Dix-neuvième soirée des « Primeurs » du Blog documentaire ce dimanche 10 décembre , toujours organisée avec notre partenaire, le cinéma Videodrome 2 à Marseille. Un dimanche par mois, les Primeurs proposent, avec le soutien d’ARTE Actions Culturelles, des films récents, issus de festivals ou en avant-première.

Au programme pour cette fin d’année : l’incontournable « Braguino », de Clément Cogitore. Un film en forme de voyage photographique et filmique à la recherche d’une « communauté impossible », recluse au cœur de la forêt en Sibérie. Au milieu du village : une barrière sépare les Braguine et les Kiline. Vivant recluses en autarcie au bout du monde, les deux familles se sont brouillées, se haïssent et refusent depuis plusieurs années de se parler. Entre la peur des bêtes sauvages, du feu qui détruit tout, et la joie offerte par l’immensité de la forêt et de ses ressources, enfants et adultes tentent tant bien que mal de vivre ensemble : un projet politique à l’épreuve de la taïga.

Rendez-vous, donc, au Videodrome 2 ce dimanche 10 décembre à 20 heures. 

Et pour accompagner cette projection, nous vous proposons de (re)lire notre entretien avec le cinéaste. Il a été mené par Fanny Belvisi…

Le Blog documentaire : Deux voyages ont été nécessaires pour réaliser Braguino ; le premier pour repérer et le second pour tourner. Comment as-tu trouvé et construit la dramaturgie du film ?

Clément Cogitore : Pour moi, la seule dramaturgie possible pour le film résidait dans le conflit qui oppose les Braguines aux Kilines. Or, il y avait deux problèmes qui se posaient. Le premier est que je n’avais aucun modèle de film documentaire reposant entièrement sur un conflit entre deux parties, et toujours filmé d’un seul côté. C’était assez compliqué et je ne savais pas si ça allait vraiment fonctionner. La deuxième difficulté est que j’avais affaire à un conflit larvé où les deux groupes hésitent à se parler. D’où mes incertitudes sur la manière dont les personnages pouvaient émerger dans un contexte où ils ne font que s’éviter. Mon problème était donc de comprendre comment faire un film à partir de ces conditions particulières.Dans tous les cas, une fois ma décision prise de travailler autour de cette histoire, l’important pour moi était de respecter des règles élémentaires de déontologie en ne les poussant jamais à l’affrontement, ni à quoi que ce soit d’ailleurs. Je ne voulais pas intervenir, mais j’avais parfaitement conscience que ma présence et celle de la caméra allaient forcément induire des choses, modifier des éléments et créer des événements. Mais il n’était pas question de pousser dans un sens ou dans l’autre.

Ce conflit entre les deux familles est aussi abordé à hauteur d’enfant. Pourquoi ce choix ?

Quand je suis parti tourner, je savais donc que j’allais articuler mon film autour de ce conflit, autour de cette impossibilité de partager le monde que Sacha avait construit. Je savais aussi que je voulais construire mon film du point de vue des enfants. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il y a eu autant de temps entre les deux voyages. Il s’est passé quatre années entre mon repérage et le tournage lors du second voyage. Ce long laps de temps est aussi dû à des raisons de production. Je prenais un risque pour moi et pour les gens qui s’engageaient en mettant de l’argent dans le projet [Le film a été produit par Seppia, NDLR] : je partais dans une aventure sans savoir vraiment où j’allais. Mais ces quatre années d’attente sont aussi liées au fait que je voulais que les enfants grandissent. Ils étaient vraiment trop petits au moment du repérage, et même pendant le tournage, il a fallu un petit peu de temps d’apprivoisement mutuel pour que notre relation devienne « vivante ».

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Braguino
Un film de Clément Cogitore
Produit et distribué par Seppia, Making Movies Oy et ARTE France
2017 – 49 minutes – France/Finlande

Projection le dimanche 10 décembre à 20 heures
Videodrome 2 – 49 cours Julien – 13006 Marseille
Entré à prix libre (+3 euros d’adhésion)

Les Primeurs est un événement mensuel imaginé par Le Blog documentaire et Vidéodrome 2, avec le soutien d’ARTE Actions Culturelles.

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