A quelques jours de l’ouverture du Sunny Side of the Doc, les équipes documentaires de France Télévisions se sont livrées à un exercice assez inédit, « parce que tout le monde ne peut pas se rendre à La Rochelle ». Une conférence de presse de 2 heures au siège du groupe, à Paris, pour présenter les productions à venir dans les prochains mois. Le Blog documentaire y était. Revue de détails.

documentaires FTV« Le documentaire est très important pour nous, 
et nous sommes très importants pour le documentaire »

Le ton est ainsi donné par Bruno Patino, l’actuel directeur des programmes et du numérique de France Télévisions, qui poursuit son introduction en égrenant des chiffres venus en renfort de cette citation initiale : plus de 110 millions d’euros d’investissement pour les documentaires en 2014 (soit une hausse de 23% par rapport en 2010), 8.858 heures diffusées en 2014 (en augmentation de 31% en 4 ans), 110 prix ou récompenses pour des films coproduits par le groupe. Sur l’ensemble des chaînes, ce sont 49 cases hebdomadaires dédiées au genre qui sollicitent, nous dit-on, près de 350 sociétés de productions et environ 1.000 auteur-e-s réalisateurs-trices.

« Une politique de l’offre qui rencontre son public », expose Bruno Patino, citant 6 soirées documentaires en prime time ayant regroupé plus de 5 millions de spectateurs sur France 2 en 2013/2014, 3 soirées à plus de 4 millions sur France 3 et 4 soirées à plus de 1,5 millions sur France 5. D’une manière générale, 140 documentaires ont été vus par plus d’un million de téléspectateurs sur les antennes de France Télévisions.

Le groupe s’enorgueillit par ailleurs du Prix Albert Londres décerné cette année à Voyage en barbarie (diffusé sur France Ô), revendique au moins 17 documentaires diffusés à 20h50 en 2015 sur France 2 et se félicite de la grille de France 5, composée pour moitié de documentaires. Bruno Patino conclut en insistant sur les efforts du groupe mis en oeuvre pour faire évoluer le documentaire dans plusieurs directions : le renouvellement des formes narratives, l’intégration des nouveaux usages associés et la réflexion sur les expériences sociales ayant un impact dans la vie réelle.

France 3 national : Conjuguer politique et histoire

Du côté de France 3, Clémence Coppey rappelle le leitmotiv qui, depuis 5 ans, guide la politique de la chaîne : « Notre histoire va vous surprendre ». Sous « ce cadre, cette ligne et cette méthode », 200 documentaires ont été produits ces dernières années. La directrice de l’unité documentaire rappelle que ces films balaient le plus souvent l’Histoire et la politique en mêlant le passé, le présent et en interrogeant « la question du pouvoir », mais aussi la géographie (physique, humaine, sociale) qui dessine « une nouvelle carte de la France » qui bouge, et qui souffre.

Au niveau national, France 3 se félicite de « cases documentaires de mieux en mieux exposées », en citant les Lundi en Histoires, Docs Interdits ou encore La Case de l’Oncle Doc. On avance une moyenne de 2 millions de spectateurs par film. A cela viendra s’ajouter cet été une nouvelle fenêtre estivale, Affaires d’Etat, étranges affaires, dans laquelle seront par exemple diffusés des documentaires sur Lagardère ou sur François de Groussouvre. Les deuxièmes parties de soirée seront par ailleurs avancées en raison de la suppression annoncée du « Grand Soir 3 ».

A noter parmi les événements marquants de la rentrée de septembre :

  • Versailles, rois, princesses et présidents (Morgane groupe) : Frédéric Biamonti explore les « rapports » entre la France monarchique et la France républicaine à travers le célèbre château ;
  • Le Temps d’un président (La Générale de production) : Yves Jeuland s’immisce dans les coulisses de l’Elysée entre août 2014 et janvier 2015 – le film sera accompagné d’un dispositif transmédia, notamment une BD numérique ;
  • Les territoires perdus de la République (Seconde Vague) : George Benayoun s’appuie sur le livre éponyme publié par un collectif d’enseignants pour dresser un état des lieux des phénomènes de racisme, d’antisémitisme, de machisme ou encore de contestation des cours d’histoire ou de biologie qui se manifestent dans l’Education Nationale.

A venir également, des portraits d’artistes inédits (sur Franis Cabrel, Serge Reggiani ou Alain Delon) et l’exploration de problématiques liées au logement et aux hopitaux par le prisme de la pauvreté périurbaine ou de l’inégalité d’accès au soins.

Clémence Coppey ajoutera un dernier mot pour saluer le succès du concours Filme ton quartier, mené avec les antennes régionales de la chaîne. L’initiative sera reconduite, et sans doute élargie…

FTV3
Le temps d’un président – © La Générale de Production/France 3

France 3 antennes régionales : Le documentaire puissance 24

Olivier Montels rappelle d’abord que, chaque samedi à 15h20, 24 documentaires différentes sont diffusés sur les 24 antennes régionales qu’il dirige. Ajoutés aux autres cases mensuelle et hebdomadaire, cette offre représente 300 films environ produits chaque année par 198 sociétés différentes. Soit 4.775 heures de programmes documentaires diffusées en 2014.

Les antennes régionales de France 3 privilégient les films très ancrés dans les térritoires, dotés d’une identité locale forte mais proposant une portée plus large. « Notre ambition est que les documentaires régionaux fassent œuvre de patrimoine », explique le directeur des antennes qui explique par ailleurs que « Le réseau de France 3 permet à ces nouveaux talents du documentaire d’émerger ».

Trois axes constituent la politique éditoriale de ces antennes régionales : l’Histoire, sociale, politique ou industrielle (à venir notamment L’affaire Schlumpf, Benoît Sourty, France 3 Alsace ou encore Christian Dior, l’élégance du paradis perdu, Dominique Adt, France 3 Basse-Normandie), la découverte (Libre comme l’air, Nicolas Hairon et Antoine Boisselier, France 3 Alpes et surtout Un monde sans silence, Christophe Coutens, France 3 Poitou-Charentes) et la société (Naître tout simplement, Aurélie Bérard, France 3 Centre-Val de Loire ou Tour comme cochons, Mathurin Peschet, France 3 Bretagne).

La production de « webdocumentaires » n’est pas en reste pour France 3 en régions, avec des propositions peu nombreuses mais très qualitatives, comme en attestent Les Résistances (Jan Vasak, prix des nouvelles écritures SCAM 2015) et le très attendu La Parade (conte documentaire signé Mehdi Ahoudig et Samuel Bollendorff).

Throught You Princess - © First Hand Films/France 4
Through You Princess – © First Hand Films/France 4

France 4 : Le documentaire « gonzo » consacré

C’est sans doute ici que les propositions formelles et éditoriales sont les plus inattendues. Renaud Allilaire, adjoint aux magazines et aux documentaires de France 4, l’explique tout de go en faisant référence aux programmes les plus récents : « Sur cette chaîne, on chante et on crie, on s’aime aussi, on se salue, et on s’interroge ». Concrètement, l’assertion doit se vérifier dans « des films bien vivants, qui nous montrent que le monde bouge, et parfois craque ».

Plusieurs types de films sont ainsi mis en avant : les documentaires musicaux (comme Monte le son, le doc « Feu ! Chatterton », Marie Guilloux) et les documentaires « gonzo ». Entendez par là « Des personnages singuliers et légitimes pour des enquêtes ultra subjectives, sans fard, où l’on assume les expérimentations, le goût de l’étrange et de l’étranger ».

Parmi les propositions à venir dans cette catégorie, on notera notamment :

  • La mélancolie du télésiège, Enquête sur le syndrome du moniteur de ski (Treize 7) : Ce projet de Joséphine de Meaux, passé par le financement participatif, explore la manière dont nos enfances habitent activement les adultes que nous devenons.
  • Comment je suis devenue invisible (Kuiv) : Alexandra Ranz mène une expérience de disparition de tout système de traçabilité (carte bancaire, téléphone portable, télésurveillance, etc.), au point de devenir elle-même « suspecte ».

Deux autres documentaires à venir méritent également l’attention :

  • Through you Princess (First Hand Films) : Ido Haar se penche sur « la conjuration de deux solitudes – une chanteuse amateure aux Etats-Unis et un musicien producteur en Israël – qui se rencontrent grâce à Internet ». Le documentaire sera accompagné d’un dispositif transmédia.
  • Ben’s robot (Roast Beef Production) : Roy Cohen s’intéresse à l’une des figures de proue du transhumanisme, le scientifique Ben Goertzel, qui espère fabriquer la première intelligence artificielle à apparence humaine.

D’une manière générale enfin, France 4 poursuit ses efforts pour explorer les nouvelles formes d’écritures, notamment documentaires. Renaud Allilaire cite les accompagnements transmédias de programmes destinés à l’antenne, mais aussi Datagueule et ses 115.000 abonnés sur YouTube…

Taïga - © A Propos/France 5
Taïga – © A Propos/France 5

France 5 : Une grille à moitié documentaire

Caroline Behar le martèle : cela fait 20 ans que la programmation de la chaîne dont elle dirige l’unité documentaire est composée à 50% de documentaires. Celle qui est aussi directrice des acquisitions et coproductions internationales de France Télévisions avance ses chiffres : 351 heures produites cette année sur France 5 (dont 50 heures avec des partenaires internationaux), avec 134 sociétés différentes et environ 400 auteur-e-s, et 600 heures de documentaires achetées.

La chaîne avance une audience en progression pour ses cases les plus en vues : + 32% pour Le Monde en face, + 24% pour La Case du siècle, et plus d’un million de téléspectateurs pour Le Doc du dimanche.

L’accent éditorial est placé sur « les sujets les plus forts, avec le plus d’humanité possible, et cela alors que le besoin de sens, de compréhension et d’émerveillement n’a jamais été aussi important ». France 5 fait ainsi le pari de l’émotion, de l’impact et du regard d’auteur « qui transcende les questions technologiques ». Et Catherine Behar de reconnaître : « Il y a vraiment un ‘après-Charlie’ pour le documentaire, de vraies questions sont posées sur les valeurs de la République, et France 5 ne peut échapper à ces questionnements ». La bande annonce des programmes à venir cite notamment Apollinaire : « Il est grand temps de rallumer les étoiles »…

La rentrée de France 5, en septembre, sera donc « illuminée » par une série de documentaires notables. Citons pêle-mêle : Le véritable coût de l’immigration (Martine Delumeau, Intuition Films & Docs), Femmes invisibles – survivre dans la rue (Claire Lajeunie, L2 Films), Bolivie, 10 ans, l’âge de raison (Jean-Baptiste Jacquet, Baozi Production) ou encore Le prix a-t-il un sexe ? (Sarah Oultaf, Interscoop).

Le documentaire de Joël Calmettes, Dette, histoire d’une gangrène 1974-2014 (2 x 52 min., Chiloé Productions), retient également l’attention en ce qu’il sera accompagné de 30 modules courts intitulés Désendettez-vous de vos préjugés et dont on imagine assez bien qu’il feront leur effet sur les réseaux sociaux.

La case L’empire des sciences élargit encore ses propositions avec 10 nouveaux films inédits qui seront diffusés le samedi à 19h pendant tout l’été. La chaîne travaille par ailleurs sur un « portail web des sciences » sur lequel certains documentaires seraient visibles pendant 30 jours après leur diffusion à l’antenne.

Quant à la série Duels, elle revient pour une troisième saison en janvier 2016 en élargissant son spectre aux objets et aux institutions. S’affronteront ainsi dans les prochains films la 4L et la 2CV, le KGB et la CIA, Paris et la Province ou encore Truffaut et Godard. Les 18 propositions retenues pour cette série ont été sélectionnés parmi 225 projets reçus par la chaîne.

Caroline Behar conclut en soulignant que « France 5 reste une chaîne de la diversité, qui mêle l’investigation, la pédagogie et les récits plus intimes ». La chaîne annonce également une quinzaine de documentaires pour accompagner la COP 21 en décembre.

Vanuatu - © /France Ô
Vanuatu, le laboratoire des bouleversements climatiques – © Grand Angle/France Ô

France Ô : Cap sur l’environnement

L’effort d’accompagnement de ce grand somment environnemental sera également au cœur des préoccupations de France Ô dans les six prochains mois. Hervé Cauchy, le directeur de l’unité documentaire de la chaîne, annonce qu’une vingtaine de documentaires ont été produits pour l’occasion. Manière de « montrer que la mobilisation citoyenne est en cours ».

Les téléspectateurs de France Ô pourront ainsi découvrir Vanuatu, le laboratoire des bouleversements climatiques (Pierre Belet, Grand Angle) et pas moins de trois séries : Les nouveaux résistants (3 x 52 min.), Maud et les enfants de la mer (7 x 52 min.) et Outre-mer, les sentinelles du climat (10 x 26 min.) .

Hervé Cauchy rappelle que France Ô a participé à la production de 80 films cette année, dont le Prix Albert Londres 2015 Voyage en barbarie (Cécile Allegra et Delphine Deloget, Memento – avec Public Sénat). La chaîne qui se veut également « traducteur d’impact » annonce pour l’an prochain 11 janvier, la France un an après (Julien Dubois, Zadig productions) et, dans une autre mesure, une programmation autour du Brésil à l’occasion des JO de 2016.

Fort du succès de la Tour Paris 13 (530.000 visites sur le site, 150.000 vidéos vues en intégralité et un documentaire à l’antenne ce 23 juin), France Ô entend également « systématiser les approches transmédias ». Deux projets sont d’ores et déjà annoncés en ce sens : une application sera développée en parallèle du documentaire Beat box, boom bap autour du monde (Pascal Tessaud, Temps Noir) pour « faire son beatbox soi-même », et une expérience transmédia de film à 360° accompagnera le documentaire de Benoît Litché sur les sportifs de l’extrême intitulé Le Goût du risque (Seppia Films).

Côte à côte - © Mareterraniu/Outre-mer 1ère
Côte à côte – © Mareterraniu/Outre-mer 1ère

Outre Mer 1ère : Archipels en première ligne

Depuis 9 ans, c’est Archipels qui constitue la plus grande collection de documentaires sur les Outre-mer. Le présentateur de cette case, Elyas Akhoun, revendique 400 films produits depuis 2006, soit une quarantaine par an – dont les deux-tiers sont effectivement produits en Outre-mer. Il s’agit de « raconter l’histoire qui, souvent, n’est pas au programme des écoles, et dessiner le contemporain qui reste à bâtir ».

Parmi les propositions notables à venir : Côte à côte (Yannick Casanova, Mareterraniu) s’intéressera aux migrants qui tentent de rejoindre Mayotte depuis Anjouan, et Je nous sommes vus (Gilles Elie-Dit-Cosaque, La Maison Garage) explorera l’univers des télénovelas du point de vue de leurs spectateurs.

Le Dernier des Gaulois - © Programm 33/France 2
Le Dernier des Gaulois – © Programm 33/France 2

France 2 : Infrarouge débarque sur YouTube

Fabrice Puchault l’annonce en préambule comme pour mieux entériner ce nouveau paradigme : « Nous en avons terminé avec le cadre fixe : les documentaires ne sont plus seulement destinés à la fenêtre de la télévision ». Citant les répercussions des documentaires de la case Infrarouge sur le web (16.000 abonnés sur la page Facebook, jusqu’à 15.000 tweets par film), le directeur de l’unité documentaire annonce le déploiement d’une partie de son offre sur Internet.

Autrement dit, une nouvelle chaîne Youtube sera lancée ce vendredi pour proposer, gratuitement et pendant un an (renouvelable), certains documentaires qui seront accompagnés par des « contenus éditorialisés ». L’initiative concernera des films déjà diffusés à l’antenne, mais aussi des inédits. Les programmes historiques basés sur l’utilisation d’archives en sont pour l’instant exclus pour des raisons juridiques. Parmi les premiers documentaires proposés : Souffre-douleurs, ils se manifestent (Laurent Follea et Andrea Rawlins-Gaston), Une peine infinie (David André), Homos, la haine (Eric Guéret et Philippe Besson), La gueule de l’emploi (Didier Cros), Nos mères, nos daronnes (Bouchera Azzouz et Marion Stalens) ou encore Toute ma vie, j’ai rêvé… (Christophe Otzenberger). Manière, aussi, de lutter contre le piratage : certains documentaires de cette case généraient jusqu’à présent plusieurs centaines de milliers de vues sur YouTube, en toute illégalité.

« Le documentaire doit être disponible partout, tout le temps », martèle Fabrice Puchault, qui « regrette » même à demi-mot le « verrou » de la télévision de rattrapage qu’il conviendrait de faire sauter pour parvenir à des durées de replay de 30 jours.

Plus classiquement, l’offre documentaire la plus visible de France 2 reste liée à l’événementiel. Des productions généralement à gros budget ayant trait à l’Histoire, à la nature ou aux sciences. Le directeur de l’unité documentaire cite en exemple Jusqu’au dernier, La destruction des Juifs d’Europe (William Karel et Blanche Finger), qui s’est déployé « en synergie avec la totalité des émissions de la chaîne et de la rédaction ». 4 millions de téléspectateurs auront vu au moins un épisode de la série.

Human - © Hope Productions/France 2
Human – © Hope Productions/France 2

Prochain événement de grande ampleur pour la chaîne : Human (Yann Arthus-Bertrand, Hope Productions). Présentée comme la suite de Home, cette épopée (135 min + 3 x 52 min.) « nous emmène dans un voyage de l’intime de l’homme jusqu’à la beauté grandiose de la nature et du monde ». Elle bénéficiera d’un partenariat inédit, et mondial, entre France 2 et Google pour une Human Day planétaire. L’avant-première du documentaire se tiendra lors d’une prochaine Assemblée générale de l’ONU.

Les documentaires animaliers sont également à l’honneur. « Un genre qui avait quasiment disparu des antennes, explique Fabrice Puchault, et qui pourtant y a toute sa place ». Saluant l’excellence de « l’école française » en la matière et estimant que ce genre de propositions permet de sensibiliser les publics à la disparition annoncée de certaines espèces animales, le directeur de l’unité documentaire annonce de nouveaux programmes de ce genre : Planète animale (Mike Gunton, en coproduction avec la BBC) et Rayée (Laurent Frappat, Magnéto Presse).

Programmation événementielle, toujours, avec Le Dernier des Gaulois (Samuel Tilman, Programm 33), un documentaire composé à 60% de film d’animation qui « s’appuie sur les dernières avancées de l’archéologie (…) pour donner une image à la fois juste et renouvelée d’un peuple méconnu ». Une bande dessinée interactive annoncera et prolongera la diffusion du film.

Bois d’ébène (Moussa Touré, Les Films d’Ici) racontera la traite des Africains par les Français à travers l’évocation des destins de Yanka et Toriki, enlevés et conduits en esclavage dans les Caraïbes. Apocalypse Staline (Daniel Costelle et Isabelle Clarke, C.C.&C.) s’intéressera, comme son titre l’indique et à la manière que l’on devinera, au personnage de Staline.

S’agissant de la case Infrarouge, Fabrice Puchault devance les critiques en rappelant que, sur cette case, « il n’y a jamais d’arbitrage entre l’audience et la valeur des œuvres ». France 2 affiche ici sa volonté de « transformer la valeur unique d’un documentaire en force d’impact » et pointe plusieurs documentaires à suivre dans les mois qui viennent : Baisse pas ta garde (Nicolas Wadimoff, Akka Films et Alegria Productions), un film « sur l’éducation, les valeurs et la dignité » dans le monde des Mixed Martial Arts à Marseille, ou encore Expulsions, la honte (Karine Dusfour, Morgane Production), un documentaire sur « les damnés du logement, invisibles et honteux, qui brisent le silence et se racontent ».

Dernier fait saillant de cette présentation, la reconduction d’un dispositif similaire à celui qui fut expérimenté pour Viols, les voix du silence et pour Souffre-douleurs, ils se manifestent ; c’est-à-dire la mise en place d’une plateforme web de recueil de témoignages sur un autre sujet : les travailleurs illégaux, autrement appelés « esclaves modernes »…

Le concours de courts-métrages documentaires Infracourts, quant à lui, sera reconduit.

FTV70
Transsibérien – © Eden/France Télévisions nouvelles écritures

France Télévisions Nouvelles Écritures : Une plateforme, IRL, dédiée aux « nouvelles écritures du réel »

Rappelons tout d’abord, même si c’est une évidence, que l’ensemble des expériences web et des dispositifs transmédias mentionnés pour les différents programmes des différentes chaînes sont développés avec le département des Nouvelles écritures du groupe.

Voyelle Acker, la directrice adjointe de ce département, explique que la production de contenus originaux se poursuit, et cela en direction de tous les publics. Génération quoi ? (qui va s’étendre à une quinzaine de pays européens dans une nouvelle version) et Jeu d’influences sont notamment cités en exemple.

Parmi les projets web inédits en cours de développement ou de production, et outre les déclinaisons numériques conçues en accompagnement des films citées précédemment (voir Le dernier des Gaulois ou Le temps d’un président par exemple), on trouve notamment Les Saisons : Morphosis, l’aventure du paysage depuis l’âge de glace (Pierre Cattan, Small Bang et Galatée), prolongement transmédia (application mobile et site de curation de contenus) du nouveau film de Jacques Perrin. Le dispositif « propose de créer un lien affectif avec le paysage, à travers des histoires étonnantes et fortes qui aident à poser un nouveau regard sur notre monde ». Il vient d’être primé aux Cross Vidéo Days.

Les Nouvelles écritures de France Télévisions mettent également un pied dans l’univers de la réalité virtuelle avec le projet du photojournaliste Karim Ben Khelifa, The Enemy (Camera Lucida, Emissive et Department, avec l’ONF). « A la convergence de la réalité virtuelle, des neurosciences, de l’intelligence artificielle et du storytelling, le projet (…) propose au public de se retrouver au centre d’un face-à-face entre deux ennemis, deux combattants ».

Voyelle Acker insiste aussi sur le « laboratoire » que constituent les Nouvelles écritures, en expliquant qu’il s’agit d’avoir « un coup d’avance sur les usages ». C’est également pour « renouveler les écritures du réel et réfléchir en s’affranchissant des questions de formats » que France Télévisions lance un nouvel espace d’expérimentations documentaires – mais pas que. « IRL », c’est son nom, verra le jour en juin pour la version Bêta – en septembre pour une version optimisée. Cette « plateforme des nouvelles écritures du Réel » rassemblera « des programmes courts, originaux et innovants qui racontent le monde avec un parti-pris affirmé ». « Magazine, documentaire, reportage, animation… IRL n’épouse aucun genre. Elle préfère les torturer, les mixer, les revisiter, les délaisser aussi ».

Et pour raconter ainsi le monde sans filtre en privilégiant les « histoires » aux « sujets », France Télévisions mise sur des programmes web ayant déjà fait leurs preuves (Datagueule, déjà cité, ou Dans ton flux), mais aussi des propositions inédites. Parmi les plus attendues : Transsibérien (Thylacine et David Ctiborsky, Eden), feuilleton web sur la composition d’un album le temps d’un voyage entre Moscou et Vladivostok, et La Parade, le conte documentaire post-industriel de Mehdi Ahoudig et Samuel Bollendorff (Les Films du Bilboquet) dont nous reparlons très vite…

Cédric Mal

FTV78-> France télévisions et le documentaire – le dossier

One Comment

  1. Merci pour tous ces détails sur le bilan 2015/2016

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