez incroyables. Tous les jours, on était extrêmement étonné par tout ce qu’il se passait. Elles ont accepté très vite d’être filmées – évidemment, il y a eu un petit moment d’adaptation, d’acclimatation, on se rencontrait, on se découvrait. Petit à petit, elles se sont ouvertes, et je crois qu’elles étaient vraiment très convaincues à l’idée de participer au film. Elles avaient vraiment envie que le regard des gens change sur elles. »

« Le film voulait décrire cet état d’entre-deux dans lequel sont ces femmes. Elles sont bien sûr encore aux Philippines, mais en même temps elles dorment sur place, elles sont loin de leurs familles, on leur confisque leurs téléphones portables, donc du coup elles sont déjà presque parties, mais en même temps elles ne sont pas encore à l’étranger. Elles sont entre l’ici et l’ailleurs et j’avais envie que, dans les espaces du film, on puisse presque les voir chez l’employeur ».

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