Deuxième épisode de notre immersion au festival Visions du Réel, qui s’est déroulé du 21 au 29 avril dernier à Nyon. Huit jours baignés de cinéma documentaire dans un havre de paix, en Suisse. Benjamin Chevallier était sur place, et après s’être penché sur la jeune création, il s’intéresse ici aux professionnels plus établis. Rencontre avec un producteur de renom, deux diffuseurs en devenir et le directeur de la manifestation, Luiciano Barisone.
Jour 2 – Mercredi 20 avril
Michel David ne me connaît pas, mais moi je le connais. Ou plutôt, je connais sa société, Zeugma Films, dont j’ai découvert le nom il y a quelques années, en 2013, au générique de 5 Caméras brisées en tant que distributeur.
Depuis, on doit à cette petite structure du 18ème arrondissement de Paris – entre autres – la fabrication du film de Luc Decaster Qui as tué Ali Ziri ? (j’en avais parlé ici), la distribution posthume de No Home Movie de Chantal Ackerman, Spectres ou encore Salto Mortale… et, actuellement, la production des nouveaux films de Pierre-Yves Vandeweerd et d’Alessandra Celesia.
À l’occasion des 20 ans de cet engagement hors normes, Michel David est à Nyons pour une rencontre intitulée : « Être producteur ? Un travail de liberté, de poésie, et de rigueur ».
Alors qu’il s’apprête à quitter la salle à la fin de la traditionnelle séance de questions/réponses, je me présente et lui propose une interview. Dans un sourire, il accepte, me disant qu’il a lu mon article à propos de Qui as tué Ali Ziri ? et qu’il se souvient de mon nom… Nous parlons ensuite de sa relation aux auteurs, de la fidélité des producteurs, et d’auto-production… [Michel David a depuis lancé un appel à la solidarité pour sauver sa société, NDLR]
Pour continuer en beauté cette journée consacrée à l’industrie, je file à la présentation de la plateforme de VOD par abonnement Tënk. Spécialisée dans le documentaire de création, pilotée depuis le village de Lussas, le projet devrait voir le jour dès cet été…
Et c’est une excellente nouvelle, tant les oeuvres concernées méritent d’être vues en dehors du petit cercle festivalier. À terme, Tënk ambitionne même de s’engager dans des activités de coproduction. Mais les pilotes de cette belle aventure, Diane Veyrat et Jean-Marie Barbe, vous en parleront mieux que moi. Vidéo où il est notamment question de « basique innovant »…
Il est 16h, et je n’ai pas encore mis les pieds dans une salle de projection.
Attablé au réfectoire, je croise Abbas Fahdel, auteur d’Homeland : Irak Année Zéro, qui avait remporté le Sesterce d’or à l’unanimité lors de la précédente édition, et qui se retrouve aujourd’hui membre du jury de la compétition internationale. Nous nous étions rencontrés en décembre à Paris, pour un entretien (à retrouver ici), avant qu’il n’entame un tour du monde des festivals pour accompagner son film.
Des cernes sous les yeux mais toujours aussi chaleureux, il me conseille d’aller à la rencontre de Luciano Barisone, le directeur de la programmation. La parole de l’italien, ancien journaliste et critique de cinéma, serait d’or… Discussion où les films se parent de générosité, de mystère et d’illuminations…
Lire aussi…
– Visions du Réel 2016 – jour 1 : Trois jeunes cinéastes font souffler un vent de fraîcheur
– Visions du Réel 2016 – jour 3 : Coup d’œil critique sur le palmarès du festival
Michel David et Zeugma n’ont pas Produit 5 caméras brisées mais distribué le film en salles. Il était produit par Allegria / Serge Gordey. Votre expression « au générique de » porte à confusion.
Merci pour cette nécessaire précision.