Il n’y a pas que le Sunny Side, le FID, les RIDM, Visions du Réel ou les Etats Généraux du Documentaire à Lussas dans l’univers des festivals de documentaires… Il y a aussi des propositions plus modestes, moins connues, mais tout aussi intéressantes… Par exemple : Les 3èmes Rencontres Ad Hoc et les 1ères rencontres « Lussas aux pinces d’or » dans la Drôme, ou encore Dépaysement/Spaesamenti à Forcalquier (Alpes de Haute-Provence) et à Turin. Portés par des équipes motivées malgré des budgets très limités, ces rendez-vous allient reprises de programmations de grands festivals et rencontres diverses, dans une ambiance « familiale » et des cadres bucoliques. Alors que le Festival International du Documentaire Émergent vient aussi de se terminer à Commune Image (Saint-Ouen), lumière sur la 2ème édition de Dépaysement/Spaesamenti, rencontres franco-italiennes organisées cette semaine jusqu’à samedi soir.
Pour la première édition de Dépaysement/Spaesamenti en décembre 2014, l’équipe du festival basée des deux côtés des Alpes avait imaginé une programmation autour de la thématique des frontières. Mais loin de s’arrêter aux seules projections de films, le festival affichait son originalité en mettant en place des ateliers d’écriture destinés à former critiques et programmateurs de cinéma [Nous avions d’ailleurs publié un texte de Francesca Veneziano sur « Les Messagers », NDLR]. Puis, depuis Forcalquier et Turin, les organisateurs ont lancé un appel à projets artistiques destinés à être réalisés autour de la frontière franco-italienne. Cette initiative baptisée Borderscapes, soutenue par les régions PACA et Piémont ainsi que par le fonds Alcotra de l’Union Européenne, a accompagné dans leur travail 8 artistes, à parité entre l’Italie et la France. L’entre-deux-éditions du festival fut donc un temps de création pour ces artistes (un musicien, une plasticienne, deux documentaristes sonores, deux réalisateurs, un photographe et une designeuse), dont les œuvres seront présentées cette année le long d’un parcours proposé aux visiteurs de cette deuxième édition de Dépaysement/Spaesamenti.
Organisée comme il y a 3 ans en miroir, la manifestation se tiendra d’abord à Forcalquier (à La Miroiterie, collectif local de professionnels de l’image, qui l’organise avec Airelles Vidéo et la fondation Dravelli) du 18 au 20 mai, puis à Turin du 29 juin au 2 juillet. Elle propose naturellement une programmation majoritairement franco-italienne. Et les projections auront un fort accent de « Primeurs » du Blog documentaire puisque trois des films programmés dans notre cycle marseillais se retrouveront à Forcalquier : le très poignant Vivere de Judith Abitbol en ouverture, en présence de la réalisatrice et de la protagoniste principale, Paola Valentini, puis le lendemain Dustur, de Marco Santarelli, et enfin Zona Franca de Georgi Lazarevski. En guise de séance de rattrapage, les spectateurs pourront aussi voir La permanence, le film, nécessaire, de la réalisatrice césarisée Alice Diop. Mais la nouveauté à ne pas rater sera certainement la performance live agrémentée de quelques surprises gustatives que constitue la soirée de clôture : la réalisatrice Francesca Cogni a filmé, dans un bar à Berlin, la rencontre puis l’idylle entre le turco-allemand Demet et l’égyptienne Alaa. Work in progress revendiqué, brassant les thèmes de l’exil et du métissage culturel, Es war einmal in caffe Kotti appelle les spectateurs à une expérience inédite, qui n’a pas encore été montrée en France.
Si Dépaysement/Spaesamenti se tient à l’aube de l’été, les Rencontres Ad Hoc ont, elles, investi la rentrée de septembre pour proposer leur rendez-vous annuel autour de films en plein air, de séances de « pitch-pong », de tables rondes ou encore de ciné-concerts. Nichée dans le charmant village drômois de Mirabel et Blacons, la manifestation est portée par l’association Kamea Meah qui était à l’origine du documentaire voyageur En quête de sens. C’est le bon moment pour les réalisateurs comme pour les bonnes âmes volontaires d’aller visiter le site de ces rencontres, qui ont lancé leur appel à film, leur traditionnel appel à bénévoles, et surtout un appel aux dons pour un festival qui ne vit que d’entrées à « prix libre et nécessaire ». Nul doute que nous y serons, comme l’an dernier.
Dernière manifestation, encore plus embryonnaire, qui aura lieu là aussi dans la Drôme les 3 et 4 juin, Lussas aux Pinces d’or se présente comme une rencontre entre le lieu culturel Le Complexe du Crabe, qui accueille la première édition de l’événement, et l’école documentaire de Lussas, sise dans l’Ardèche mitoyenne, là où les Etats Généraux ont lieu chaque fin de mois d’août. Imaginé par la promotion actuelle du Master de réalisation documentaire, l’événement proposera sur deux jours des projections de films issus des 16 précédentes promotions de l’école documentaire de Lussas, des séances pour les jeunes publics, mais aussi un concert et un spectacle de théâtre documentaire. Voulue comme un moment de partage entre les ancien.ne.s étudiant.e.s passé.e.s par Lussas (dont Anna Roussillon, Laetitia Carton ou Lamine Ammar-Khodja pour ne citer qu’eux) et la population locale, la manifestation se clôturera par la projection en plein air de Vivant !, le film de Vincent Boujon qui décrit la préparation au saut en parachute (et a priori en solo !) de cinq hommes touchés par la séropositivité. Pour cet événement organisé sans subvention et destiné à être reconduit chaque année par les différentes promotions de Lussas, le prix libre est encore de mise pour la programmation et la restauration.
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Informations pratiques
Dépaysement/Spaesamenti, 2ème édition : du 18 au 20 mai à Forcalquier (04) et du 29 juin au 2 juillet à Turin.
Les Rencontres Ad Hoc, 3ème édition : début septembre à Mirabel-et-Blacons (26).
Les Rencontres documentaires Lussas aux Pinces d’Or, 1ère édition : 3 et 4 juin à Bonlieu sur Roubion (26).
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